Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

samedi 30 septembre 2017

DÉPASSEMENT D’HAÏKU

Pourquoi, pour se défausser certains prennent-ils une voix de fausset ?

SOIT !

Si ça te scie 
Et mieux t’assied,
Cela me sied.

Qu’un sot aussi
Près de la soie
Soit sans le sou
C’est bon pour soi
Et sans sous-
Entendu !… Sue
À sang, à seaux
En soue qui sut
Ce qu’est le sceau.

Tu n’es que suie
Pour moi qui suis
De ce  et ceux
Qui sont bannis
- Et ce qui suit ! -
Comme ocieux,
Toi qui nous nies
Jusqu’aux cieux,
Avec tes « si »…

Cela me sied. 
Que ça te scie 
Et mieux t’assied !

vendredi 29 septembre 2017

F'HAÏKU L'AN

Pourquoi le ciel ne semble jamais au courant des prévisions météorologiques le concernant ?

LES PLEUREUSES

Défilé de femmes aux bien sombres âmes,
Cortège de larmes, douleurs et drames.
La jeune veuve, toute en blanc, bonne âme,
Attend, là, sans alarme qu'on la blâme
De n'être pas morte, comme une dame,
Dans le bûcher qui répand feu et flammes
Avec son époux décédé, un infâme
Joueur de coup de poings et de lame.
Cette mort, les us d'ici la réclament,
Noir sur blanc, au fil encré des calames…

jeudi 28 septembre 2017

ÇA SENT L’HAÏKU’RIE

Mème très entourés, les abrutis ne se sentent que rarement concernés !

TEXTE À TROUS

Sans jamais tourner autour du trou,
J’ai fait, sans fin, le mien
Dans un trou de verdure
Où j’ai creusé le tien,
Toi qu’as pas les yeux en fac’ des trous.

Je l’ai fait, quitte à finir au trou !
J’en avais habité un
Plein de trous d’air, d’froidure,…
Hanté par des matins bruns,
Et n’en suis sorti que pour un trou
De souris, mais sans trou d’eau
Alors qu’la vie est dure ;
Trous dans l’budget pour cadeau.
C’est pour ça que je bois comme un trou !

Toi qui, las, passerais par le trou
D’une aiguille mal lunée,
Tu m’sors, quoique t’endures
L’ami, par tous les trous du nez
Donc reste à te terrer dans ton trou !

mercredi 27 septembre 2017

MERCI B’HAÏKU

L’ordinateur, profanateur de nos vies est désormais l’ordonnateur de nos destins !

CHIENNE DE VIE

Est-ce que je vaudrais moins qu'un chien
Pour qu'on m'oublie, seule, dans ces décombres ?
Ma vie et mon image vous encombrent
Car elles vous rappellent trop bien
Qu'on peut survivre ici-bas sans rien
Dans les ruines d'un pays où, comme ombres
Dans la pénombre, on cherche les moyens
De fuir la misère, nous, plébéiens
Destinés à périr parce qu'au nombre
De tous ceux que l'on prétend en surnombre…

mardi 26 septembre 2017

HAÏKU DE BISTOURI

Depuis que ma femme voit mieux on s’entend moins bien !

LETTRE DU CHARNIER

Ma lyre n’était qu’allégresse et rêverie,
Traquant la Muse amie dans chaque souffle ou brise.
Aujourd’hui, je cherche le silence dans tous les cris
Nés des chairs fouillées ou dans les os qui se brisent.
Sur ce front-ci, la mort s’habitue aux vivants
Quand ma mitraille meurt dans la bouche du Boche
Ou dans la boue éclaboussée de feu, dans le vent
Du déluge de balles qui, dans ma caboche,
Réveille de folles espérance enfouies,
Quand la ville joue, quand la ville jouit.

Boyau de boue où dès demain on s’éviscère,
Boyau toujours gluant, boyau de rats grouillant,
Ma Tranchée a vue prenable sur l’adversaire.
La vie y reprend parfois ses droits au mouillant
Et bourbeux bivouac pendant que cette guerre
Laboure un sol saoulé de sang de longs sillons
Où on se terre, y semant cent milles trous, guère
Plus grands que nous jusqu’au-delà les dardillons,
Dont on fera nos tombes sous cette pluie,
Quand la ville luit, quand la ville bruit.

