Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

jeudi 31 mai 2012

HAÏKU DE FOUTRE

L'amour a ceci de bien que l'amitié le console.
L'inverse n'est pas vrai !

DANS LES BRAS DE BOUKHARA

Face aux vents souffleurs aux vents siffleurs
 Qu’on la prenne ou même qu’on la vende
Toquade caprice ou bien passade
Boukhara-la-Belle est femme est fleur
Terre de provende ocre et lavande
Où les bleus s’invitent aux façades
Ce nénuphar posé sur les flots
Calmes du désert est un îlot
De paix, salvateur, une Cythère
Que jamais ne corrompit le temps.
Petit paradis d’Allah sur terre,
Pour tant de califes, de sultans,
Dévoilant ses rondeurs généreuses,
En dômes aux nuances heureuses,
Elle offrit des délices discrètes
Et, en maîtresse expérimentée,
Ouvrit ses portes les plus secrètes,
Tout en langueurs, en ombres bleutées.
Terre de provende ocre et lavande
Où les bleus s’invitent aux façades
Face aux vents souffleurs aux vents siffleurs
 Qu’on la prenne ou même qu’on la vende
Toquade caprice ou bien passade
Boukhara-la-Belle est femme est fleur
Sur une route où tant on brigande,
Cette sœur aînée de Samarcande,
Fille d’oasis, sans khôl ni fard,
N’en déplaise aux vizirs, aux eunuques,
N’a jamais eu le teint blanc-blafard
Des villes où l’on tranchait des nuques
Pour le plaisir d’imams, de mollahs.
Ici, voyageurs, marchands et fellahs
Ont trouvé un bien soyeux refuge,
Jouissant de ce joyau joyeux :
Charmes et beauté, Dieu, qu’on en juge,
Réjouissent l’âme, le cœur, les yeux,…
Terre de provende ocre et lavande
Où les bleus s’invitent aux façades
Qu’on la prenne ou même qu’on la vende
Boukhara-la-Belle est femme est fleur
Face aux vents souffleurs aux vents siffleurs
 Toquade caprice ou bien passade

LES LORIQUETS & LEUR VOISIN


Petite fable affable

Plus bruyants que brillants, des loriquets en bande,
Très haut dans les branches, pépient à plein caquet.
Les voisins, les passants fuient cette sarabande
De bons mots, de lazzis, d’ironie,… par paquets :
Nul ne peut échapper aux moqueries critiques,
Au point que l’on finit, souvent, par s’écharper
Parmi ces oiseaux-là, de cris en ris harpés ;
Rire de tous, ici, est une politique !
Passe un ornithorynque au pas un peu pressé.
Aussitôt, il lui pleut des brocards, des sarcasmes,… 
Le voilà la risée de qui aime agresser,
Juger qui doit déchoir, tout secoué de spasmes.
«  Juchés sur vos perchoirs, vous voilà courageux ;
Cachés sans peur de choir, le nombre vous protège
De toute réaction qui, un beau soir, abrège
Vos jours si, d’aventure, il vient un ombrageux !

Mammifère pondeur, sourd et, bien pire, aveugle
Quand je plonge en mare, moi, le si bon nageur,
On raille mon gros bec de canard et on meugle
Pour imiter mon cri ; On voit, Vains Tapageurs,
Qu’avec pattes palmées, griffues, j’hésite en sentes
Et suis ridicule avec ma queue de courtaud.
J’entends les quolibets, quoique bête et pataud,
Et votre dérision, jamais bien innocente…
J’en ris quand je vous vois, vous et vos vies, Compères :
On est moins malheureux, Pipelets, qu’on ne croit.
Non. Ni aussi heureux qu’on ne  veut et espère.
Je suis laid et alors ?!… Chacun porte sa croix.
Les miens m’aiment. Ça me suffit. Mais qui chansonne
Jusqu’au saint nom des siens qu’a-t-il donc en surplus ?
L’être à qui personne ne plaît est, ma foi, plus
À plaindre que celui qui ne plaît à personne ! »

PROVERBES IRRÉGULIERS

Qui va prestement va au sacrement

*

L’Empire est l’oppobre de Rome.

**

Tout vient non moins à qui sait s’étendre.

***

Qui veut s’voir âgé fourrage sans soudure.

LES « MALGRÉ TOUT »

Malgré le ciel bas et las
Qui s’enroche de nuages
Venus, non sans quelque éclat,
Régner sur nous sans partage ;
Malgré le vent froid dont croît
L’envolée intarissable
Qui nous glace et, de surcroît,
Nous aveugle avec le sable ;
Malgré l’amer de la mer
Qui de la grève divorce
Et la violence de Khmer
De ses vagues si retorses ;
Malgré tous ces éléments,
Malgré ces désagréments
Et leurs tristes conséquences
Qui ont pourri nos vacances,
Chaque jour de nos congés,
Payés plus cher qu’un viager,
On est allé aux coquillages :
CHEZ NOUS, PAS DE GASPILLAGE !

mardi 29 mai 2012

HAÏKU DE LAIT TRIÉ

Je suis toujours cavalier avec les vieilles rosses !


EN ROUTE… POUR CHICAGO

Sous un ciel d’orage, grosse caisse
Et cymbales, dans Chinatown,
On complote, trafique, encaisse,…
Ici, il n’y a pas d’avorton,
On est entre gens à veston,
Imperméables,
Et chapeau mou de feuilleton.
Invulnérables.

