Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

dimanche 31 juillet 2022

HAÏKU LIQUE FRÉNÉTIQUE

Les bons vivants font-ils de mauvais morts ?!

ÉTUDIANTE

Je suis étudiante…
Certes pas des plus brillantes,
Ni des moins attrayantes,
Oui, juste une étudiante,
Pas une simple cliente
D’une fac’ bienveillante
Aux fines foules bruyantes,
Bref, une étudiante.

Je suis étudiante
Dans une ville grouillante,
Très animée, scintillante
 Et parfois même effrayante,
En piaules défaillante,
Qui me voit ferraillante,
Moi, la fourmi prévoyante,
La petite étudiante…

Oui, une simple étudiante
Qui se fait, chose effrayante,
Au mois échu, « mendiante » :
Oui; vaillante et frétillante,
En soirées mortifiantes
Aux joutes humiliantes
Je paie, toute souriante,
Mon loyer d’étudiante…

vendredi 29 juillet 2022

HAÏ(l)KU’LIQUE

Après une mauvaise crue, essayez une bonne cuite !

ŒILLÈRES EN LA TRÉFLIÈRE

Petite fable affable

Les familières d’une fourmilière
Fort affairées reçurent une courtilière
Qui criait famine par le jardin,
Et ses chaumines, où pareil muscardin
N’est guère apprécié tant ce goinfre baffre
Et crée, en tout lieu, la disette ou ses affres.

Mais nos légionnaires avaient, jadis, le cœur
Sur la main quoiqu’en disent d’aucuns fabulistes.

L’hôtesse vécut de la sueur des sœurs
Qui l’élirent, un jour, Reine, un brin fatalistes
Avant que de souffrir de mille et un regrets :
Les lassèrent poses étudiées, stériles
Paroles,… On en vint vite au violent rejet
Chez des fourmis fébriles, aux mots, dès lors, hostiles :
Les serviles voulaient aller à la curée.
On en oublia que le trône était sacré,
Que la courtilière y avait été mise
Par ce même peuple qui pleurait sa chemise,…

Quant à la reine, elle, elle n’avait pas compris 
Qu’obéissance ne s’obtient à vil prix :
Qui ne sème que maux récolte la révolte,
Surtout si on est, à tous, et pour tout, désinvolte !

Las, certains parleront « hasard », « fatalité »
Alors qu’il n’y a eu là que « causalités » :
L’Histoire, pour l’Oubli, n’est guère élogieuse
Quand la Haine elle, est folie fort contagieuse !

mercredi 27 juillet 2022

HAÏKU DE TRAVERS

8 juin 2021 : Emmanuel Macron s’est bouffé une tarte à Tain (26)

AUGURE OU PRÉSAGE ?

À fleur d’ombrage, je goûtais l’air du temps,
Déjà l’été déshabillait le printemps.

Là, signe des cieux, une aura céleste
Est venue, en rais de lumière lestes,
Se poser doucement, ténus mais têtus,
Sur l'épaule reverdie de cette plaine 
Qui ne s'était pas encore dévêtue 
De brume et y déposer, outre son haleine,
Un divin baiser… en un geste impromptu.
Mais, signe des cieux, cette aura céleste
N’avait rien, pour une fois, de funeste,…

À la fleur de l’âge, je prenais le temps
De dévêtir, ici, mon âme un instant.

lundi 25 juillet 2022

HAÏKU WOKE

D’aucuns se plaignent de souffrances qu’ils n’ont pas connues auprès de gens qu’ils accusent de crimes que ceux-ci n’ont pas commis*.


* Aimablement soufflé par Quentin !

ODYSSÉEN

Petite fable affable d’après Homère
sur une idée de Françoise

Recraché, là, par cette mer,
Qui en avait soupé des hommes,
Ulysse, dépité, amer
Se retrouve, échoué en somme,
Las, sur quelque plage inconnue
Dénué de tout… sale et nu.
 
