Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

lundi 31 octobre 2016

HAÏ(petit)KU

Ce n’est pas parce que ton été est fini que l’automne ne sera pas beau !

L’OGRE & LE ROUTIER

Petite fable affable

Un gros ogre assis dans sa grotte grognait
Et grinçait de tant souffrir de la mâchoire.
Or un croquant passa alors qu’il geignait
De vivre un enfer inconnu des grimoires.
Et ce pauvre bougre grondant, notre errant
Lui proposa de le soulager très vite
Du grand mal rongeant ses chicots. Sidérant !
Mieux, que ça soit carie ou gingivite,
Lui, il connaissait un remède parfait
Qui ne lui coûterait, vrai !, pas un centime.
Mais il devait rester secret car la fée
De qui il le tenait, chose légitime,
L’a exigé ainsi !… C’était là son faix.

Notre goinfre éploré le crut sur parole
Et il accepta tout sans discussion
Car l’Insupportable, hélas : ce n’est pas drôle !…
Donc, le manant, sans précipitation
L’aveugla d’abord, lui bandant les yeux,
Et quand il fut sûr que le cavernicole
N’y voyait mie, lui brisa, geste odieux,
Le râtelier, sans autre protocole…
Rougi, l’ogre rugit, brisant les tympans
De la nuit mais le chemineau rapide
Avait fui en criant, vil chenapan,
À l’édenté : « Souviens-toi là, stupide
Gros tas, de mes fils que tu gobas en combe :

Nos vieux péchés faisant de longues ombres,
Le passé s’invite hélas toujours un jour
À notre tablée avant que l’on ne sombre
Dans la nuit de notre tout dernier jour. »

dimanche 30 octobre 2016

HAÏKU RABLÉ

La valeur d’un homme ne se révèle que dans le noir le plus absolu : là, on distingue vite ceux qui ne sont capables que de maudire l’obscurité de ceux qui, d’instinct, grattent une allumette !

samedi 29 octobre 2016

HAÏKU DEDANS

Avant de chercher un chemin, apprends à marcher !

PENSÉES EN DIALOGUE

Impétueux in petto en hommage à G. Bedos & S. Daumier

Lui - El’ m’aime un peu, beaucoup,… ell’ veut qu’on se lie
Au lit ?… Passionnément, à la folie,…
J’effeuillerai plus que la marguerite,
J’vais m’éclater avec c’t’bomb’, c’t’Brigitte !
Car cette fille m’aime, je le vois
Là, aux inflexions de sa douce voix
Même si elle n’en montrera rien
Devant mes copains et devant les siens :
Son corps frémit de n’être point enlacé,
Ses lèvres tremblent, veulent être embrassées,…

Elle - Ce type-là, les gars, c’est un vrai boulet,
J’ai beau être un canon, bien roulée,
Il va s’tirer pas m’tirer, le Grand Maître,
S’il s’croit mordu, tu vas voir quand il va l’être !
Pas d’bol, je n’attire que les cornichons,
Les jeunes lourdauds et les vieux cochons?
 Il pue, est peigné comme un dessous de bras,
Fringué de frais, tentures Conforama !

Lui - Les femmes, les gars, ne me résistent pas,
Et veul' toujours me présenter à leur papa…

Elle - Ce bellâtre de bazar croie me draguer…
Avec moi, les mecs font tous ça, sauf les gays !

Lui - Pari : dans une heure, j’suis son Roméo…
Et je te dis pas, après, le rodéo !

Elle - J’préfèr’ plutôt crever que de lui céder…
Mais oh, il est à gifler cet obsédé !

Lui - Je vais la jouer “latin lover”, “pour la vie”,…
Les crooners ça leur stimule l’envie !

Elle - Oui c’est ça, j’te crois… Cours toujours mon lapin :
Œil de velours et sourire de tapin !

Lui - Je vais lui faire Julio quand il chante…

Elle - Il m’prend pour un’ vieille !… J’vais êt’ méchante !

Lui - Ouais, elle a de l’humour, vas-y Don Juan !

Elle - Fou !… Là, il devient franchement puant !

Lui - Je le sens bien, là,  elle est à point…

Elle - Avanc’ le museau tu vas voir mon coup d’poing…

Lui - Faut être un peu psychologue avec ces grues…

Elle - Tu vas voir qu’il va m’peloter, c’est couru !

