Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

dimanche 30 juin 2013

samedi 29 juin 2013

HAÏKU NIAIS

Il est plus de vertus détestables que de vices aimables.

BALLADE AUX BALADINS D’UN SOIR

C’est fait. On rejoue notre pièce ;
Pas le temps de faire le loir.
Oublions doutes, peurs et liesse
- Silence en coulisse, aux couloirs ! -
Il faut repartir sans claquoir
Pour se rebâtir le cortège
D’émotions du tout premier soir,
Leur faire lever le c… du siège !

Tout est à refaire : hardiesse
Et constance. Il va en falloir.
On leur a vanté vos prouesses.
Vous ne devez pas décevoir
Et n’avez pas le droit de choir.
Il faut les prendre à notre piège,
Les mener à notre vouloir,
Leur faire lever le c… du siège !

Il faudra pouvoir, sans faiblesse,
Leur faire oublier leurs mouchoirs,
Leurs craintes, le temps, ses rudesses,… :
Les transporter vous est devoir ;
Faites-le, sans être couards.
Soyez flamboyants et pas beiges
Pour, sûr !, de l’orchestre au perchoir,
Leur faire lever le c… du siège !

Actrices et acteurs d’un soir,
Soyez tacticiens et stratèges
Pour faire vibrer ombre et noir,
Leur faire lever le c… du siège !

TEMPS D’ICI, TEMPS D’AILLEURS…

Juste  à  temps !

          Temps entêtant, étêtant. Temps trottant tout le temps. Temps distant et agité tant il court, parti à peine imparti ; faux temps fautant d’être flottant et froufroutant. Vrai temps augmentant pour arriver, à la fin des faims, à ses fins… Or, même en s’arrêtant, cet inconsistant si constant n’a pas de fin. Le temps c’est un assistant insistant, contestant plus que consentant, quand on le trouve lui qui est, par instant plus que par instinct, aussi souvent pris que perdu, même complet et ménagé. Le temps se vit au comptant, chuchotant ou chevrotant, se nourrissant et se vêtant, à l’heure du thé comme à celle d’été, de l’air crépitant du temps d’autant qu’il n’a l’air de rien, tant il est libre ce battant abattant… 
     Temps chantant, nonobstant importun important. Temps constant, haletant. Temps d’antan, combattant, couvert d’aiguilles débitant du temps et nous faisant un temps de chien ou de travail, voire un temps bon et beau dans ses tons. Car le temps sans tain, habitant nos jours, dégouttant ou dégoûtant, est de celui qu’on donne ou que l’on prend, charlatan irritant, a des tons et déteint sur notre humeur. De là un certain temps déconcertant, d’arrêt ou de réflexion, fait pour mieux le marquer et ne pas en manquer. Et, pourtant, quand le vent va levant, laisser le temps aux taons c’est tentant, palpitant quoique attristant puisqu’il va partant en protestant… Vive le temps éclatant et résistant se révoltant contre la course du temps virevoltant, chaud ou froid, glacial parfois !
     Temps consistant et éclatant en tout. Temps ergotant, tournicotant itou. Té, temps perdu - c’est embêtant voire éreintant ! - à gagner du temps, envoûtant ou esquintant, en sautant des moments suintants comme on saute des repas, au restant. Rengaine de la perte ou du gain de temps, ce temps long exaltant qu’on trouve trop court tant il est excitant. Alors, étant égrotant, on le qualifie de bon vieux temps, un temps d’il y a longtemps, quand on a le temps de parole adéquat, jamais exorbitant. C’est sans doute ça le temps du verbe car au début du plein temps - Était-ce au printemps ou à sa mi-temps? - était le verbe nous dit la Bible de l’Ancien Temps. À quoi bon, en sultan insultant,  remonter le temps ? On le fait déjà des pendules qui le marquent en tas de cicatrices grand teint… que l’on baptise, au restant et à contretemps, souvenirs… que l’on ira exploitant tôt ou tard, sous quelque toit, entourés de têtards avec qui on est à tu et à toi ?