Et c’est donc ainsi que le trouve
Nausicaa de Phéacie,
Laid à faire peur par les flouves.
Sans en savoir plus, car ici,
Où on mange moins blé que seigle,
L’hospitalité est une règle,
Elle le soigne et le nourrit,
La solidarité n’est pas parole
En l’air ni ignoré le cri
De ceux que le malheur vérole.
La princesse le mena lors
Au souverain, son bon père. Or,
Sans s’interroger sur l’être
En question - était-il héros
Ou mendiant ? - et sans émettre
De réserve, le pot, le rôt
Il lui offrit et traite
Le naufragé comme son pair,
Qu’importaient son accent, son air,…

Cette fraternité née en Grèce,
Où la démocratie sera
Un jour plus qu’une idée nous laisse
Leçon valant mille carats :
Nous qui sommes fils de ces âges
Respectons donc cet héritage !


samedi 23 juillet 2022

RIEN NE SERT D’HAÏKU’RIR

C’est sûr, je reviens de loin… mais je crois bien que je vais y retourner.

NOUS ON RÊVAIT…

À mon inséparable des temps passés, Eric,
d’après Nous on rêvait de Charle Trenet…

Nos années de jeunesse
Dans notre trou paumé,
Condamnés à l’ivresse
Des rêves embaumés,
Nous étions une paire
D’amis goûtant aux arts
De la scène, compères
De rires et de bazar,…

Nous, on rêvait, on rêvait des planches entre potes,
Nous, on rêvait on n’verrait qu’levers de rideaux…
Nous, on savait que les bravos parfois capotent,
Nous, on savait qu’on rêvait tout haut à une vie cadeau…

Aux spots éteints
On donnait la réplique, pleins d’angoisse…
Aux spots éteints, soir et matin,
On apprenait,
Pour dépasser nos peurs et nos poisses ;
On reprenait
Pour s’faire un destin.

Nous, on pensait que dans ce travail était la sève
De tous nos rêves,
On savait, c’est pour ça qu’on rêvait.

Nos années de jeunesse,
Au temps du disco,
Condamnés à l’ivresse
De plaisirs rétros,
Un air de jazz en tête
Et des fers brillants aux pieds,
Nous dansions, en esthètes,
De très vieux films nous hantaient
Car nous, nous, on rêvait, on rêvait des planches entre potes,
Nous, on rêvait on n’verrait qu’levers de rideaux…
Nous, on savait que les bravos parfois capotent,
Nous, on savait qu’on rêvait tout haut à une vie cadeau…

Aux spots éteints
On osait la réplique, toujours jouasses…
Aux spots éteints, soir et matin,
On apprenait
Où se trouvait notre paroisse,
On reprenait
Suivant notre instinct.

Nous, on voulait que dans ce travail soit tout' la sève
De tous nos rêves,
On savait, c’est pour ça qu’on rêvait.

Aux spots éteints
On causait d’un Hollywood pas fadasse…
Aux spots éteints, soir et matin,
On apprenait
Que Broadway verrait nos funny faces,
Et reprenait
La route de not' destin.

Nous, on croyait que dans ce « sans trêve » était la sève
De tous nos rêves,
On voulait, malgré ça on rêvait,
On rêvait…

jeudi 21 juillet 2022

HAÏKU NI VANCE

D’aucuns vous disent « Adieu ! » comme ils vous enverraient au Diable !

LES CITOYENS DE LA TERRE

Petite fable affable sur une idée de Claire

La fourmi par haine des vers et du cafard,
Par jalousie de la cigale et de l’abeille,
Décida les autres insectes, sans fard,
À choisir un nouveau maître pour qu’il veille,
Sur terre et dans le sol, à ce que règnent l’ordre
Et l’équité qui, c’est las à n’en pas démordre,
Sont mis à mal par tant de nouveaux-venus
Arrivés, las, aussi barbares que nus.

Le hanneton et le bousier ne s’offusquent
Pas qu’elle ait la langue amère et le ton brusque
Pour causer des affaires de la cité
Des bêtes. Elle se croit donc en capacité
De guider leur choix : « Amis, soyons lucides :
Face au péril de mort qui demain nous attend,
Il n’y a, je le crois, que l’insecticide
Comme bon parti… Nous soit-il peu tentant ! »

Ainsi fut dit, ainsi fut fait. Sur la terre
Comme en sol, on choisit la radicalité
Qui les mit tous d’accord, sans un commentaire
De plus, avec une vraie placidité,
De la façon létale que l’on devine,
Par les monticules et par les ravines,
Y compris le grillon qui s’était abstenu…
Et la fourmi qui l’avait porté aux nues.

mardi 19 juillet 2022

HAÏKU VERBEUX

On ne vient pas à naître pour être

Mais pour paraître… avant de disparaître.