Lui - Ce soir, bingo-banco : j’en ai une à moi !

Elle - T’as vu, tordu ?!… Là, tu vas chanter un mois
En mod’ soprano… Bien fait, Frankenstein !

Lui - Putain, la garce, d’un coup, elle m’a éteint !
Et moi qui la croyais un peu réservée,
Elle frappe direct là où s’abreuver !

Elle - Ça lui va bien les yeux écarquillés…
Mais je crois qu’il n’ait' pas les oeufs brouillés !

Lui - Final’ment pour l’tête-à-tête c’est râpé :
Tête-à-queue !… Enfin , mêm’ pas… Loupé d’loupé !

Elle - Insiste encor’ et j’te refais le dentier,
Façon piano à queue, partie clavier.

Lui - Si t’étais un gars j’te péterais la gueule
Mais j’suis galant et même pas je t’engueule…
J’l’savais les moches, c’est cabot : des divas !

Elle - Eh, t’as joué, t’as perdu, Casanova,
Et au plaisir de ne jamais te revoir.

Lui - J’vois pas c’qui allait pas. J'suis beau à voir !

Elle - L’a vraiment un’ tête à se faire avorter,
À préférer les fill’… même à emporter.
Tant pis pour lui car je suis du genre « bon coup ».

Lui - Elle m’aime pas un peu, me déteste beaucoup,…
Passionnément… Pas d’transport en commun
Ce soir !… À la folie,… Et j’rente seul comme un…

jeudi 27 octobre 2016

HAÏKU DE SILEX

Quid des crottes de la squaw ?

LA CICOGNE SUR L’OLYMPE

Petite fable affable

Apprenant que Jupiter voulait la remplacer 
Par quelque drone pour livrer les bébés des hommes
Fraîchement cueillis dans des roses jamais passées
Ou ramassés dans des choux faisant, sinon, des pommes,
Une cigogne vola au plus haut des cieux ;
Elle savait pourtant tout courroux audacieux

Mais, plus prompte à l’ire qu’à lire, elle voulait dire
Au dieu des dieux sa façon de voir la vie
Et le féliciter de la remercier - pire,
Virer ! - alors qu’elle l’avait si bien servi,
Bousculant le protocole et les hommes, si bêtes,
Devenus courtisans jamais à court de courbettes.

Si porter la plume dans la plaie et parler vrai
Serait le propre de ces drôles d’oiseaux, nul trône
N’aime qu’on lui en remontre, et gare à ces pauvrets
Qui contestent ou protestent, car le divin prône
Se muera en un bref « Car tel est son bon vouloir ! »
Rappelant qui détient le suprême pouvoir !

Pourtant ce matin-là, Jupin, bonhomme, argumente,
Parle de « progrès », d’ « avenir », de « modernité »
En vaines circonvolutions assommantes ;
De « compétitivité », de « rentabilité »
Et de « fiabilité » comme d’aucuns récitent
Leur missel. On ne pouvait être plus explicite !

Mais la cigogne récalcitre encore pourtant.
« Bon Dieu, fit-elle, à mettre partout des machines
Qui t’adorera demain, toi, le Maître du Temps ?
Laisse donc les Hommes vivre comme de vrais hommes,
La tête pleine de « rêves » et de « poésie »,
Au lieu d’en faire zombis tout en amnésies :

Tuer l’humanité en eux, qui n’est qu’en ébauche
En leur monde, les rendra durs et sots comme roches ! »

mardi 25 octobre 2016

HAÏKU’PIN COPINE

Est-ce normal que la gaieté, dans nos sociétés sous tension, ne s’écrive plus qu’avec un y ?

GRAVIDE

La vie qui se dévide
En journées impavides
M’emplit de pleins, de vides,
D’un ennui plus qu’avide
Qui, las, mes nuit évide
Sur papier livide,…

dimanche 23 octobre 2016

HAÏKU D’QUE

Certaines femmes ont tellement peu le désir du sexe opposé qu’il faut leur arroser beaucoup la glotte pour espérer leur asperger, un peu, la grotte.

