Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

samedi 29 juin 2019

HAÏKU’N SEIL

Quoi de plus normal que de coincer la bulle dans un conciliabule ?

LES VŒUX DU JEUNE LION

Petite fable affable 

C'est trêve des confiseurs en la savane.
Tout s'alentit comme dans une pavane.
À l’occasion du proche avènement
D’une toute nouvelle année, simplement,
Un lion voulut la souhaiter fort bonne,
Heureuse et prospère, entourée de lionnes,
À ses bons et braves sujets d’alentour
Haute et basse cour, plumes ou poils en atours.

Notre roi qui avait chassé ses pairs du trône
Et croqué plus qu’à son tour en cette faune
Parla au blancs becs et aux vielles peaux
D’amour, de paix, de fraternité,… Propos
De circonstance, certes, mais des paroles
Qui sonnaient un peu faux car les fumerolles
De la révolte de ses manants, entamée
Depuis un mois sans vraiment plus l’alarmer,
Salissaient l’azur encore et sa police
Sévissait toujours non sans quelques délices.

L’heure du raout passé, les baisers aux joues
Posés, le peuple est à nouveau mis en joue
Car l’accoutumé et royal évangile
Ne pansait pas les plaies de ces proies fragiles ;
Or qui sème ici-bas la misère, en fruits
Récoltera colère, mais celui
Qui engraissera cette même colère
Connaîtra, tôt ou tard, les pires misères…

jeudi 27 juin 2019

HAÏKU’LPABILITÉ

On m’a ramené à la raison et elle était aussi mauvaise que ma conscience.

LES QUINTETTES

d’après Les sucettes (S. Gainsbourg) chanté par France Gall
réécrite pour le 28 décembre 2018

Sophie aime les quintettes,
Les quintettes jazzies.
Les quintettes jazzies d’Sophie
Donnent à ses soirées
Un air du passé.
Lorsque le spleen la guette,
Des notes très jazzies
Courent sous les doigts de Sophie ;
Elle est au paradis.

Pour ses cinquant’ bougies, Sophie
A promis d’jouer jazzy
Pour rendr’ ses invités heureux,
Heureux d’être plus de deux…

Sophie aime les quintettes,
Les quintettes jazzies.
Les quintettes jazzies d’Sophie
Donnent à ses soirées
Un air dépassé.
Lorsqu’elle a perdu sa langue
Et qu’il y a un piano
Faut qu’ell’ nous colle ses accords
Et les rejoue encor’…

Pour ses cinquant’ bougies, Sophie
A promis d’ jouer jazzy
Pour rendr’ ses invités heureux,
Heureux d’être plus de deux…
Lorsque le spleen nous guette,
Des notes très jazzies
Courent sous les doigts de Sophie ;
On est au paradis.

mercredi 26 juin 2019

HAÏKU’NVICTION

Tout orateur qui parle à demi-mots ne me verra qu’à moitié convaincu.

LES CAVES CANEM

Petite fable affable

En ce temps-là, que l’on dit « des plus reculés »,
Les bêtes qui vivaient là, parmi les hommes,
Se conduisaient et faisaient comme les Hommes,
Singeant leurs activités sans y être acculés.

Un chien, dit-on, était alors vigneron
- Il en est bien qui sont bergers en ce monde 
Ou, plus loin, des castors jouant les bûcherons ! -
Il était pour cela reconnu à la ronde.
Au point que ses ceps riches de raisins, aux champs
Comme à la ville, régalaient les gorges sèches,
Faisaient sur les lèvres naître nombre de chants
Célébrant l’amitié même dans la dèche,…

Son chai était plein, ses caves jamais à court
De satisfaire les connaisseurs et les avides.
Canem, notre toutou était donc le recours
Et le secours de chacun, aimé des impavides
Comme des livides. Or, un sinistre jour
Dieu, qui n’était alors que courroux et ire,
Fit s’abattre sur notre terrestre séjour
Des torrents d’eau en cascades… Si ce n’est pire.