DANS LE VENT DU LEVANT !

Au rouge levant
Le clocher s’éveille
Dressée face au vent
Son ombre qui veille
Protège le bourg
Qui encor’ sommeille
Sans voir que ce jour
Naissant se vermeille

Au loin la forêt
Tend ses rêts aux brumes
Qui s’échappent, ocrées.
L’écharpe d’écume
Là s’accroche aux bois
Qui, plus qu’on ne doit, 
Lui font échardes
L’éthérée fuyarde
S’y déchire allant
En lambeaux sanglants

Aurore advenue
Qui rougit de honte
Jour nouveau-venu
Tu nous fais un conte
Jamais convenu
De ces heures promptes
Et bienvenues
Qui déjà se comptent

Y brulent des feux
Corail qui réchauffent
Mon cœur suiffeux
Mon âme en surchauffe
Pour ces mots couchés
Au couchant séchés
À l’âcre de larmes
Qui rendent les armes
À l’aube venue
Enflammer les nues

lundi 18 juillet 2022

HAÏKU’RAGE

Je suis le genre d'homme à n’écouter que mon courage mais, hélas, je suis sourd comme un pot !

dimanche 17 juillet 2022

HAÏKU HASARDEUX

Je préfère une chance insolente à une déveine polie.

LE HAUT PARLEUR & LE BEAU PARLEUR

Petite fable affable d’après Le coq & le renard de Marie de France

En ce temps, en nos vertes campagnes, on mettait
Le fumier en tas devant chez soi pour faire 
Montre de sa prospérité ; à tas épais,
Grasse et grosse fortune !… Et pourquoi donc le taire,
Notre histoire se déroule chez qui avait
Près du vieux village, sur son pas de porte,
Une vraie montagne parfumée qui bravait
Tous les temps et dessus, haut perché, une sorte
De coq altier que l’on moquait pour avoir
Plus de défauts que la coutume n’en accorde
Et que les us n’en attendent de ces couards.

Mais faisons ici preuve de miséricorde…

Jouant autant le fier que son maître était 
Orgueilleux, tout le jour, et à la cantonnade
Il chantait. On protestait… et il s’entêtait.
Il attira ainsi Maître Renard, la tornade
Qui semait ruine et déroute partout
Où il donnait l’aubade ou, pis, la sérénade.
« Bien le bonjour, bel et bon Manitou !
Sans mentir, cher coquâtre, si votre ramage
Se rapporte un tant soit peu à votre plumage,
Vous êtes le Phénix des hôtes de ce tas. »
Coq savoure en gourmet ces compliments, bêta.

« Mais je crois me souvenir que feu votre père
Fermait les yeux pour chanter mieux, plus fort ! »
Ajoute le madré. Notre coq ne repère
Pas le piège et clôt les paupières… à tort !

Le roué se saisit de lui et l’emporte
Hors la ferme. Mais on le vit aux alentours
Et on le poursuivit aussitôt et forte
Fut l’envie du chasseur, à bout de vilains tours,
D’abandonner sa proie qui lui dit alors :
« Va, crie-leur que je suis à toi de ma propre 
Volonté ! » Cette idée parut valoir de l’or.

Renard voulut jaser en ce sens aux malpropres
Lancés après lui… et l’autre s’ensauva !
Le chanteclerc reprit lors sa voix de diva :
« Nous avons agi comme de grands imbéciles :
Quand il faudrait se taire on parle, hélas, par trop
Comme on reste muet quand on devrait causer haut…
Cette mésaventure en cela me décille ! »

vendredi 15 juillet 2022

HAÏKU CHAI !

Travailler sous couverture vous met souvent dans de beaux draps !

NUES REVENUES

D’après une photo de Marc-Yvan Custeau (mai 2021)

Les nuages que l’aube blanchit
S’émient dans un ciel où renaissent
Des bleus oubliés, affranchis
Des ombres d’une nuit épaisse.