LE SIMIESQUE SYCOPHANTE

Petite fable affable

Un babouin ayant la peau lisse au cul
Comme l’a le plus simple voleur d’écus
- Engeance plutôt rare sous ses tropiques -
Jalousait son prochain, cocu ou vaincu,
Et mouchardait à tous vents par quelque pique
Blessante ou de vexantes allusions.
Lassés de son jeu, les siens lui tombèrent
Un beau matin sur le dos comme naguère
La petite vérole, dérision !,
S’abattait sur le bas clergé de l’Europe.
Dieu avait alors l’humour misanthrope !

Notre singe a l’esprit qui vole si bas,
La chose avérée, ne méritant pas débat,
Qu’il mettrait à mal toute termitière,
Même la plus humble, érigée ici-bas.
Aussi se plaint-il à la terre entière
En commençant par son débonnaire roi
Qui fut, jadis, victime de cette langue
Bien pendue qui traîne au sol et fait fangue.
Il lui répond raide comme une paroi :
« Pourquoi vouloir des autres bonté profuse
Qu’à leur accorder toujours on se refuse ! »

samedi 22 octobre 2016

HAÏKU’RSE VOUS DÎTES ?

Les Présidentielles sont une course de fond - où celui-ci pourtant importe moins que la forme - qui tourne à la course aux fonds.

vendredi 21 octobre 2016

HAÏKU’SSINET

« Comme on connaît ses saints, on les honore »… ou on les ignore !

ABIGAËLLE

Abigaëlle, sour de Gisèle et fille ds'Armelle, est une hirondelle aussi simple que belle ; d'une beauté irréelle comme celle du temps où les pucelles, blanches comme asphodèles, cachaient leur triste sourire et la douceur de leur regard, prude prudence, sous l’aile d’une ombrelle, aujourd’hui chose inhabituelle. C’est une donzelle essentielle, naturelle, de celles que les polichinelles de ruelles abordent en disant, salutation cette fois peu formelle, « Mademoiselle ».
Or Abigaëlle, étincelle de la bagatelle vénielle, un peu romanichelle, est plurielle, en rien un modèle ni une oiselle superficielle. Ce n’est pas une information confidentielle : elle est spirituelle mais ne joue pas du violoncelle ; les questions existentielles ne lui encombrent pas la tourelle. Non, ce n’est pas une intellectuelle c’est « une sexuelle ». Pire, jouvencelle sans jumelle, elle devient caractérielle si un atèle sans cervelle bêlant sur ses formes ou une brêle la croyant artificielle lui cherche, dans la nuit criminelle, querelle. Cette femelle le conduit en une sombre ruelle pour une rencontre sous la pluie torrentielle… Et qu’en Cybele on lui prépare sa stèle !
Mais la cruelle Abigaëlle, oiselle à aux voluptueuses mamelles comme ses sœurs virtuelles, qui joue si bien de la prunelle comme toutes celles à qui l’on doit la faute originelle est une mortelle passionnelle, amatrice des rencontres charnelles où la mortelle ne vous sera ni fraternelle ni maternelle. Pas de maquerelle, elle est libre et frêle rebelle et rêve, comme à sa communion solennelle, de ritournelles à son nom, de dîner aux chandelles et de vilanelles éternelles - aubade ou sérénade - à condition que celui qui lui joue de la vielle pour en faire sa compagne officielle ne la voit pas la sensuelle sauterelle en épouse fidèle. Elle ne se voit pas, elle, en continuelle bonne, à cuisiner des quenelles, à faire la vaisselle ou à vider la poubelle dans la venelle. Une vie d’aisance matérielle, elle le sait, ne peut être que conflictuelle où « Madame » finit par pleurer sur l’escabelle… La gabelle est chère à payer pour cette pulsionnelle !

jeudi 20 octobre 2016

HAÏKU Ô COMPTOIR !

Au-delà d’un « esprit critique » souvent mal interprété quant à ce qu'il doit être, je milite pour le développement d'une « lucidité critique ».

mercredi 19 octobre 2016

HAÏKU’R SI CUIT

Le silence est peuplé de bruits comme l’oubli de fantômes.

CONTRE L’ARA QUI RIT

Petit fable affable

L’Amazonie est la vaste volière
Des péroreurs, amazones et aras.

Les seconds ayant la plume écolière
Suivent des cours de cris, de bruits, et cœtera.
Mais ces oiseaux-là n’ont pas que cours de langue,
Chants chantournés, harengères harangues,…
Non. Ils font ramage de tous les savoirs
Qu’on peut répéter sans comprendre au perchoir.