Froid et peur. Pelotonnés, moi comme les autres,
Nous subissons un hiver sans aucun redoux.
Sol tonnant, ciel grondant, on plonge et se vautre,
Obus tonitruant, aplatis dans la gadoue.
 Que nous importent médailles, gloire et courage 
Quand la crasse carapace nos pauvres corps
Et les poux pourrissent nos vies jusqu’à la rage.
La grenade, fruit de fer, sculpte nos décors
Quand la ville joue, quand la ville jouit,
Quand la ville luit, quand la ville bruit,…

lundi 25 septembre 2017

HAÏKU’VERTURE CHAUFFANTE

Mieux vaut faire la sieste que d’arriver fatigué à l’heure du coucher !

L'INCONGRU

Je suis pour vous un spectacle vivant
Un hurluberlu qui vit dans la rue
Au vu et au su des yeux, du vent,
Tombant des nues qui me sont un auvent.
J'y vis, lis, dors et mange cru,
Animal parmi les Hommes, crevant
De solitude comme un malotru
Qu'on a trop vu et que, dès lors, souvent
On ne voit plus. Je suis un survivant
Dans ce temps où tout, d'avance, est couru…

dimanche 24 septembre 2017

HAÏKU’R TOUS JOURS

Courir ? Voilà une drôle de démarche !

CHAMANE

Partout, je danse avec les esprits
Pour conjurer le sort et la misère
Dont je connais par trop, ici, le prix.
Je chante pour vous les mots de Césaire
Et je scande un sacrilège rosaire,
Malgré votre regard plein de mépris
Quand la transe me prends, là, dans ses serres
Sans charivari et sans tromperie.
Le Vaudou est ma croyance sincère, 
Et ce n'est pas une foi de faussaire.

samedi 23 septembre 2017

HAÏKU’RTIER EN ASSURANCES

Quoique, dans la vie, je ne manque guère d’assurance, mon courtier en a toujours une nouvelle à me proposer !

SANCTUAIRE

Il est, dans ces bois touffus, je me rappelle
Sous une pluie de roses sang, une chapelle
Oubliée à la Vierge, hélas, mutilée…

Vandales d’hier ou bien contemporaine 

Racaille l’ont brisée et l’ont maculée,
Dans sa solitude sylvestre de reine.

Murs effacés, toit effondré, son autel

Livré au lierre reçoit, matin, l’offrande
Des oiseaux et sert aux écureuils d’hôtel
Dans ses couleurs et ses saveurs odorantes.

L’allée ombrée, esquissée, n’est empruntée

Que par les chevreuils égarés qui cheminent,
Loin des chasseurs que l’automne dissémine,
Pour prier dans ce lieu empreint de piété…

vendredi 22 septembre 2017

COUP D’HAÏKU

Ce qui me sonne ?… Les gens frappés qui parlent comme on cogne !

L'AFFAISSÉ DU TROTTOIR

Affalé là, je me tape la cloche ;
Je clabaude avec mon vieux clébard
Comme un cave qu'aurait un' quinte floche,
Heureux à trainer, faire des crobars
Des gens courant après leurs propres bobards.
Je n'ai même pas aux pieds de galoches.
Qu'importe : je ne suis pas un snobard.
La preuve ?… J'ai un gros sac pour valoche !
Je vous fais peur mais on a rien de loubards,
De galabards, de jobards ou de tubards…

jeudi 21 septembre 2017

FAÎTES D’HAÏKU'R’TIER

Je ne fais jamais de quartier même dans le mien.

EN BUTÉE SUR LE BITUME

Couché dans un  monde qui vit debout,
Je ne plus suis rien ou si peu de choses
Au regard de ces hommes sans tabous
Qui voient dans cet état où je m'ankylose
Une âme à bout, des habits en gribou,…

Visage d'Apollon sur un corps de boue,
Ma vie est sans but, mes heures sans cause,
Je suis un oiseau de nuit, un hibou
Qui effraierait princes et marabouts,
Moi qui viens d'un pays de boubous.

mercredi 20 septembre 2017

HAÏKU PILLE

Pour qui a bu, abus !