Il les sème comme un vrai Poucet,
Pour nous montrer la voie et les sentes
D’heures qui viennent à repousser
Dessus une plaine arborescente.

Au loin point le jour, lueur brillante
D’une clarté encor’ vacillante,
Qui traque la pénombre apeurée.

Elle, elle se cache au fors des arbres
Reverdis et froids comme ces marbres
Du jardin où j’irai demeurer…




mercredi 13 juillet 2022

HAÏKU DE CENT (et plus si affinités !)

Si certains ont le sang bleu, moi je garde ma matière grise…

LE RATEL A EU SA RATELÉE

Petite fable affable d’après un conte bulgare

Quand le soleil s’évadait de cette prison
Qu’est pour lui, la nuit venue, l’horizon,
Un ratel sauva le roi Lion d’un piège
Qui aurait pu être fatal à ce stratège.

Alors, Bon Prince, pour l’en remercier,
Il lui dit : « Va, je te laisse apprécier,
Par toi-même, le bon prix que vaut ma vie sauve :
Je t’offre seigneurie, ajouta notre fauve,
En mes possessions : Tout ce que tu pourras
Parcourir en un jour, ton domaine sera ! »

Sitôt dit, sitôt fait. Mais, las, si le zorille
Est cruel comme un chacal, il est, mauvais drille,
Avide comme un clan de hyènes à lui seul.
Mots du souverain valant édit, il arpente
La savane sans que ne l’arrêtent abîmes, ni pentes
Ni cours d’eau jusqu’au soir où, là, il s’écroula
Épuisé d’avoir borné, plus rapide qu’impala,
Ce qui lui revenait… et en mourut vite.

Il eut juste le temps d’entendre, à la va-vite,
Paroles d'un sage d’entre les singes qui fit :
« Te voilà bien avancé et déconfit :
Pourquoi, l’Ami désirer tant et tant de terres
Quand seuls six pieds suffiront pour qu’on t’enterre ! »

mardi 12 juillet 2022

HAÏKU BIEN PENSÉ

L’oubli c’est quand, las, il existe une page à tourner,
Le souvenir d'une sur laquelle se retourner…

lundi 11 juillet 2022

HAÏKU INJUSTE

Un fantôme manquant d’esprit ce serait comme un spectre qui ne serait pas lumineux !

CORNEILLE À L’AUBE, DANS LE SUROÎT, AU QUÉBEC

D’après une photo de Marc-Yvan Custeau (Montréal, mai 2021)

sur la page rougie d’un jour nouveau
Une corneille, sombre tache d’encre,
Posée sur la ligne nue d’un écheveau
De branches d’un très vieux chêne à l’ancre
Que l’hiver las naguère a déplumé
Et que mai frileux va désembrumer.

Elle patiente, à contre jour. Dans l’aube
Écarlate qui ensanglante les nues
Désombrées, car la nuit se dérobe,
S’écrit jà au cramoisi bienvenu
Une aurore incandescente aux heures
Volubiles où le sang et l’or demeurent.

L’oiseau, sur cette portée emportée, 
Semble se brûler au feu immobile
D’un matin empourpré prêt à porter
La bonne nouvelle d’un temps habile
À réchauffer nos piètres instants
Et même nos moments inconsistants…



samedi 9 juillet 2022

HAÏKU DE PORTE-VOIX

Certains ne sont qu’échos alors qu’ils se pensent des voix.

LE CORNECUL & LA FAUX-CUL

Petite fable affable d’après Marie de France (vers 1160 - 1210)

Jacques Bonhomme avait marié la Jeanne
Qui, à peine épousée, le prit pour un âne.
Elle lui préférait, et sans façon,
Voisins, cousins ou argousins. Bécasson,
Son homme mie ne le vit jusqu’à ces mâtines
Où las il l’a surprise, sans ses bottines,
Ni rien d’autre d’ailleurs, avec un galant
Qui pour se dérober ne se fit pas lent.

 « Ah, tu me trompes !… Je l’ai vu, Gourgandine !

- Que nenni, je grasse-matine et non badine.
Tes yeux t’ont trompé, je crains mon ami…

- Tu te moques, ajoutant à ton infamie ?