ENFANTS À LA FÊTE

Sur un air de tarentelle

Un camion rouge
Un bus qui bouge,
Et une auto au klaxon d’autrefois ;
Une ambulance,
Lumière blanche,
Près d’un éléphant qui reste de bois ;
Un vieux vélo,
Un hélico’
Et un avion qui décollent parfois ;
Puis une loco’,
Un char d’assaut
Dont le canon étincelle et aboie.

Tourne vit’ le manège
Dans le vent, sous la neige ou la pluie
Pompon blanc, tour gratuit
Tourne encore ce manège
Qu’il fass’ beau, qu’il fasse gris ou bien nuit
Tourne toujours le manège
Com’ le temps, com’ l’enfanc’ qui nous fuit
Tout en cris, tout en bruits,
Pompon blanc, tour gratuit,
Jour et nuit.

T’es toupie dans la grande ronde
De ce carrousel éternel,
Vitesse folle et musiqu’ qui gronde,
Tout grisé, enivré d’irréel.
Tu oublies la vie et le monde ;
Plus d’soucis, c’est sensationnel, 
Vitesse folle et musique qui gronde
Tout émoustillé par de faux soleils !

(Plus vite) Un camion rouge
Un bus qui bouge,
Et une auto au klaxon d’autrefois ;
Une ambulance,
Lumière blanche,
Près d’un éléphant qui reste de bois ;
Un vieux vélo,
Un hélico’
Et un avion qui décollent parfois ;
Puis une loco’,
Un char d’assaut
Dont le canon étincelle et aboie.

Tourne vit’ le manège
Dans le vent, sous la neige ou la pluie
Pompon blanc, tour gratuit
Tourne encore ce manège
Qu’il fass’ beau, qu’il fasse gris ou bien nuit
Tourne toujours le manège
Com’ le temps, com’ l’enfanc’ qui nous fuit
Tout en cris, tout en bruits,
Pompon blanc, tour gratuit,
Jour et nuit.

T’es toupie dans la grande ronde
De ce carrousel éternel,
Vitesse folle et musiqu’ qui gronde,
Tout grisé, enivré d’irréel.
Tu oublies la vie et le monde ;
Plus d’soucis, c’est sensationnel, 
Vitesse folle et musique qui gronde
Tout émoustillé par de faux soleils !

(Encore plus vite) Un camion rouge
Un bus qui bouge,
Et une auto au klaxon d’autrefois ;
Une ambulance,
Lumière blanche,
Près d’un éléphant qui reste de bois ;
Un vieux vélo,
Un hélico’
Et un avion qui décollent parfois ;
Puis une loco’,
Un char d’assaut
Dont le canon étincelle et aboie.

Tourne vit’ le manège
Dans le vent, sous la neige ou la pluie
Pompon blanc, tour gratuit
Tourne encore ce manège
Qu’il fass’ beau, qu’il fasse gris ou bien nuit
Tourne toujours le manège
Com’ le temps, com’ l’enfanc’ qui nous fuit
Tout en cris, tout en bruits,
Pompon blanc, tour gratuit,
Jour et nuit.

T’es toupie dans la grande ronde
De ce carrousel éternel,
Vitesse folle et musiqu’ qui gronde,
Tout grisé, enivré d’irréel.
Tu oublies la vie et le monde ;
Plus d’soucis, c’est sensationnel, 
Vitesse folle et musique qui gronde
Tout émoustillé par de faux soleils !

 (Toujours plus vite) Tourne vit’ le manège
Dans le vent, sous la neige ou la pluie
Pompon blanc, tour gratuit
Tourne encore ce manège
Qu’il fass’ beau, qu’il fasse gris ou bien nuit
Tourne toujours le manège
Com’ le temps, com’ l’enfanc’ qui nous fuit
Tout en cris, tout en bruits,
Pompon blanc, tour gratuit,
Jour et nuit.

Tout en cris, tout en bruits,
Pompon blanc, tour gratuit,
Jour et nuit.


Tout en cris, tout en bruits,
Pompon blanc, tour gratuit,
Jour et nuit.

vendredi 28 juin 2013

jeudi 27 juin 2013

HAÏKU KER'

On dit que les chiens ressemblent à leurs maîtres.
C’est vrai : ils en copient les défauts…
plus souvent que les qualités !