Pour le savoir-vivre c’est peine perdue
Chez ces piafs au bec et à l’esprit tordus.
Et pourtant, ce jour-là, une des maîtresses
Surprit ses élèves par un prompt calcul :
Elle ânonna la table de sept, traîtresse
À plus d’un titre et pour la mémoire accul.
Un fou rire sans fin agitait la classe
Poussant donc notre pédagogue à sévir.
Un ara bleu, lui dit sans façon ni classe,
Qu’elle s’est trompée, ce qui les a fait chauvir.

« Ah silence, ailes sages et têtes folles !
Combien de fois me suis-je équivoquée ?

- Un’ fois ! fit l’ara rouge qui se trantolle.

- Toutes ses simagrées pour ça, perroquets ?!
Cette faute, aras verts et hyacinthes,
Vous l’avez remarquée mais qui de vous vit
Que les neuf autres fois, dans cette complainte,
Point d’erreur ne fis ?!… Je ne vous envie
Pas si vous ne voyez là leçon faite :
Par cette “faute”, volontaire il est vrai,
Je vous ai montré que jamais on ne fête
Ce qui est bien fait mais que l’on s’enivre
De rires, quolibets, lazzis et critiques,
Par contre, si, une fois, vous confondez
Le bon grain et l’ivraie, c’est là pathétique vérité
Partout ici bas, jeunes dévergondés ! »

mardi 18 octobre 2016

lundi 17 octobre 2016

HAÏKU’ZCO

Les Péruviens anciens construisaient leurs murs en pierre de taille.
Si j’en juge par les ruines du Machu Pichu c’était même en pierres de taille fort conséquente !

POUR VIVRE AVEC MON TEMPS…

Comme je n’ai ni Twitter ni FaceBook
J’ai décidé, néanmoins, de me faire
Quand même quelques amis, moi le plouc,
En usant, pour mener à bien l’affaire,
Des méthodes utilisées par ces trucs
Modernes qui offrent à nos jours leur suc.

Le matin, qu’il pleuve ou soleille, qu’il vente
Ou neige, je raconte au chaland passant,
Par le menu, mes repas, mes captivantes
Soirées-télé et comment je me sens,
Ce que, sur tout et rien, moi je pense ;
Ce que j’ai fait, vais faire ou bien dépense.
Je narre mes craintes, soucis, ennuis,…
Montre à tous et chacun, le jour, la nuit,
Vidéos drôles de la chatte à ma femme, 
Et photos de mon auto, de mon chien,…
J’interromps, et sans le moindre état d’âme,
Toute conversation, pour faire lien,
D’un bref « j’aime » que l’on ne me demande
Pas plus que l’on n’attend ou mets à l’amende,…

Sans un clic ni un bit ça marche au mieux :
J’ai déjà là quatre « amis » qui, Mon Dieu,
Me « suivent » et semblent fort m’apprécier
Tant que leur complaire me devient drogue :
Un psychanalyste, deux policiers
Et, pour « m’étudier », un bon psychologue
Qui voit en moi un vrai « cas d’espèce » :
« Handicapé » ? « Asocial » ? « Brute épaisse » ?

samedi 15 octobre 2016

HAÏKU DE PROJO’

Je sais des amateurs éclairés - de ci ou de ça -
qui n’ont rien de « lumières » !

UN MODERNE ACCOMMODEMENT

Petite fable affable 
d’après L’ordinateur & l’éléphant de Jean Berthelot

Il faut pour ses défauts pallier,
En toute entreprise un allié !
Parce qu’il perdait la mémoire
Dans son coin de laboratoire,
Un ordi’ alla voir, infamie,
Un éléphant de ses amis :
« Aide-moi, je vais perdre ma place :
Puisque l’on dit que ceux de ta race
N’oublient rien, tu me souffleras
Si j’ai des trous. Goutte, on n’y verra ! »

Topant là, les deux firent la paire

Et agissent comme deux compères
Malheureusement pour le P.C.
L’éléphant est causeur à l’excès :
Il cause d’hier et de naguère
À tout propos, raconte ses guerres
Le passage des Alpes, les Romains,…
Et narre la jungle et ses chemins,…
De tout sauf des trucs, chose fâcheuse,
Intéressant les têtes chercheuses. 