- Point s’en faut… Te penchant sur la rivière
N’y vois-tu pas toujours ton visage austère ?
Pourtant tu ne t’y baignes ni ne t’y noies !…
Tu serais bien incapable, je crois
De me dire de qui je serais amante ?!

- Il était fort jeune et prou beau, assurément.

- Es-tu sûr de cela, soupçonneux dément ?!
Malheur… C’est un présage et, pour moi, des pires :
Feue ma mère - et ma grand-mère, il va sans dire ! -
Furent aussi injustement accusées
De pareilles forfaitures par leurs rusés
Conjoints, piqués par je ne sais quelle mouche.
Or ils ont dit les mêmes mots que ta bouche
Vient, hélas, d’énoncer ; le lendemain,
Elles mouraient : je ne verrai pas demain !
Fit-elle, se levant, nue comme une naissante
Aurore. Il me faut donc, en femme décente,
Préparer mon âme à ce départ imminent.
Rends-moi mon apport, je vais, m’inclinant bas
Prier au couvent, et faire célibat,
En attendant le trépas auquel me condamnent
Tes mots faux et menteurs… puisqu’ils me damnent !

- Ta dot ?!… Trop vite j’ai du me débonder.
Pardonne mes accusations infondées,
Je retourne au labeur. Oublie, je t’en prie, phrases
Viles, amères, aux intentions discourtoises. »

Il s’en fut en songeant qu’un certain honneur
Importe moins que deniers au bonheur.
Cela crèvera les yeux à bon heur
À tout sermonneur et à tout plastronneur !

vendredi 8 juillet 2022

HAÏKU D’FOUD’

Je ne drague jamais car rien ne sert de courir après les emmerdements : ils arrivent toujours assez vite tous seuls !


jeudi 7 juillet 2022

HAÏ(kal)KU’L MENTAL

Prendre un risque calculé quand on est nul en maths, c’est risqué !

FONTAINES

À la fontaine des souvenances,
Je prends parfois un bain de jouvence,
Loin de ces foules en meute qui croient
Être le peuple et, donc, sont ma croix,
Pour vous écrire en lettres d’écume 
Quelques phrases sorties de mes brumes,
Où résonne l’écho du bonheur,
Où vit l’ombre d’une joie, d’un heurt,…

À la fontaine de mes silences
S’abreuvent insolence et indolence…
Sur mon chemin pavé de chagrins
Et battu par des trombes et des grains,
Entre murets et rejets, j’avance
Dans votre monde, sans convivence,
Suivant les miettes de temps
Que laissent tomber tous vos printemps.

À la fontaine des souvenances,
Je prends souvent un bain de jouvence,
Dans le désordre de mes matins,
Quand le noir de la nuit s’éteint
Et me pousse souvent à suivre
La route semée de nuages ivres
Pour glaner des fleurs d’instants fanés,
Des bourgeons de moment boucanés,…

Aux fontaines de vos violences
Ne coule, hélas, que ma virulence
Alors que je me cherche une Vérité 
Qui, entre rêve et réalité,
M’offre un Ciel qui ne soit un leurre,
La boue des jours collant à mes heures.
Puis, dans la nuit, je me noie
Au creux de songes éveillés, sournois,…

À la fontaine des souvenances,
Je prends toujours un bain de jouvence
Et fouille le fouillis des clartés
Qui naissent dans leur obscurité
Où grésille, et crépite, mon âme
Un œil sur l’océan tout en lames,
Ce vain commencement de la fin
Qui n’est qu’horizon à la parfin.

mardi 5 juillet 2022

HAÏKU SUR LA TÊTE

L’humour le plus corrosif ne vaut pas l’acide d’un silence.


LE MIROIR BRISÉ

Petite fable affable

Lassé des blasphèmes et des viles atteintes
Au divin, Zeus ordonna qu’on fabriquât
Un miroir de Vérité où les empreintes
De ces fléaux se marqueraient, auquel cas
Il pourrait sans mal frapper tous les coupables
Et châtier, sans vergogne, les responsables.

Donc Hadès le fit. Athéna le polit.
Et la peur qui prit les Hommes fit le reste.
Ainsi l’Olympe n’eut plus guère d’hallali
À sonner envers des ouailles si prestes
À l’ignorer parfois, ou le moquer,
La foudre étant, lors, si prompte à les choquer.