Canem vit se noyer ses champs et, las perdue
La vendange à venir mais, encore optimiste,
Il pensa que comme les écureuils, glandus
Notoires déjà, il avait en ses registres
Des réserves encavées pour deux ans au moins.
Mais, hélas, après quarante jours de déluge
Elles avaient disparu. Le Ciel m’est témoin
Qu’il ragea ce chien sans bien ni refuge…

Noé le recueillit en son arche et apprit
De lui un savoir qui le rendit fort célèbre.
Quant à Canem, qui savait désormais le prix,
Du travail acharné qui vous rompt les vertèbres
Et d’une inutile prévoyance face au Très Haut,
Il se fit serviteur de son sauveur gouliafre
Et vécut selon un « Carpe diem ! », pas faraud
Pour deux sous, nous laissant du labeur tous les affres…

mardi 25 juin 2019

HAÏKU PROCHE

Lancez une sale rumeur et vous reviendra ma male humeur.

LES PIGEONS & LE ROSSIGNOL

Petite fable affable

Là, deux pigeons s’aimaient d’amour tendre
Sachant aller l’un à l’autre le jour
Et être l’un avec l’autre toujours
Quand la pénombre vient à tendre
Ses rets, s’iluner d’illusions
De passions à profusion.

Un rossignol voisin de ce couple
Se gaussait des attentions
Qu’ils avaient, sans variation,
L’un pour l’autre, le gosier souple
Et la voix las jamais endormie
Pour jaser de tout en fa, en mi.
Il leur reprochait surtout de taire
Cet amour si grand que rien l’un 
Sans l’autre ils ne faisaient, et qu’aucun
Chant ne célébrât ces amours austères
Tout en douceurs et fidélité,
Alors que, lui, sans vouloir se vanter…

« Et où est donc, l’ami, cette tant belle
Pour qui tu chantes amour à l’envie… ?

- Elle change selon le cours de ma vie !

- C’est là le drame, fit Colombelle :
L’amour qu’on vit en nos catalpas
Se prouve mais il ne se crie pas ! »

lundi 24 juin 2019

HAÏKU PIS DONC

Craignant moins les redondances que la culture, d’aucuns veulent que les langues mortes deviennent lettres mortes…

dimanche 23 juin 2019

HAÏKU QUI PORTE

À explosions de rire, éclats de voix.

LA TRAVERSÉE DE LA NUIT

Fatiguée comme peau de tambour,
Alors que, jà, s’obscurcit la brune,
Au mât de ce clocher, fière hune,
S’aparresse Madame la lune,
Vigie du bateau qu’est notre bourg.

Sur l’horizon et ses faubourgs,
Les constellations, une à une,
Dessinent de mystiques runes,
Dessus des monts devenus des dunes
Grâce aux ombres et à leur labour.

Loin de Marseille et de Cabourg,
Pour qui n’a ni grunes ni tunes,
Commence le voyage aux funes
Des vents aux parfums d’eau de prunes,
Le nocturne aller sans rebours…

samedi 22 juin 2019

HAÏKU DE L' AVENUE DE MILLAU

Combien sont « devenus » en n’étant que parvenus vivant en avenues quand de plus méritants pour cela ne sont pas advenus n’ayant pas assez de revenus…

vendredi 21 juin 2019

HAÏKU D’ŒIL

Ce qui pique la curiosité rend rarement aveugle.

BRAVE & VIVE CAVALE

Petite fable affable

À pleines foulées, brides avalées
La cavale a gravi et dévalé
Le revers si vert du versant, véloce.
L’avers fut tant couru à la féroce.
Cette jument fort caparaçonnée
Ne nous semblait même pas soupçonner
Qu’il y eût là un danger ou son ombre
Quand les périls, pourtant, étaient sans nombre.

Allant et venant, arme pour l’armée,
Elle était par la vaillance animée,
Toujours à la tête de toute charge,
Brillante. Héroïque,… Peut-être barje !