Leur tromperie faisant donc long feu,

Nos acolytes se font suiffeux
Mais les ingénieurs les jettent,
Hors de leur beau labo’ et sans pincettes.
Quelle morale tirer de ça ?
Je ne sais, n’étant point forçat. 
Si tu en trouves une, bien lisse,
Porte-la au poste de police ;
Dans un an, elle sera sous ton toit…
Si nul ne la réclame avant toi !

jeudi 13 octobre 2016

HAÏKU DANLEDO

L ‘égoïsme est le trait de caractère commun à l’ensemble de mes contemporains !

LES FORÇATS DE L'ART

D'après un dessin de Camille Lesterle


Depuis que j'y ai posé mon académie
Dans les salles claires de cette académie
Je croque ce qui va et vient, j'esquisse…

Car mes études de dessin, est-ce malice ?,
Ne sont qu'études à dessein : tracés, motifs,…
Oui, j'ébauche tout et rien, d'un trait hâtif !

J'estampe et j'estompe, poche quelques figures,
De pures épures rangées dans mon carton
À peine aquarellées, sépia, tons sur tons,…
Aujourd'hui : lavis faciles. Bon augure.

« Demain, silhouette à la sanguine, Mam'zelles ! »
J'ai la mine usée et m'emmêle les crayons
À force de galber des nus à gros croupions,
D'arabesquer comme courrait une gazelle,…
Dessin : Camille Lesterle, 2016

mercredi 12 octobre 2016

mardi 11 octobre 2016

PENDEZ-LE HAUT HAÏKU’RT

Ce n’est pas parce que l’on « déborde de vie » que l’on n’abordera jamais la mort !

LE RAT DES MOISSONS & LA SOURIS DU CHÂTEAU

Petite fable affable

Un jeune et frêle rat des moissons
S’est fait comme copine
La souris qui vivait, sans façon
De vols et de rapine,
Dans le château, là, au bout du champ.

C’est, en voisine,
Amie, presque cousine,
Qu’il l’invita dans son nid, méchant
Éteuf, et tout en herbes :
« Mais ta bicoque est turne et taudis !
Fit-elle. Beuh, j’en gerbe !…
On ne peut vivre, je te le dis,
Dans pareille piaule
Fragile, ouverte à la pluie, aux vents,…
C’est pas très mariole !
Viens donc faire un tour plus avant, 
Là où moi je crèche,
Allons, fuyons ta dèche ! »

Au manoir, le rat est ébloui :
La fort grande demeure,
Construite au temps du roi Louis,
Offre, et c’est gageure !,
Chaleur, couvert et sécurité.

« Ô bien belle cabane !
- Serais-tu donc un âne ?
Dit son hôte avec alacrité,
En croquant une pomme.
- Et depuis quand ce toit est à toi ?
- Mais c’est du travail d’hommes…
Et, pas bête, J’y loge en matois
Car, sans nulle vergogne,
J’ai fait de ce lieu mon chez moi ! »
Le rat dit, malentrogne :
« Pour combien de temps ? deux ? trois mois ?
Ma maison me dure
Même s’il fait froidure ! »

Puis, trois jours plus tard la souris
Revient et, là, pleure :
Au château, un chat on a pris,
Finies ses belles heures !
Alors, toujours sur son quant-à-soi,
Notre glaneur d’épeautre
Rappelle à l’autre apôtre
Qu’il vaut mieux un petit chez-soi
Qu’un très grand chez les autres !

lundi 10 octobre 2016

HAÏKU’PULATION

Comment peut-on faire croire que « le fruit du péché » puisse se glaner dans un chou ou dans une rose et non au pied de l’arbre en question ?!

dimanche 9 octobre 2016

HAÏKU L’PABILITÉ ?

Les erreurs ne se regrettent pas elles se réparent !

CUICANI ?

Quoique rimeur et auteur de bluettes,
Je suis de la race irascible des poètes,
Ne bouillant jamais au degré qu’il vous faudrait
Ni dans la mesure qui vous conviendrait.
Je refuse d’être docile ou servile,
Les yeux rivés vers les lieux où les îles
Se noient, où mes rêves se sont évanouis
Et joue à l’insoumis pour un non pour un oui.