EN ROUTE POUR… LA RETRAITE


Je vais mon train, mes habitudes,
Ma vie, ici, est sans émoi
Tout en télé et solitude.
Pour moi, les instants atermoient
Et, leurres, les heures larmoient
Dans ma retraite
Où le jour, au plus loin de moi,
Bat en retraite…

Je sais mon bien : mes certitudes.
L’envi m’est chameau ou chamois,
Tout est Léthé et inquiétudes
Loin de l’été, de ses charmoies,
Je reste sur mon quant-à-moi,
Dans cette retraite
Car j’existe, excusez-moi !,
Pour ma retraite !

Traînent les jours, s’enfuient les mois,
Dans ma retraite,
Mais tout fout le camp, même moi,
À la retraite !

ROAD MOVIE

Mes roues mangent, bouffent du bitume
Mille kilomètres d’amertume.
Je quitte mon pays, mes amis
Pour ville et boulot. Quelle infamie
Car, las, ce n’est qu’à titre posthume
Que j’y retournerai, ô ma mie.

Mes roues mangent, bouffent le bitume
Pour fuir, comme c’est la coutume
Chez nous, des ciels bleus, mais sans emploi,
Et des sols secs où plus d’un soc ploie,
Et nos rocs si rugueux qu’encostume
La poussière ocre qui s’y déploie.


Mille kilomètres d’amertume
De souvenirs plus lourds que des enclumes,
De regrets et de remords laissés
Là où on parle de moi au passé,
Où, dans l’air est plus léger qu’une plume,
Une part de moi a trépassé.

Mille kilomètres d’amertume
Et de terres peignées qui écument
En vagues ondulantes de blé
Semées de fleurs aux senteurs troublées,
Mes roues mangent, bouffent du bitume…
À l’abondance, je vais m’attabler !

L’ÉLECTION EST SANS ODEUR !

Petite affable affable écrite en mars 2004
D’après J. de la Fontaine

Ayant perdu tous ses galons,
Sonnée, étendue de tout son long,
La Droite maudissait l’Échec.
Mais tout lui fut prétexte à excuser ses Cheiks.
Et si tout autre, en pareil cas,
Aurait fait son Mea Culpa,
Ténors et roquets prétextaient
Qu’une raison à cette déroute existait :
L’électeur versatile est cause du malheur !
« Mignons, dirent-ils, il ne faut pas à tout heur,
Succomber au chant des sirènes de l’Extrême !
Ne soyez pas rhinocéros.
La peste rien ne guérira !
Continuez à ronger votre os,
Et votez comme on vous dira ! »
Chômeurs, Pauvres et Déçus ces mots entendirent…

Puis enfin, il fallut élire
Des régions tous les Présidents.
Certains, à Droite, sur les dents,
Pour ne perdre la tire-lire,
Les privilèges, prébendes et secrétaires,
Leur Honneur - si jamais il vécut - firent taire :
« S’entendre avec l’Extrême est bon : c’est refuser
D’honnir l’électeur abusé ! »

mercredi 26 juin 2013

HAÏKU’ RIR TOUJOURS COURIR

En notre siècle productiviste,
hésiter est une faiblesse et se tromper une faute.
Le doute et l’échec ne nous grandiraient-ils pas plus ?

mardi 25 juin 2013

HAÏKU CHONNERIE

Les cocufieurs n’ont pas trouvé l’occasion
de tromper leur femme… ils l’ont cherchée !

EN ROUTE POUR… EN FACE

Traverser la rue sur ses pas,
Sans hésiter, oser un peu,
Là, juste en face, à quelques pas.
Je le voudrais mais ne le peux.
Lui parler sans être pompeux
Et le lui dire
Sans être fade… ou sirupeux,
Ce qui est pire.

Sauter le pas, qu’ça plaise ou pas :
Aller de l’autre côté, peu
À peu, un peu pas à pas,
- Tout plutôt qu’un sauve-qui-peut ! -
Le pied lourd, le gosier râpeux,
Pour le lui dire
Que je l’aime et, vrai, pas qu’un peu
C’est ça le pire…

On est d’la même Terre, y’a pas,
Ça va sans dire,
Mais, las, du même monde pas ;
C’n’est pas ça l’pire ?!