MAHOUSSE

Tant pis si ça tousse ou si ça glousse,
Ma mie, bien plus que ta frimousse
Ou que ta lune qui se trémousse,
Je préfère cette housse rousse
À la mousse humide et des plus douces
Que tant j’explore, pouce après pouce,
Au gré de carousses en cambrousse
Où, en surpousses, des parfums poussent.

Quand, cent frissons sans frousse, je trousse
Par mes doudouces et tendres secousses
Retrousse cette brousse aigre-douce,
Aimables escousses à la rescousse,
Elle met un feu fou aux gargousses
De ma gousse, amie, laissée en lousse,
Que jamais, oh non, tu ne repousses,
Tant pis si ça tousse ou si ça glousse.

mardi 19 septembre 2017

HAÏKU’ILLU

Quand on me diffame cela me fait plus mâle qu’on ne le croit !

L'ALCOOL

L'alcool, verre à verre, m'allume la tête :
Il me fait oublier tous mes défauts,
Mes faiblesses et les autres casse-tête
Il me fait parler vrai et penser faux,
Ne voir en toi, saoule, que con et tettes
Jetant honte et pudeur aux oubliettes.

L'alcool, verre à verre, m'embrume la tête
Je marche comme allant à l'échafaud,
Zombie toujours à court d'un épithète,
La parole plus tranchante que faux,
Aimant comme le pitre des esthètes,
Agissant avec toi comme un zétète.

lundi 18 septembre 2017

BRUSQU’HAÏKU DE FREIN

Pourquoi tant de femmes reculent quand, moi, je leur fais des avances ?

CAROUSEL NOSTALGIQUE

D’après un vers de P. Verlaine

Parmi les néons et les voitures
Tournez tournez beaux chevaux de bois
Ronde inlassable au son des hautbois
Dans les gaz des villes immatures

Face au temps qui de tout fait pâture
Mettez nos souvenirs aux abois
Tournez tournez bons chevaux de bois
Émerveillez nos progénitures

Tournez tournez vieux chevaux de bois
La peinture écaillée pour vêture
Manège et jouvence pour qui boit

Au milieu des manufactures
Au sein d’une vie contre nature
Tournez tournez mes chevaux de bois

dimanche 17 septembre 2017

HAÏKU’TE FÉLÉE

Avant de parler « pense » :
est-ce P OSITIF ?
est-ce XACT ?
est-ce ÉCESSAIRE ?
est-ce AGE ?
est-ce E NRICHISSANT ?

DÉCHAÎNEMENT

Un cri, lointain, se noie par les creux et les crêtes,
Houle et mouettes se disputent, ce matin.
Le trône vaquant du silence écrête
Les vagues parties à l’assaut d’un ciel sans tain.

La mer n’est que fougue, lames, brisants,… qu’arrêtent
Des minéraux muets, chahutés, bousculés,…
Jusque au tréfonds de leurs racines acculées.

La voix du vent rugit, rageuse ou plainte rauque.
Les embruns rabattus par la brise vont brûler
Les landes soumises, éroder les bicoques,…

Déjà la plage n’est plus qu’un sombre décor
De rocs où ressac et sac sont coups sur l’enclume.
Là, sous des algues, drap en dentelle d’écume,
Tête posée sur un rocher rougi, un corps.

samedi 16 septembre 2017

HAÏKU VERNEMENT

Ferme les yeux et ouvre ta gueule et tu sauras gouverner les hommes.

TROQUET DE CH’NORD

Murs de briques rouges noircis de fumées,
Toits de tuiles plates saupoudrées de cendres,
Le long de la rue longiligne à descendre,
Le café est plein de buveurs enfumés,
À deux pas de l'usine qui mord la plaine,
Là où le sol lourd est cousu au ciel gris,
Là d’où souffle encore un vent à perdre haleine,
Qui mènera l’hiver aux neiges aigries.

Chacun y vient et tout le monde y passe,
La bière déborde sous les clameurs.
Jusqu’au soir rivalisent de bonne humeur
 Rires gras et servantes qui se surpassent.
Dehors les chemins mènent à la maison
Où attend bobonne - ou mémère - un prodigue
Fils ou un mari soulaud pour la saison
Des hauts-cris et des reproches en fait de gigue.

Quelques vieux édentés, mains tourmentées 
Comme des racines, causent à voix haute
Du brouillard d’antan qui désorientait
De fleurs d’avril mettant bas leurs culottes
Et des bouquets de mai qu’ils ont épousés.
Ça sent la sueur, le labeur des forges
Et le travail des champs jamais jalousé,
La vie dure qui tue l’espoir et noue la gorge.