Le regard perdu dans le lourd manteau d’étoiles
Accroché aux épaules de la nuit, mes voiles
Me portent hors d’une vie aux hauts murs de pluie,
Néant animé où parfois un mot luit.
Pas lent, bras ballants, sans allant, mes jours sont songes
Quand les vôtres ne sont que dupes et mensonges,
Pour atteindre l’autre rive de la journée
Où m’attend, dès minuit, un sommeil chantourné.

Car voilà qu’au vallon verdi du crépuscule
Je couche mes déraisons et, souvent, bascule
La sève âcre de mon encre en sillons serrés
Faits phrases, semant des mots affairés
Pris dans un réseau de vers, au filet des rimes,
Lacs d’idées et de sensations en abîme,
Qui se sont abreuvées aux sources du matin
Avant de se désaltérer d’un soir sans tain…

Pour l’heure, ma ligne de vie se mue en rides
Dessinées puis gravées par des moments arides,
Battues par les vagues de mes colères, à gré,
Creusées de remords et cérusées de regrets.
Hier m’est un refuge, demain un vertige
Emprisonnant mon âme alors que voltige
Ma plume épiant sons, sens et votre babil
Comme une araignée tapie, là, à fleur de fil.

samedi 8 octobre 2016

HAÏKU SUR LA LUNETTE

Ce n’est pas le propre de ces déjections de L’Humanité et autres étrons de ce bas-monde que l’on qualifie de « trous du cul » de vous emmerder,… mais qu’est ce qu’ils font chier ! 

vendredi 7 octobre 2016

HAÏKU AÏE

Je n’aurais jamais cru ce con si liant si conciliant !

LE COQ DEVENU GIROUETTE

Petite fable affable

Un coq caquetait après avoir fort cocoricoté :
« Je règne, hélas, sur une poulaille qui ne mérite
Que mon bel ergot, pas mon ego, car elle m’a ôté
Toute patience. Oui da, cette bande d’hypocrites,
Sale, ingrate, vulgaire, désobéit à loisir
À mon ordre moi qui, d’un seul cri, tous les matin, ordonne
Au soleil de se lever tôt car tel est mon bon plaisir :
J’ai dressé le roi du ciel qui encor’ ses faveurs me donne 
Et pas ces pécores qui n’ont et ne me font que soucis,
Jamais contentes qui, sans sursis, maugréent sur ça, sur ci ?! »

Lui, qui s’usait à régler les différends et les problèmes, 
Par des compromis qu’on jugeait toujours insatisfaisants,
Enviait son bon cousin du clocher voisin, un blême
Emblème, à jamais impavide, le grand monde toisant :
Sans dire mot, il donne une direction à suivre
Sans que personne ne crie à l’infamie et si d’avis,
Il change, nul ne lui conteste l’aura de son cuivre,
Ni ne proteste quoi ou qu’est-ce. Et ainsi va la vie
De ce si haut souverain si altier que même l’Homme 
Regarde avec respect. Notre coq l’envie il faut voir comme !

N’y tenant plus, un soir, il grimpe sur le toit du clocher
Qui lui fait de l’ombre et son grand frère de fer il renverse.
Ah, il fait moins le fier le déchu dont, sans flancher,
Il prend la place !… Notre coq domine enfin, sous l’averse
Ou le soleil, le monde et tous ses aléas avec tant 
De hauteur qu’il ne les voit pas plus que sa si chère glèbe

Et, pour que ses plumes restent au poil, il prend l’air du temps.
C’est ça « gouverner » : être si grand qu’on ne voit plus la plèbe
Et plutôt que “prévoir” ou “choisir”, tourner son cul au vent.
C’est ce que nos bons dirigeants font de plus en plus souvent !

mercredi 5 octobre 2016

HAÏKU DEUIL RAPIDE

« Qui persévère va loin ! » m’a-t-on affirmé un jour.
Je m’inscris en faux contre cette assertion : si pareille mésaventure m’arrivait, je ne verrais même pas où poser mon pied !

À LA UNE !

D'après un travail de Camille Lesterle

De la nature
En couverture.
Pas d'écriture,
De la verdure
D'Extrémadure,
Sans fioriture
Ni créature 
À la pâture ;
DE LA NA-TU-RE !