Mais on riait prou entre deux hoquets
Chez hongres et chevaux qui fort moquaient
Qui confond témérité et courage,
Bravoure et bêtise ou, pis, fougue et rage,…
Détestant que l’on fasse mieux qu’eux,
Ceux de selle sont des plus belliqueux
Et si les « on » en question sont « elles »,
L’affront là vous colle la varicelle !

Lassée de ces propos, la haquenée
Leur fit, œil dur et dents dégainées :
« La peur ne se fuit pas, bêtes de monte,
Mais, si on le veut, elle se surmonte ! »

mercredi 19 juin 2019

HAÏKU DE SANGLE

Je démens être cinglé et tout le monde s’en fout !

RÉGALADE

Cycle pyrénéen
« Croyez en vos rêves et ils se réaliseront peut-être. 
Croyez en vous et ils se réaliseront sûrement. » 
(Martin Luther King)

Bec ouvert, du bout des lèvres, du bon du cœur
Quand je le peux, je bois à toutes les fontaines 
Comme je fais à une cruche, du moins certaines
D’ici qui se donnent sans qu’on les tête en chœur.
Il en coule une onde d’ambre et de lumière,
Nimbée du verre translucide de notre air,
Une fraîcheur polie qui vous inonde le blair,
Apaisant jà ces souffrances coutumières
Qui nous ont froissés, rendant aux pensers leur chair.
Je m’y étanche gorge, comme un sabre, au clair.

Imbibée de nuages, cette eau me désoiffe,
Certes, quand je bois l’œil sur l’azur qui répand
Ses touffeurs d’été où un soleil blanc ou blond s’épand,
Mais surtout me réconforte et, là, me reccoiffe.

Cet allant, aussi vite envolé que venu,
Tient aussi à sa musique où se déverse,
Goutte à goutte, invisible aux personnes tierces,
Le miel des beaux jours livré au vent tenu,
Dont elle prend les changeantes couleurs, s’en berce
Sa chanson nous souhaitant la bienvenue.

L’eau de cette fontaine nos douleurs allège,
Purifie nos âmes ivres d’envies volées
Aux rêves, vivantes mie sevrées d’envolées,
Nous offre une jouvence sans heurts, sacrilège,…

lundi 17 juin 2019

HAÏKU DE BONS MOTS

N’ayons pas peur des maux mais de leurs conséquences…

LES DISPOSITIONS D’ALEXANDRE

Petite fable affable

Une légende veut qu’Alexandre le Grand,
Sentant que Thanatos en voulait jà à son âme,
Exprima, non comme le premier gland
Venu le ferait quand survient ce drame,
 Une mais trois dernières volontés.
De quoi surprendre qui y fut confronté…

Il exige d’abord que soit porté en terre

Son cercueil par les six meilleurs médecins
Puis que l’on pave des richesses monétaires
De son empire le chemin qui, à dessein,
Le mènera lors de son lit à sa tombe.
Avant que son esprit en limbes ne retombe,
Il ajoute qu’il se veut tout nu en son linceul
Et sans rien dans les mains. Non. Ni le glaive
Du conquérant ni le sceptre du roi. Nu. Seul.
On l’interrogea sur le pourquoi, la sève
De tels souhaits : avait-il peur ou fait un rêve ?

« Moi devant qui tremble le monde entier,

Je veux rappeler aux docteurs les plus sages
Qu’on ne peut rien contre la mort liée
À la vie comme l’hiver à l’été. Au passage,
Je veux dire que les richesses d’ici-bas
Y restent et ne sont pas du trépas le bât.

Enfin, il est beau de se souvenir, mes frères,

Qu’on nait tous nus, et sans rien, à la vie
Et que c’est ainsi qu’on retourne à la terre,
Quoi qu’on y ait fait, une fois qu’à l’envi
Notre temps a filé dans cette clepsydre
Qui nous échoit, et qui n’est pas comme une hydre… »
Ainsi aurait voulu mourir, humblement,
Le plus grand homme qu’ait connue l’ère antique.
C’est sans doute une vraie fable, et simplement
Pour telle je vous l’offre : charismatique,
Elle pourrait pousser un peu à réfléchir
Qui, pour biens ou pouvoir, nous veut fléchir…

samedi 15 juin 2019

VERS L’HAÏKU NU & AU-DELÀ !