POUR LA REPRISE D’UN SPECTACLE

Qui fut un franc succès…


Même si on a eu le talent et la chance
De réussir fort bien, au mieux, sa création
Aucun spectacle n’est, jamais, gagné d’avance.
Au contraire, même, malgré votre passion.

Chaque scène et chaque acte est une vraie bataille
Non contre le public, qu’il vous faut conquérir
Non vaincre, mais contre vous-même pour quérir
Le cœur et l’âme du rôle, vaille que vaille.

On vous a dit très bons. Soyez tout en méfiance :
Il faut être meilleurs. Il veut des attentions,
Ce public qui vous sait, désormais, oui, de taille.

Il faut le surprendre, créer la connivence :
Chaque soir est une première fois. Action :
Séduisez, envoûtez, Gardez-vous de vos failles !


Illustration : Élisa Satgé, printemps 2108

LE COQ QUI SE VOULAIT LOUP

Petite fable affable


Un coq de basse-cour, lassé d’être un roi
Trop peu respecté, voulait courir les bois,
Que chacun le craigne et que tous le redoutent.
Bref, il voulait à toute crête - on s’en doute -
Être un Dieu des bêtes, loup parmi les loups.
Avec ses belles il fuit - à pas de loup,
C’est déjà ça ! - de la ferme de ses pères.
Ce n’est qu’au loin qu’arrive ce qu’on espère !

Par les bois, se cachent ces gallinacés,
Bande aux abois ayant de gallines assez.
Les loups de ce lieu, que leur odeur allèche
Et que leur vacarme intrigue se pourlèchent
Déjà les babines : l’aubaine est bonne, alors
On ne va pas cracher sur ces  beaux trésors
Que le Ciel, dur aux loups, envoie comme manne.
Circonspect pourtant, le loup n’est pas un âne,
Craignant un traquenard le grand chef lupin,
Veut interroger ce coq, rond et poupin.

Si la mâle bête effraie la volaille,
Chanteclerc va à lui comme à la bataille :
« Frère, je veux être des tiens, dit le faraud :
Je ne veux plus être victime mais bourreau !
Avec mes femmes, ta meute on veut rejoindre
Et à tes actes héroïques nous joindre.
Il est temps que coqs et loups, main dans la main,
Châtient l’injuste et le cruel, bref l’Humain.

- Soit ! répond notre grand loup sur le qui vive.
Au terrier, nous causerons de l’offensive. »
Et les poules, peu rassurées, en deux rangs,
Derrière un coq se sentant, dès lors, plus grand,
Escortées par une meute circonspecte,
S’enfoncent dans les bois aux ombres suspectes.
On marcha longtemps. La volaille épuisée,
Le jour venant, par trop, à s’amenuiser
Demande une halte. À couvert, notre troupe
S’installe, une faim de loup pour toute soupe.

Matin, le coq chanta, surpris à demi :
« Où sont donc mes tendres et bonnes amies ?
- “Tendres”, soit. “Bonnes”… Ces cocottes-minute
Me sont restées sur l’estomac !… On discute ? »
L’encrêté, sans être promu coq au vin,
Fut happé par le roi des tueurs sylvains.
Qui s’abaisse à s’élever, trop souvent, tombe
En ayant creusé, par là même, sa tombe.

lundi 24 juin 2013

dimanche 23 juin 2013

HAÏKU'L BLANC

Abstinence et tempérance
sont les deux mamelles de l’ennui !

INTIMITÉ VOLÉE

Sous le soleil qui soûle et le ciel qui s’écroule
La tendresse s’adresse à la délicatesse
Alors que la houle afflue puis reflue et roule 
Intimité volée à la promiscuité
Des bustes de déesses ou bien de brutes épaisses 
Dans l’uniformité et dans la vacuité