Pour garniture
De cet' mouture,
La conjoncture
En conjectures
Et les postures
De l'imposture,…
De la nature !
Des signatures
De gros' pointures,
De l'aventure
Dans la froidure
Ou les ordures,
Deux-trois mixtures
Une voiture,
D'l'architecture
D''villégiature,…
On portraiture
Une stature.
De la nature,
Dès l'ouverture,
Et en clôture :
De la culture !

De la nature
En couverture.
Un truc mâture
Sur les bordures
Et des soudures,
Côté texture.
Pour l'armature
DE LA NA-TU-RE !

Maquette : Camille Lesterle, 2016

lundi 3 octobre 2016

HAÏKU D’INFOS

L’information m’est devenue indigeste : ragoût de ragots, tambouille d’embrouilles, rata de catas, popotes entre potes, fricot de cocoricos, bectance de tribunaux d’instances,…

Y'A PIRE QUE LA TAPIR

Petite fable affable

Tapie sur son lourd tapis de feuilles,
Dame Tapir, bout du nez boudiné,
En tapinois tapinait, fort minée
Par le fil de ces années qui cueillent
Le bel âge pour mieux le faner.
T’as pigé ?!… Elle était prête à caner,
Cette femelle que l’on effeuille.
Son commerce devenu poisseux,
On préférait celui des paresseux
Pourtant moins prompts du côté défeuille
Qu’à  soulager le porte-feuilles.

N’ayant plus guère de ses pratiques,
La Tapir arpentait sans fin la rue
Même si face à ces nouveaux-venus,
Elle comptait pour une vraie tique
Et faisant toujours plus tapisserie
- Le soir c’était tapioca, non pas riz ! -
Notre vestale était plus qu’antique
Mais pas en toc, ni même infatuée,
Ayant conservé des habitués
Car connaissant, par maintes tactiques,
Toutes prouesses acrobatiques

Mais les paresseux prirent ombrage
Que leurs passes fussent concurrencées
Par cette pattue pataude, offensés
Que d’aucuns la leur préfèrent - ô rage ! -
Les insultes et brocards volaient bas
Et les insultes pleuvaient en  tabac.
L’objet des saillies, non sans courage,
Sous les traits de ces pendables pendus
Se taisait, ne s’est jamais défendu
Face à ce fort bruyant entourage,
Toujours prêt à lâcher quelque outrage.

« Puisque la vie serait un livre
Qu’il vaut mieux écrire que lire, amis,
Dit-elle un jour aux crieurs d’infamie,
Il faut vite que je vous délivre
Une vérité : vos échecs sont faits
De vos défauts, mauvaisetés, méfaits,…
Et votre ire, hélas, trop vous enivre.
Le mensonge est fuite, chers pleureurs,
Et la colère, erreur de bagarreur.
Comme la mort c’est, cœurs de vouivres,
Un total manque de savoir-vivre ! »

dimanche 2 octobre 2016

HAÏKU TROP LONG ?

La classe politique manque singulièrement… de « classe », quoique les ténors de la Droite rentrent enfin en Primaires - À leur âge ! - alors que leurs propos, trop souvent, sentent Mat’ Sup’ (Maternelle Supérieure) et que la Gauche qui gouverne vient de prouver combien le collège - et demain le lycée - est désormais une institution où l’enseignement est très secondaire…

samedi 1 octobre 2016

HAÏKU POUR RIEN

Mes contemporains, comptant pour rien, érigent le futile au rang du nécessaire et rabaissent l’indispensable à celui de l’accessoire.

FICHUE, LA FABLE EST FINIE ?

 Edito' pour RuedesFables (27 avril 2016)