On laisse dehors les tracas, les soucis,…
On se réchauffe le corps, le cœur et l’âme
Dans une fraternité qui radoucit,
Loin de mémère - ou bobonne - Ah, les bonn’ femmes !
On boit sans voir passer l’heure. Oublier
Le temps est la seule richesse. On la partage
Sans plus de façon - Et merde au sablier ! -
Vivre ici offrirait-il d’autre avantage ?

vendredi 15 septembre 2017

HAÏKU DU MÉGAPHONE

Pourquoi les voix les moins intelligentes sont-elles, souvent, les plus intelligibles ?

RETOUR À HIER…

Le temps était approprié
Au nettoyage du grenier
Où je conserve des miettes
De mémoire. En ces oubliettes,
La poussière du passé
Recouvre les feuilles froissées,
Pas effacées, de ces poèmes
Écrits avec des mots bohêmes
Durant ces chaudes nuits d’été
Où mon sommeil s’était endetté
D’un repos mis en quarantaine.

J’ai déterré ces vers jamais
Partagés, ces rimes arrimées
À mes souvenirs, ces dépouilles
D’hier que parfois je fouille
Sans regret, hélas, ni remords
Car, pour moi, Hier est plus mort
Que ces mots que je ressuscite
En les lisant et qui m’incitent
Au retour sur moi, sur ce temps
Où ma plume, en hésitant, 
M’explorait l’âme comme un site.

jeudi 14 septembre 2017

HAÏKU’RPS, C’EST LESTE !

Qui confond “critique” et “reproche” n’ira pas plus loin que le bout de son nez ou l’orbite de son nombril…

SOUVENIRS, SOUVENIRS…

Chanson pastichée

Le dimanche, badins,
Avec Mathurin
Sur nos mobylettes,
Moi qui m’r’vais marin
Et lui médecin,
Direction guinguette…

On les dansait drus
Tous les « tord-du-cul »
Qui nous f’ais rir’ , gosses :
Mazurkas, tangos,
Javas à gogo,…
Aujourd’hui bolosses !

mercredi 13 septembre 2017

FRANCHE HAÏKU’NECTION

De nos jours, on préfère cultiver son réseau que son esprit.
On a des intelligences avec qui on peut…

QUESTIONS ANGOISSÉES D’UN GÉOGRAPHE DÉBOUSSOLÉ

Peut-on jumeler, sans faire fausse route, Cadillac (33), Førde (Norvège), Buix (Suisse) et Pontiac (Québec) ? 
Le manoir de Grissay (49), c’est un gris château ou un vrai mas noir ?
Lamballe (22), t’emballe ?
Selon La Fontaine, c'est Luçon (85) qui vaut vient un hommage ?
Les poncifs sont-ils habitants de Pons (17) ?
La commune de Remouillé (44) est-ce si humide ?
Vertou (44) ça mène où ?

mardi 12 septembre 2017

HAÏKU ART

Courageux comme pas deux, je préfère que les choses tournent court que mal !

JUNGLE SONG

D'après le générique de la série télévisée
américaine Monk (Randy Newman)

C’est la jungle là dehors
Qui, sur ça, me donne tort ?
Tout n’est qu’accidents et morts,…
Étre pénible ou sans-gêne,
Gens toxiques ricanants,
Au parler aborigène
Et aux façons de manants.

C’est la jungle là dehors !
Rien qui ne nous soit accort.
Désordre, bruit et consorts :
Tout est confusion, foules, 
Vaine agitation et cris
Qui rendent chacun maboule,
Impatient ou aigri.

C’est la jungle là dehors
Car, en nous, un fauve dort.
Personne qui soit raccord.
Il faut se battre pour vivre,
Dès le matin jusqu’au soir,
Et insister pour survivre
Pour vaincre tout sans surseoir.

C’est la jungle là dehors,
Ce malgré tous nos efforts,
Sur ça on est tous d’accord
Mais on continue, Babaches,
Mensonges, escroqueries
Et nos coup de pied en vaches
Dont quelquefois, même, on rit…

C’est la jungle là dehors
Et le règne du plus fort,
Des cadors ou des condors.
Que fait-on pour que ça change,
Ne plus se laisser porter
Par l’ordure de ce Gange
Qui, las, va nous emporter ?