LA FONTAINE À FANTINE

          J’ai, dans un coin de cette mémoire éléphantine aux survivances églantines mais incertaines, en évocations fretines mais aussi aimantines qu’adamantines, conservé par devers moi une laborantine et plaisantine création qui réjouit la rétine et égare par des sentines serpentines l’esprit des Titines lointaines. Mon esprit qui, de sa voix argentine, tant me baratine et à la folie me destine, conserve tout de mon passé depuis la scarlatine jusqu’à l’arrière-goût des clémentines ou des ballottines, en passant par des réminiscences de chocolatines ou de galantine et des souvenances de cantine fleurant les sonatines de l’enfance et ses tantines ; je sais, cette barbotine reste cantonnée au niveau de l’estomac et à ses tontines, mais ce sont mes tétines et turlutaines. J’ai aussi, enfoui dans cette gâtine où s’enfoncent les bottines du passé, le souvenir germinant d’objets insolites, inutiles comme « la fontaine à Fantine » (avec antenne), création crétine et quasi-enfantine, à rendre sous huitaine, sans queue ni tête, et donc byzantine et inutile à souhait. Donc mise en quarantaine depuis, Mon capitaine !
     Pourquoi ce nom évoquant certaine littérature palatine pas si crétine pour  couventine - chez les Feuillantines, les Bénédictines ou les Observantines ?  - ? Pourquoi cette chose chryséléphantine aux prétentions florentines ? Pourquoi se rappeler ce bibelot comme de ma première Valentine, d’une brigantine ou de l’âge de la brillantine ? Je ne sais. Mais elle est là, sobre relique gréco-latine d’une sombre vision estudiantine, source sans charme et sans attrait d’une élévation levantine lors de quelque mâtine embrumée, rappel d’une idée oubliée un soir où la térébenthine remplaçait la nougatine et que le temps patine, stigmate d’une imagination germanopratine un instant en gélatine… ou d’un travail de latrines. Le temps croquemitaine, tout de comptines en ratine et de ratures clandestines, qui n’aime guère les sit-in, avec ses meules de platine aux effets de chevrotine, se dévoue à la patine de cette chose, la ouatine quand il trottine et me la ressert, ici ou là, comme pour me rappeler que le manque d’inspiration est une tine pareille au tonneau des hautaines Danaïdes si peu libertines. Et je lui en ai éternelle reconnaissance de cette guillotine intestine contre laquelle jamais je ne me mutine : elle fait, sans prendre ni gant ni mitaine, de l’humilité ma routine !

LE PRÊTRE EN PROMENADE

Petite fable affable
D’après J. Anouilh, Le curé & les deux servantes, Fables


Le curé de la paroisse,
Que les tentations angoissent
Marchait à pas de bigote,
Marmottant paroles dévotes
Sur la vêture des vierges
Qui ne brûlaient aucun cierge
Dans l’ombre de son église
Où, trop souvent, vocalisent
Vieilles faces de grenouilles
Et nez fanés de gargouilles
Écoutant, d’une âme sèche,
Les sermons et les prêches.
Ce saint croisa deux pucelles
Que, badin, Phoebus ocelle
Et surtout dont le corsage
Ne celait rien des corps sages
Que Dieu, si bon par nature
À croire les Écritures,
Leur a donné sans ambages.
Donc, le missel sous l’aisselle,
Il parle à ces jouvencelles
Minaudantes, caquetantes ;
Tout d’âpreté leur reproche
D’être apprêtées pour les boches.

C’est surtout à la plus belle,
Qu’il s’adresse et décibelle,
Sonnant cloches et matines
 Comme à une couventine :
Tenue pas très catholique,
Assiduité symbolique
Au dominical office,…
« Le culte n’est sacrifice
Que pour l’impie rapace ! »
En un instant tout y passe
Qu’avait-elle fait de ses baptême
 Et catéchisme ?!… « Anathème ! »

Contrite, celle qu’on tance
Ne fait pas de résistance :
Elle lui promit d’être à vêpres
À moins d’attraper la lèpre.
Content, tout miel et tout sucre,
Il dit, l’œil luisant de lucre :
 « Je veux te voir à confesse
Que je sache les bassesses
Que Dieu voudra qu’on pardonne ! »
Plus matrone que madone,
L’autre fille, repentante
Aussi, parla sans attente :

« Malgré mon étroit corsage,
J’ai le cœur et le corps sage,… »
Il la coupa : « Inutile
D’en dire plus, Futile !
Le Malin tente et agace
La Belle et, pis, la pourchasse
Jusqu’à l’ultime victoire.
Rester chaste est méritoire 
Pour elle, non pour la laide.
À l’une, Dieu vient en aide ;
À l’autre suffit le rite :
Jamais n’sera sybarite ! »

samedi 22 juin 2013

HAÏKU KAKO LAS

Autrefois, on usait des journaux de la seule façon
dont il convient de traiter la presse actuelle.

vendredi 21 juin 2013

HAÏKU KTAIL

Baiser volé est engagement pris.