Une petite idée qui fait son chemin ira toujours plus loin qu’un concept monolithique.

CIRCULATION ALTÉRÉE

J'aime à traverser seul la nuit,
Cette voie courant à sens unique
Entre rêves qui filent, fuient,
Et cauchemars, qui, en la tunique 
Du songe, déshabillent le cœur,
Dénudent l’âme comme un censeur…

J'aime à traverser seul la nuit

Hors les clous des sommeils d’enfant sage,
D’un crépuscule qui tant bruit
À une aube qui est de passage,
Trottoirs mal assurés où mes pas
Traînent par trop sans mea culpa…

J'aime à traverser seul la nuit

Qui ne m’est pas repos. Ses ténèbres
Me donnent de beaux et bons fruits
Que ma plume vient glaner, funèbre
Ou gaie, et qu'au plus tôt vos yeux 
Vont cueillir sortis de leurs cieux…

vendredi 14 juin 2019

HAÏKU DE STAND UP

Pour toutes les pin-ups 
Faut pick-ups ou hold-ups
Sinon c’sera peanuts
Ou rien au ketchup 
Du côté coconuts 
Même après un check-up

jeudi 13 juin 2019

HAÏKU DE QUESTIONS

Qui c’est qui sait ?

LA FAUCHEUSE COUPE COURT

Petite fable affable  d’après  J. Brigaud

La Mort ne sachant plus où donner de la faux.
Recruta des aides. Ils ne firent pas défaut !
Des soldats, des terroristes, des fanatiques,…
Se présentèrent premiers à sa boutique.
Puis vinrent des légions d’amants et de cocus,
Des vrais assassins, des virus jamais vaincus
Et des malfrats, puis des banquiers avides
Et des médecins incompétents, d’impavides
Chefs d’État au pouvoir, des opposants frustrés
Voire des chefs de guerre voulant s’illustrer…

Des mafieux, des fous du volant les rejoignent
Avec des inquisiteurs, des dogmatiques sherpas,…
Ainsi les hommes de main ne manquaient pas.
Pour se syndiquer à tous ces êtres à poigne 

Viennent les chimistes et les atomistes,
Les cohortes de paysans productivistes,
De pirates, d’industriels pollueurs,
De miliciens, de policiers railleurs,…
Chaque jour lui amenant des auxiliaires
Nouveaux, et fort zélés, tueurs ou meurtrières,
La Mort alors annonce au monde qu’elle est prête,
Malgré sa fraîcheur, à prendre enfin sa retraite
Sachant bien que son infâme labeur, toujours,
Ainsi, serait fait. Et bien fait. Jour après jour.



Illustration : Élisa Satgé (automne 2019)

mardi 11 juin 2019

HAÏKU’CK PITT (le frère de Brad !)

Feuille volante est avion en papier qui s’ignore !

DE VAILLANTS VA-T’EN-GUERRE

Quelques bons Tartuffe en peau de buffle et morions,
La mauvaise foi leur donnant bonne conscience,
N’ayant rien de mieux à faire, avec science,
Partirent en guerre pour distribuer horions
Et rebuffades menés par des Césarion.

Cette guerre serait fort courte, fraîche et joyeuse ;
Les combats, gagnés d’avance, sur un ennemi
Qu’on croyait, las, faible et déjà vaincu à demi
Ne seraient lors, avec leur franche humeur batailleuse,
Qu’escarmouches et embuscades point périlleuses.

Tout pulcre, tout fiel, la bêtise en étendard,
Des paroles sales, ordes et fâcheuses à la bouche,
Leur bon droit en bouclier, des piques prou farouches
Et milles saillies virulentes comme seuls dards,
Nos poilus montèrent à l’assaut comme pendards.

Mais cette bande de gens sans inquiétude,
Ces donneurs de leçons sans remords prêts à lutter,
Voulaient s’imposer à tous plus que discuter :
La plume mesquine, ils se disaient une multitude ;
L’encre intolérante, ils n’étaient jà que certitudes.