On négocie, compte et rabaisse ;
Filles, jeux, dope, alcool,… Fiston !
Murs de briques et sueur épaisse,
Pour faire un poker à tâtons ;
Tu laisses ou tu t’prends un jeton !
Mecs Minables
Et types à tuer, Tonton ;
C’est immuable !

Nuits blanches pour les plantons,
Ville invivable
Où flics ripous, en peloton,
Sont fréquentables !

OUVERTURE DE BOÎTE

Fumée. Laser. Chaleur. Murs mouvants et couleurs
Qui nappent la chape, dérapent ou nous drapent.
Tous en grappe, satrape ou gouape qui sape,
Sur un boucan hurleur, dans des bruits marteleurs
Qui décapent les ouïes. Oui, ce soir, on s’échappe :
Fumée, laser, chaleur, murs mouvants et couleurs,…

Un rythme qui tape et un rayon chausse-trappe,
On oublie la pâleur, les malheurs, les douleurs.
Le corps en pleurs, le cœur à fleur, l’esprit hâbleur
Quand le feeling nous frappe, le son vous décape
Les racoleurs ou les jongleurs, les cavaleurs.
Un rythme qui tape et un rayon chausse-trappe.

Sur ces sons saouleurs et siffleurs, l’heure est à l’heur,
À l’espoir d’agapes pour bambins et Priapes,
Entre les hauts parleurs et autres beaux-parleurs,
Buveurs de hanaps ou papes de la retape
Sur ces sons saouleurs et siffleurs, l’heure est à l’heur.

Le D.J., en cape, jappe. Les lampes happent
À mâle heure, voleurs, avaleurs de valeurs,
 Râleurs qui, là, rapent, ronfleurs las qui s’escapent,
Rouleurs, ivres des sens, enjôleurs et gifleurs,…
Le D.J., en cape, jappe… Les lampes happent…

MAMA ZOULOU

Mama Zoulou
Loin de l’enfance
Dessus des clous
Tu entres en transe
Face aux marlous
Et chantes et danses
Toute en outrances
Dessous ton loup
Avec constance
Ploient plient pilou
Dentelle et ganse
Quelle éloquence

Mama Zoulou
Dans l’assistance
Chacun te loue
Pour ton aisance
Seuls les jaloux
Rient sans nuance
Quand tu t’élances
Joues les filous
Mets des distances
Et puis les floues
Tu te balances
Tout' d’élégance

Mama Zoulou
Tout en cadence
Et clichés flous
Tu es par chance
Pour des loulous
Venus cœurs rances
Pendre leur panse
« Lili » ou « Lou »
L’Afrique immense
Toute en caillou
En permanences
Et en souffrance

DÉPRESSION, SOLEIL PONANT

Là, mon cœur est à marée basse,
La brume lui fait une nasse
Noyant à jamais l’horizon
Dans les doutes et la déraison.
Voile abandonnée, solitaire,
Ou naufragé involontaire
Sur les sables du désespoir,
J'attends, jà, les ombres du soir.

Las, mon esprit a chaviré
Sur la plage qu’ont déchirés
Les vents qui ramènent des reproches
Des remords qui, en moi, s’enrochent.
Barques échouées de mon passé,
Mes souvenirs sont crevassés
De regrets, de pluies diluviennes,…
J’espère que le noir me vienne.

Lames se couchant sur la plage,
Mon âme pleure sur les âges
Où je n’ai su faire de choix,
Où je ne faisais pas le poids.
Ma vie fut écume mourante
Pas flot, flux ni vagues mouvante ;
J'attends, là, les ombres du soir,
J’espère que vienne le noir.


Dessin : Elisa Satgé, avril 2023



dimanche 27 mai 2012

HAÏKU DE LANGUE

On prétend que je fais médisant. Peut-être…
Mais de loin alors car il y a longtemps que je ne les ai plus !

LUMIÈRES D'ORIENT

Silhouette brisée née du Passé,
Le château, devenu sable et fantôme,
Domine le printemps, sans le chasser,
Et cette ville où il n’est plus un Homme
Mais des traces de ce que fut, ce gnome.
Oui, la cité n’est qu’un fouillis de fleurs
Poussant entre le bitume et les marbres,
Un urbanisme de maisons en pleurs,
Aux architectures compliquées d’arbres
Qu’embrase le vent, que noie la chaleur.

Là, silence lourd et lumière vive
Enveloppent un vieux palmier sanguin
Qui rappelle que des foules actives,
Sans âge, de passage, faisaient gain
De champs offrant abondance et regains,
De caravanes chargées d’or, d'épices,…
Entre les immeubles lassés et vidés,
Branches et fatras de feuilles se glissent,
Et dans les maisons laissées, évidées,
Du blanc, du rose, du rouge,… s'immiscent.

La gaieté de tons, la clarté des sons,
Nous donnent, de ce monde mort, l’image
D’un calme heureux en touches de buissons,
En frondaisons posées en aplats sages,
Couleurs chaudes et paisibles frissons.
Finis le fer et le feu. La nature
Dicte les règles d’un jeu d’inactions,
Où la beauté naît du froid, des fractures
De l’enfer d’une civilisation,
Où l’on perd, peu à peu, toute stature.