EN ROUTE POUR… UN COIN DE DÉSERT

L’horizon est d’un jaune sable.
Depuis qu’ici on n’a plus d’eau,
L'éternel même est périssable.
Dans nos villes où tout est cadeau,
On cuit comme des tournedos,
L’air est curare,
Le vent érode les badauds,
Espèce rare.

La terre est sèche comme sable ;

Le Sol, le ciel sont des fardeaux
Impitoyables, insaisissables.
Depuis qu’ici on n’a plus d’eau,
Le bateau terre est un radeau
Où meur’ nos tares
Car pour la vie, bientôt, rideau !,
Dans ce Tartare.

Ôte de tes yeux ton bandeau,

Avare hilare !
Ocre sera l’Eldorado,
Savant ignare !

LE VIEUX SAVANT & SA CHATTE

Petite fable affable

Un savant s’était entiché d’une chatte,
Au poil angora, qui fuyait rat et rates,
Preuve d’une éducation irréprochable.
Froid et logique, loin des futilités,
Il la conviait sur son lit et sous sa table.
L’esprit, la main, le ton - tout d’aridité -
De ce vieil homme, pour sa douce et docile
Bête se faisaient amènes ; mieux : humains !
Cela étonnait fort, dans son domicile,
Où la bonne briquait en un tournemain.
Pour ne rien céler, point d’enfants ni de femme,
Hôtes de ses pires cauchemars, Mesdames !

La vieille servante s’appelait Ninon.
Ce n’était bien sûr pas son vrai prénom ;
« Ces êtres sans conscience et, pis, sans science,
Ont-ils besoin d’en avoir un ?! » disait-il.
Elle avait pour ce vieux bougon la patience
D’un ange : il n’en vit rien car fort peu subtil,
-  « Les sens ne sont ni raisonnables ni sages ! » -
Donc sensations et sentiments au placard !
On ne change pas dans l’hiver de son âge,
Il ne vivait que par et pour son art,
Et sans goût pour le bagout comme de juste :
Qui devise divise, espère… ou s’incruste !

Le savant disait que l’aimaient les bêtes
Plus que les bipèdes lui faisant courbettes.
Sans mot, Ninon appâta la chatte au thon.
C’était, ma foi, une bien meilleure chère
Que caresses et restes du vieux croûton
Qui, quoiqu’étant titulaire d’une chaire,
Pour faire bonne mesure, était radin.
Elle voulait détromper qui, sur les choses
Et les gens, ne se trompait jamais - bredin ! -,
Plus chatouilleux sur le mot que sur la chose.
Certes, il y avait là plus jeu que malice ;
Pour ce faire, elle avait le temps pour complice.

Ainsi la chatte, peu à peu, s’attachait
 À la vieille servante et se détachait
De la main du maître qui devint triste.
Soucis et troubles le rendaient tracassin,
À deux doigts de causer volapük, l’artiste ! 
Ces fauteuses de chienlit, ces agassins,
Vil quarteron de femelles en retraite,
- Vieux nostalgique, il prisait les mots gaulliens ! -
Parce que sa raison se trouvait distraite, 
Furent chassées, sans remords, malgré leurs liens.
Sans un dernier regard. Ce fut sa vengeance :
Pas de dernier égard à l’ingrate engeance !

Sachant que l’on finit bien seul au linceul,
À l’âge, ou pas, où l’on dort grâce au tilleul,
Qu’elle porte des braies, se vête de jupes,
Elle se trouve malheureuse la dupe,
Qui confond soumission, intérêt du jour,
Avec l’amitié ou, pire, avec l’amour !