C’est la jungle là dehors 
Mais attention aux mentors,
Rêvant Médor, miradors,…
Qui d’un zoo tout en grilles
Prétendent le remplacer :
C’est en nous, Fils de gorilles,
Qu’est la clé pour s’en chasser !

lundi 11 septembre 2017

HAÏ(s)KU’L’ÈRE

Les mômes d’aujourd’hui attendent moins que tu leur poses des questions que tu ne leur en proposes les réponses !

MOTS À MAUX

Ma vie s’inscrit entre guillemets
À coup de “si…” ou au gré de “mais…”.
Pourtant ce que j’écris reste en marge,
Points de suspension au vent du large.
Je couche points d’interrogations,
Mais aussi points d’exclamations,
Sur une désertée plage blanche 
Que je mazoute d’une encre franche.

Je funambule alors sur des traits
D’esprit, trébuche de virgules
Embusquées en traîtreux points-virgules,
Avant d’arriver, sans trop ni très,
À un point qui se voudra final,
Reléguant tous ses frères au banal.

D’ici là, courant sur le papier
Souvent, mon souffle aura pris son pied
En vers ne tirant pas à la ligne
Pour être un trait d’union digne
D’une lectrice ou bien d’un lecteur,
Comme moi du monde spectateur.
Deux points : vienne mon inspiration
Pour vous confier mes aspirations !

dimanche 10 septembre 2017

HAÏKU DE QUILLE

N’offre pas de conseil à qui n’aspire qu’à entendre qui lui tresse des lauriers.

SONGEUSE

Comment, au soir, ne pas rester songeuse
Quand la ville qui ne dort ni se tait
Rend l'esprit gourd et l'âme courageuse
À qui ne vit qu'heures détricotées
Au fil de ces jours où il faut trotter.
Comment, au soir, ne pas rester songeuse
Quand certains ont le bitume pour taie,
Les néons pour couverture fangeuse
Et que je vais le haut talon flûtet,
Le tailleur ras, né de haute futaie.

samedi 9 septembre 2017

HAÏKU À FURE

Je ne suis pas assez important pour jouer les importuns.

FENÊTRE SUR CORPS

Le volet de la persienne miaule
Sous le vent qui la caresse et qui la frôle.
Tu t’es levée. De l’aube tu tiens le rôle.
La croisée s’éclaire enfin de cette aurore
Qui donne à nos amours l’âge des « encore ».
Ici, point de baie qui bée pour souligner
Tes courbes qui feraient d’autres se signer,
Ni de pénombre redessinant tes formes.

Le clair-obscur, avec la nuit uniforme,
Ayant trépassé, reste le contre-jour
Qui embrasse et esquisse, comme un toujours
Sans sombreur, la féline et douce cambrure
De ta silhouette qui, à l’embrasure
Embrasée, fait rideau de chair délicat
Face à ce matin frais comme du mica
Qui nous fait oublier que l’on est « quinquas ».

vendredi 8 septembre 2017

HAÏKU VACHARD

Je l’aimais et voulais son corps ; je la hais et aurai sa peau !

RETOUR DES CHANTS

Chanson gaillarde
Cycle toulousain

Quand vendemias ou segadas sont terminées,
Tot le vilatge fait chauffer ses cheminées
Pour restaurer la compagnie des hommes las
Qui ont tous bien mérité de se sustenter
- Les ventrus, les bourrus et mêm’ les échalas -
Attablés ensembles vont rigoler et chanter :

« La terre est basse, le ciel est haut

Y’a que la table qu’est à niveau.
Avec les copains et les rivaux
Partageons charcutaille et fayots ! »

Les femnas les ont encor’ gâtés cette année

Et elles servent tablées, sans lambiner,
Toujours gaies, risettas, frisettes et falbalas,
De convives que leur vue ne peut qu'enchanter,
Tapant sur les doigts des goujats ou de ç’ui-là
Qui risque d’rouler sous la table et de s’édenter : 

« La terre est basse, le ciel est haut

Y’a que la table qu’est à niveau.
Pare donc le vin neuf des cuveaux,
Buvons pour s’réchauffer les boyaux ! »