  Au siècle des CD, la fable serait décédée. Un éditeur me l’a affirmé alors que je lui proposais le fruit artisanal de ma coupable industrie. Pour lui rendre les derniers honneurs, de leçons donneur, il m’a affirmé que ce genre n’était que bluettes désuètes, anachroniques chroniques, prose prosaïque et archaïque,… C’était sa conviction ancrée à défaut d’être encrée. Dans l’ombre lugubre, la fable moribonde que j’aime en vers et contre tous, aurait été rongée par eux, victime du temps qui ne nous passe rien et trépasse tout. L’oubli la guettant, ensevelie dans la tombe de mépris où l’on tient nos aînés, la cadavérique Faucheuse l’aurait cannée après une agonie sans lustre de plusieurs décennies. Elle n’était plus, insista-t-il, que dépouilles et rouille de citations tout justes bonnes à faire de tristes tomes sweet home ou de sinistres recueils à valeur de cercueil. Pourtant, quand « la Poésie n’était au premier âge qu’une Théologie allégorique, pour faire entrer au cerveau des hommes grossiers par fables plaisantes et colorées les secrets qu’ils ne pouvaient comprendre » (P. de Ronsard, Abrégé de l’art poétique français, 1565) on inventa l’apologue lequel, pour un fantôme, avait, en corps, de beaux restes. Mais « l’oraison du plus fort… » comme disait, jadis, ma momie !


  D’après ses sources qui ne sont pas de la plus pure eau, je l’avoue, cette accorte compagne nous aurait quittés en nos vertes campagnes et en ses blanches années dans une solitude longue comme l’éternité, plus personne ne la visitant. Tous les fabulistes sont morts et enterrés (sic)… donc il était normal - et moral -  qu’elle le soit aussi. Or personne ne m’a convié à la mise en bière ni en terre de la défunte. Pourtant, Rue des Fables, à bonne adresse, on croise encore, sans cesse ni presse, cette pseudo-absente sur les routes pavées des meilleures intentions et carrossées des plus infernales rosseries, dans les chemins de traverses de nos travers et les sentes les moins décentes de nos montées au créneau. Bien vive par la mémoire, et fraîche pour le ton et le teint, elle y fait toujours livraison de ses déraisons sans rime ni raison. Sauf le respect que je ne dois pas à cet embaumeur de livres, je ne lui ai vu en rien l’aspect d’un spectre, chère Électre. Là, non plus, on n’a pas dû recevoir de faire-part cerné de noir au nom de la chère disparue. Difficile donc d’en faire son deuil.

  Pas d’avis de décès non plus dans la presse. Je n’ai pas trouvé à la rubrique nécrologique : « Après plusieurs siècles de bons et joyeux sévices, Acta es fabula. » Cette soldate méconnue d’une guerre qui est toujours à refaire, n’a pas eu droit à un bouquet final ni à la couronne au ruban moiré qui conviendrait mieux à sa royale majesté. Pas non plus de funérailles nationales en grande pompe, au milieu de compassés et d’autres restés dans leurs petits souliers. Si j’avais su le drame de cette disparition, au lieu de revenir à mon petit tas de fables à chaque plage de temps libre que submerge le linceul d’écume de jours semblables à eux-mêmes, bordés de pas grand chose et de petits riens, j’aurais versé un tombereau de roses sur son tombeau et prononcé quelques mots de circonstance,… Mais, au fait, cette tombe où est-elle ?… Auriez-vous incinéré feu la fable, damné Croque-Mort, vous qui l’avez condamnée ?!

  Quand cela adviendra si jamais pareille mésaventure nous échoit, ossuaire funeste du dernier soir, je ne mettrai pas de crêpe noir mais en retournerai une à ce docte éditeur promis à un macabre sommeil aussi éternel que son monde de néant : je ne ferai pas partie de son cortège funèbre ; il n’y a que le premier trépas qui coûte. Avec cette humeur que j’ai, grâce à lui, aussi mauvaise que la vue, je saluerai du chef la longévité de celle qui témoigne, en vraie originale plutôt qu’en fosse commune, que partout et toujours, les heures sont troubles et les mœurs à deux roubles. Car…


« Si la vérité vous offense,
La Fable au moins se peut souffrir :
Celle-ci prend bien l'assurance 
De venir à vos pieds s’offrir,
Par zèle et par reconnaissance. »
(Jean de la Fontaine, Le lion amoureux, Fables, IV, 1).


  Les lecteurs de ce site, chaque jour, prouvent que « la chronique d’une mort annoncée » par ce fossoyeur pressé… sera celle de sa maison d’édition qui n’a pas compris que notre temps qui court moins qu’il ne claudique a plus que jamais besoin de valeurs et de repères… Et puisque l’asile poétique ne leur sera pas donné dans son catalogue, que Rue des Fables soit toujours leur repaire… et même leur repère !

  Fabuleusement vôtre !