N’ayant, las avec raison, qu’une confiance
Limitée en son époux, il est vrai mari
Volage, Héra épia les défaillances
Du Grand Dieu grâce à l’eau jamais tarie
De cette glace qui dénonça Europe, 
Léda, Sémélé, Danaé, Antiope,…
Et Maïa, tout comme Io et Plouto ;
Sans parler d’Égine et de feu Callisto,…

Outrée, on ne sait à propos de laquelle,
Sa rage fut telle qu’elle  cassa d’un coup
Ce beau miroir dont les brisures en parcelles
Fort minuscules tombèrent pour beaucoup
Sur notre Terre en tuant bien des Hommes.
Cette pluie trempa tant Athènes que Rome.

Et, ainsi, on n’y craignit plus le Dieu 
Des dieux. Mais il arriva bien pire :
Les survivants, ayant reçu des Cieux
Une part de Vérité, crurent en avoir l’empire
Tout entier et y soumettre les autres
Avec vigueur, avec violence aussi,
Se proclamant, eux, et eux seuls, bons apôtres
Face aux païens, aux impies, aux indécis,…

lundi 4 juillet 2022

dimanche 3 juillet 2022

HAÏKU DU GAUCHE

Lorsque tout ne va pas droit, ne le prends pas de travers !

LES FLAMMES DU LEVANT

D'après une photo de Marc-Yvan (mai 2021)

L’incendie des cieux embrase ma vue
Comme, merveilleux, il embrasse les nues ;
Des couleurs chaudes envahissent, à peine coupables
De leur maraude, un lointain soudain palpable.

Des arbres que le printemps ramènent à la vie,
Un linceul de marbre s’envole à l’envi
Pour se brûler aux vents doux, à l’haleine
Acidulée du matin passant sur la plaine
Pour effacer la douleur des nuits,
Pour délasser mon éternel ennui,…

L’incendie des cieux embrase ma vue,
Réchauffe les dieux pris au dépourvu
Et tous ces hommes qui toujours se dérobent,
Encore dans leurs sommes, aux beautés de l’aube…




vendredi 1 juillet 2022

HAÏKU D’OUTRE-TOMBE

Si l’enfer est pavé de bonnes intentions qu’est-ce qui revêt les routes du paradis ?

LA PAROLE

Petite fable affable d’après un conte africain

En tirant sa pirogue sur la grève,
Aux abords du delta du Sénégal,
Ce marin-là croit à un mauvais rêve :
Ses prises feront un repas frugal
Aux siens mais surtout, sur le sable,
Gît un gros crâne qui, chose impensable,
Répond à son ironique salut,
Marque de son dépit. Est-ce berlue
Ou folie, tous deux défauts haïssables ?

Il dit à ce tas d'os non sans mépris :
 « Qui t’a conduit ici, divin crâne ? »
Car il doutait un peu de son esprit
Qui fait que jà, de lui, on ricane.
« La parole ! » répondit lors ce caillou
Desséché. Ce bon pêcheur, comme un fou,
Partit au village annoncer le prodige,
Se croyant un élu, pris de vertige.
L’accueillirent quolibets et youyous.

Le chef demanda le quoi et le qu’est-ce :
« J’ai vu un crâne en bord de mer,
D’où l’agitation et la liesse.

- Prouve tes dires, fait le roi amer,
Car je n’aime guère les persifflages
Ni ce qui trouble la paix du village. »

Tous partirent à l’endroit où eut lieu
Le grand miracle. Le crâne, odieux
Et sale, était là. Seul. À l’étalage.

Donc, le nautonier l’interrogea
Avec déférence, avec révérence,
Mais hélas la mâchoire ne bougea
Mie, malgré suppliques et insistance.
Aussi le chef décolla ce menteur
Et sa tête roula, horreur, malheur,
Auprès du crâne. Lors la plage se vide
Comme elle s’emplit, après ce vil bide.

La nuit tua chaleur et couleurs.
Et le crâne parle alors à la tête :
 « Petite, qui t’a donc conduite ici ?

- La parole ! » répliqua, d’un air bête,
La tronche tranchée, déjà rétrécie…