Avec les droles, ceuss’ aimant à babouiner,

Les pépis aigris en oublient de chouiner,
Quand les litres coulent, dans leur robe lilas,
Des bouteilles aux veires qu’ils vont ensanglanter
De rires et d’histoires qui repassent les plats
Alors qu’on aime, l’oeil allumé, à chanter :

« La terre est basse, le ciel est haut

Y’a que la table qu’est à niveau.
Mangeons, buvons, blaguons de nouveau
Faisons qu’il n’y ait plus de rabiot ! »

Quand ce beau monde sera chaud à tant dîner

On se quittera dans la nuit bien avinée,
On rentrera à l’hostal, et sans plus d’blabla,
On f'ra mentir l’pinocchio sans fainéanter
Pour nous faire des pitchouns en veux-tu en voilà
Qui, grandis, eux aussi, chant’ront sans se vanter :

« La terre est basse, le ciel est haut

Y’a que la table qu’est à niveau.
Tant pis pour le ritou et ses dévots,
Itou pour les austères parpaillots ! »

jeudi 7 septembre 2017

VOITURE HAÏKU’CHETTE

En littérature, on parle plus souvent des auteurs que de leur œuvre.

VIVRE LIVRE

Esprit livre j’aime l’ivresse livresque.
Je tète mon titre littéraire au soir,
Et d’électron livre en bateau livre presque
M’enivre de tout ce que j’ai en dressoir.

Tous les jours, page à page, c’est la chute livre
Dans la passion du passé, dans un vers
Libre uni à d’autres, rimant, pour survivre.

On voit en moi comme en un livre ouvert
Me dit-on alors que, comme un livre on parle
Dans notre monde livre, mon bon ami.

Je ne suis jamais libre de chevet, beau marle.
Me suis-je vu quand j’ai lu ?… Que boulimie !

mercredi 6 septembre 2017

HAÏKU CHIMIQUE

Il est des ires qu’on ne désire !

CIEL D’OUTRAGES

Le ciel embué se charge de nuées 
Noires de colère qui vont bientôt huer
À briser les murs et faire exploser les vitres.

Et puis éclatera l’éclair du mot de trop,
Pleuvra l’insulte à seau, soufflets verbaux au litre
Qui dolent plus que coups s’ils ont droit au chapitre.
Roulent et tonnent les camouflets in vitro…

Invectives, avanies,… pleuvent comme en bistro
En cris à faire accourir les voisins au trot.
La tourmente se fait folle foudre en sous-titre…

Tempête et bourrasque les ont exténués :
Mais on craint pire de la part de ce belître. 
Quand trouble est trombe et heurts rafale, point d’épitre
Mais se quitter vaut-il, Dieu, de s’entretuer ?

mardi 5 septembre 2017

HAÏKU BOY

À la question « comment vivre bien ? », je réponds toujours : « Hum, hum, hum !… humanisme, humilité, humour ! »

L’AIGLON

Petite fable affable
Cycle pyrénéen

Parce qu’il se croyait un vrai destin,
À peine sorti de son oeuf, matin, 
Un aiglon voulut vite changer d’aire,
Connaître le vaste monde des airs
Depuis les glaces jusques aux déserts
Avant de s’en retourner à l’embarcadère
Qui certes l’avait vu ouvrir les yeux
Mais, mieux, planer, en premier, dans ces cieux.

Un beau jour, confiant en sa bonne étoile
Il contraint son père à mettre les voiles
Et monte sur le trône des oiseaux,
Heureux de tenir enfin le seul rôle
À la mesure de son talent, le drole !
La fortune sourit au damoiseau
Jusqu’à ce qu’il comprenne que son règne
Ne serait que problèmes et châtaignes.

La Fortune parut moins bonne alors
Et il sut le prix du respect, de l’or,…
De ce qui brillait, comme tâche d’huile,
Avant, quand il n’était que lui,
Grand rapace sous le soleil qui luit,
Sans ce boulot tout en tracas et tuiles :
Avoir rang n’est pas aboutissement
Du chemin… c’est,  las, son commencement !

lundi 4 septembre 2017

HAÏKU CHOCOLAT

Fastidieuse est la procédure quand le procès dure !