Le ridicule de l’histoire, c’est qu’ils voulaient
Faire payer rancœurs accumulées et colères
Ou frustrations diverses, ces atrabilaires
À d’aucuns qui subissaient, hélas, le boulet
De leur condition plus que ces écervelés.

La perfection de ces êtres crasses aux cervelles
Grasses de préjugés et si promptes à mépriser
Ou pire à méjuger, et à fort s’en griser,
En faisait des crétins convaincus, fades civelles,
Dont la paresse d’esprit offrait pureté nouvelle.

Mais cette meute aimant à hurler avec les loups
Fit long feu et, hors des vains mots et de viles phrases
N’obtint que poudre aux yeux, et ce dépit qui rase
Autant qu’il barbe et, fit, de fait, sans masque ni loup,
Gros-Jean comme devant nos si valeureux marlous…

lundi 10 juin 2019

dimanche 9 juin 2019

HAÏKU REÇU

Vu les rixes du métier est-ce que vaut le coup d’être boxeur ?

L’AIGLE REDEVENU ROYAL

Cycle pyrénéen
Petite fable affable

Tandis que sur l’horizon des éclairs tisonnent, 
Sans gêne et encore moins de discrétion,
Les nues obscurcies, l’aigle royal en son aire,
Œil aux aguets, cervelle en ébullition,
Remâche son ire car depuis qu’il grisonne,
À ce roi fort sage, sans variation,
Ses sujets ne donnent plus le juste salaire 
Qu’il réclame à ceux sous sa juridiction :
Reconnaissance et respect sans autre lanlère !

Il arrondissait tout angle sans démagogie,
Et n’avait, las, pas souvenance d’avoir agi
À l’endroit de quiconque avec une quelconque
Injustice ; il ne serait d’incurie en sa régie
Des nues. Et le voilà des ragots objet, cible
De cabales ourdies aux viles stratégies :
On parlait de gabegie jusque chez les conques !
Quoi qu’il fasse, pour eux, il avait mal réagi ;
S’il ne faisait rien, c’était inadmissible ;
Qu’il parle ou se taise c’était tout un. Magie
De la mauvaise foi en ces vaines chorégies.

On ne mésestimait pas en cette révolte
La lassitude de ce monarque qui allait 
À contrainte faire un métier que ces bêtes
De sac et de corde acoquinées, voulaient,
Là, lui apprendre, la mine désinvolte
Et la haine au cœur. Chaque jour, il rassemblait
Autour de lui les lambeaux chus en l’herbette
De sa dignité, voulait tout plaquer. Allez !

Mais, un matin, il réunit cette plèbe insoumise,
La tança et, l’honnêteté étant de mise,
Lui dit qu’elle était hélas, à ses yeux,
Plus risible que redoutable, qu’étant admise
Par la loi et le droit, lors, son autorité
Ne se discutait plus et que, leçon apprise
De ces turbulents, il serait monarque-Dieu
À la façon de ses pairs régnant sur soumise
Populace. Il n’y a avait plus à discuter.
Et puis il les remercia d’avoir remise
À sa place une monarchie à mort promise.

Puis il termina, leur jetant un regard appuyé :
« Si je hais moins les êtres que je ne déteste 
Leurs erreurs, je reste toujours prêt, sans conteste
À pardonner l’injure… non à l’oublier ! »

vendredi 7 juin 2019

HAÏKU SERRÉ

À tant faire le gros dos face à l’adversité on finira tous bossus.

MATIN DE LA SAINT-MARTIN

Quand l’été se dévêt aux nues
Et ne fait plus qu’obole de sa lumière,
Quand les branches se mettent à nue,
Il est temps de s’offrir, en notre chaumière,
L’un à l’autre dans un regard
Et puis, l’autre à l’une, dans un simple sourire,
De s’aimer avec quelque égard,
De s’occocouler, de se chérir et de rire.