MAMIE MADIE, AMIE M’A DIT…


« Au temps où les fleurs nous parfument,
Aux heures où l’on croit qu’on s’assume
J’étais, je crois, je crains, aussi belle que toi,
Libre d’aller par les douces brumes
D’une vie qui enivre, enfume,
Auprès d’un valet de cœur à l’humour courtois.
Et j’étais si fière, alors, d’être
Gracile, gracieuse et facile
Par peur, ma fille, de paraître
Frigide, fragile, imbécile,…
Mes amours avaient le pas léger : le cœur lourd,
Je les voyais fuir, dans un souffle
Furtif sans que le temps n’essouffle
Son haleine sur leurs traces, feutres et velours.
Je n’attirais que les maroufles
Que l’orgueil d’effeuiller boursoufle…
J’ai su tant de soirs las
Suivis d’aubes qui vous décillent.
Mais viens t’asseoir, oui, là,
Que je t’en dise plus, ma fille.

L’eau de mon diamant, mon bel ange,
J’ai offert, sans rien en échange !
Au temps où nous dure notre belle saison,
La chair choyée, au trouble étrange,
S’émeut peu de ce qui dérange
Le curé ou celles qu’il trousse en sa maison.
En bas sombres, avec mes bras d’ambre,
L’âme fébrile et frissonnante,
Dans ces ombres où les corps se cambrent,
J’ai aimé, folle ou prévenante,
Des passants inconstants. L’un d’eux me fit maman
Mais, bien marié, il se fit veule.
 J’étais jeune ; je devins seule,
Fille perdue, catin condamnée aux tourments.
Tout le monde devint bégueule ;
J’accouchai au creux d’une meule.
Et j’ai su ce soir-là
Quel destin guettait cette fille,
Ta mère, gisant là,
Sous quelques étoiles gentilles…

J’essuyais tous les mots qu’on crache
Pour blesser, pour tuer, en lâche,
Chez les censeurs ou les furieux ; et, des frustrées,
Les sourires entendus qui fâchent.
J’incarnai tous les maux qu’on cache :
Dans la boue je restais pour m’y être vautrée  !
Pis, on n’épargna à ta mère
Rien de l’opprobre ni des insultes :
La haine sourde des commères,
L’œil qui biaise des mâles adultes,…
Mais les intempéries d’une vie sans envie
Cessent un jour, sous nos ramures :
Malgré les dires et ma “souillure”,
Jean, qui fut ami jamais amant, fut ravi
De soigner nos égratignures.
Puis les murs murent les murmures…
Finis les soirs d’éclats,
De pleurs quand le cœur se fendille,…
Reste encore un peu là
Que je te dise encor’, ma fille.

Nous vivions heureux, dans la dèche
Car les fées sont têtues, revêches,
Avec celles que l’on ne doit pas épouser,
Leur gardant toujours une flèche…
Ta mère devint belle et fraîche,
Une rose enrouée de rosée, jalousée.
Elle se gardait bien des drôles
Qu’aux jonquilles un rien émoustille,
Dont les doigts, dont la voix vous frôlent
Et le regard vous déshabille.
Sans coquetterie ni fard, et mieux sans rouerie,
À l’âge où l’on porte un cartable,
Elle était déjà remarquable…
On la marqua, flétrie, elle, à peine fleurie.
Engeance née d’Éve et du diable,
Certains en firent une coupable !
Elle sut, ce soir-là,
Ce qu’on fait d’une enfant de fille.
Tu n’eus pas de papa.
Nous fûmes toute ta famille.

De l’enfance, tu te délivres
Avec une folle envie de vivre,
En pluies de lumières, en rythmes saccadés.
Ta fleur épanouie t’enivre
Et à tes “amis” tu la livres ;
Baisers de papillon et rires encascadés.
Tu es, peut-être, fière d’être
Gracile, gracieuse et facile
Par peur, ma fille, de paraître
Frigide, fragile, imbécile,…
Mais fais attention à ne pas trop provoquer !
Moi, mon buisson ardent se fane ;
Le tien, dans sa robe alezane,
Veut vivre sa vie sans la donner, la risquer…
Garde-toi des amours profanes
Des conquérants de courtisanes !
Tu auras des soirs las
Suivis d’aubes qui vous décillent.
Mais, va, restons-en là ;
Je ne t’en dis pas plus, ma fille… »