LA PLACE SANS PLACE

Cycle toulousain

Aurait-on sonné quelque alarme
Ou va-t-il survenir un drame ?
Mais où vont donc tous ces sagouins ?
Une noria de voitures,
Klaxonnant dans leur baragouin,
Fait une mouvante ceinture
Autour de son ventre agité.
Il accouche d’un marché vaste
Comme lui où viennent giter
Des foules colorant, jour faste,
Son pavé animé, sans caste. 

Mais où sont baste, gaste et pastes ?
Pas plus de vendeuse de chastes
Violett’, d’idées cogitées
Avec ce conteur d’aventures,
Crieur d’l’Huma’ régurgitée ;
Point de gitous en devanture,
De chiffonnier fringué pingouin,
De clochards, de taste-biture
Ou d’vieil anarchiste espingouin !
La place a perdu de son charme,
Et son habitué, des larmes…

dimanche 3 septembre 2017

HAÏKU’ISININTERNE

Tu sais qui tu es quand tu sais qui tu hais !

ERRANCE ?

Que fais-je là et qu'est-ce que j'attends ?
À cette heure je ne saurais le dire…
J'espère que passe un bus ou le temps,
J'veux voir venir sans rien m'interdire.
Quoi ?… Qui ?… Je ne sais pas plus à vrai dire !
Peut-être qui ma gigolette attend
Arpentant elle aussi, t'as à redire ?,
Ce bout de bitume en excitant
Le badaud, le chaland que vont maudire
Les vertueuses aimant à médire.

samedi 2 septembre 2017

HAÏKU NATURE

Je préfère le rhum naturel aux arômes artificiels !

HOMMAGE AU DESSERT

À  Elena

Tu as quitté un beau jour notre gros bateau
Pour robinsonner dans un pays de cocagne,
Loin des copies, des notes, des anciens de khâgne,…
L’école buissonnant en toi en staccato…

On te bade, patauds, te bâtir un château
Loin de l’Espagne et de l’ombre de nos montagnes
Cultiver ton jardin, macarons et gâteaux,…
N’a pas la cagne qui va en verte campagne !

Guitare et mots choisis, bêche et bec, au râteau
Tu écriras tes demains en tournant la page
Quand d’autres refermeront leur livre, bientôt,
Sans avoir vécu leurs rêves, vaincus par l’âge…

Profite au mieux de tout, oublie nos regard las
Et ces phrases aigries dont on fait nos compagnes ;
Garde ce sourire qui, toujours, t’accompagne
Et cette classe que ne perd jamais qui l’a…

vendredi 1 septembre 2017

FENÊTRE SUR HAÏKU’R

J’ai perdu le sommeil mais pas mes rêves.

CELLE AUX DENTS GRANDES COMME SA LANGUE

Petite fable affable

Toujours prête à tout, jamais bonne à rien, 
Cette castor-là, en vrai, aurait bien
Un jour, à l’ouïr marié la carpe
Et le lapin comme  jadis, escarpe,
Elle sautait du coq à l’âne en tout
Et pour tout. Cette épouse castratrice,
Qu’a fuie son époux en pays bantou,
Fut aussi une mère claustratrice
Abandonnée par des fils risque-tout.

Pour ses vieux jours, la voilà donc seule,
Encabanée car l’hiver est vents veules,
Rongeant son frein, ruminant sa rancœur
Ratiocinant sans fin que son bon cœur
L’avait perdue et qu’hélas, sans vergogne, 
Le monde, si ingrat, l’a condamnée
À la solitude , indigne carogne,
Et, pis, à l’oubli comme une damnée.

Car elle avait eu beau changer d’adresse
Plusieurs fois dans sa vie sans vraie tendresse,
Elle qui déménageait du ciboulot,
Chaque fois, sous peupliers ou bouleaux,
Elle tombait, le ciel au dieu ployable
Est témoin, sur d’irascibles voisins,
Sur des relations infréquentables
Ou, pis, sur d’insupportables cousins.

« Et ma mort sera à la triste image
De ma vie dessous tous ces verts ramages :
Personne pour me pleurer. C’est blessant
De savoir ces égoïstes gloussant
Et bavant sur mon corps froid, impavide,… »
L’élan qui l’entend dit, d’un tout gai : 
 « Qui a fait, autour de lui, le vide
Ne doit pas se plaindre d’être relégué… »


Illustration : Élisa Satgé, été 2019