Quand la nuit un peu froidie,
Se désobscurcit, quoique plus alourdie d’ombres,
Et que l’herbe au pas se roidit
Au silence tout neuf né de cette pénombre,
Il faut laisser cours à l’envie,
Et faire courir sur nos corps-à-corps des souffles
À redonner vie à la Vie,
Qui elle, déjà, au dehors, un peu s’essouffle.

Quand le jour naissant se sait court
Et nous habille de nos premières laines
Sans nous rendre pourtant moins gourds,
Il est temps d’ensemble perdre vent et haleine,
D’exhumer nos folles pensées
De s’offrir aux plaisirs et à la dolence,
À une intimité passée
Au crible de nos plus inavouées doléances.

Quand la brise soudain se fait
Bise et que s’alentit la sève, l’écorce
Ou que s’enfume, las, défait,
Le feu du ciel sans que, déjà, ne s’amorcent
Les grands gels encore, il nous faut
De nos prosaïques amours faire un poème
Qui nous soit soleil et réchaud,
Écrit à la caresse. Et aux baisers de même.

mercredi 5 juin 2019

HAÏKU DE FUMETTE ?

Ce n’est pas parce que l’on ne paie pas de mine que l’on n’aime pas aller au charbon !

LES ROUTES DU PARADIS

Petite fable affable

Refusant d’apprendre à attendre, une rate,
Qui se disait bonne et belle aristocrate,
Voulut se garantir un vrai accès direct
Au paradis avec ces largesses qui grattent
Les fonds d’escarcelles pour pouilleux, ingrates,…
Elle trouvait le marché des plus corrects.

Les ménestrels qu’elle tenait à la laisse,
Chantaient la joie retrouvée de ces pauvresses
Dont elle voulait qu’elles engraissent, et
Les filles perdues - gourgandines, bougresses,… -
 Qu’elle avait su trouver et mener à confesse.
Pour le curé c’était sa meilleure idée !

Avec ostentation donc, mais à contrainte,
Elle gravissait les marches qui éreintent
Plus d’un sage, voire d’un saint, en pensées.
Espérant graisser, à bon prix et sans crainte,
Le poignet du céleste portier d’astreinte,
Elle vaquait à ses œuvres sans balancer.

Hélas au jour fatal, ce fut la Bête à cornes
Qui la reçut. Elle maudit cette écorne
Du divin Barbu qui dit : « Las, la bonté
Perd sens et beauté quand aux vents on la corne,
Qu’elle est née d’une Vanité dont on s’orne
Ou dont on espère profits éhontés ! »

mardi 4 juin 2019

HAÏKU’ARTING

Ne laisse jamais la main à qui pourrait te la demander voire la prendre… ailleurs que dans la figure !

lundi 3 juin 2019

HAÏKU DES PONGES

Paradoxalement, on me conseille souvent de lever le pied parce que je ferais tout… au pied levé !

TROUBADOUR

Librement inspiré du texte
 Le troubadour de J. Brel (1953)

Je ne suis qu’un troubadour
Qui, dans la langue des trouvères,
Chante ses amours, le finamor,
Et conte des histoire légères
Et gaies, mais vraiment y croire,
Pour vous sortir de tours d’ivoire.

En attendant celle de mourir,
Je vous ai sifflé la joie de vivre,
Celle des horizons où partir
Et l’ivresse de se sentir libre
Pour réenchanter notre ici-bas
Et l’habitude qui nous abat.

Quitte à déplaire, à vous contredire
J’ai crié valeurs et idéal 
Mais, las, lorsque j’ai dû les dire
J’ai fait grincer  jusqu’à Montreal,
Grimacer ou rire car le sage
Vous est fou à l’inepte message.

 Même si les poètes sont nigauds 
J’ai chanté la fraternité des hommes,
La solidarité,… Je fus bigot
Pour vous, étant le dernier gnome
À les dire moins pour convertir
Que pour enfin y croire, le bâtir,…

Si je chantonne encor’, vocalise,
Vieux troubadour désenchanté,
C’est par habitude vaine, Lise,
Et pour ne pas la haine chanter,
Celle que gueulent tous vos artistes :
Aèdes fielleux, chantres autistes,…