Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

dimanche 31 décembre 2023

HAÏKU DES COPAINS

Qui tait volontiers vos succès, trompettera sur tous les toits vos échecs !

COMMENTAIRE AVANT QUE DE SE TAIRE

Réponse à un texte imaginaire car la meilleure défense reste l'attaque…

  L’autorité auto-proclamée et l’entendement hermétique de certains cénacles cooptés, fines fleurs du « bien », contemptrices du « bon » et zélatrices du « bien », dénonciatrices de ce « bof » qui  nous suffit parfois amplement, à nous autres beaufs par eux méprisés, vient de frapper trois coups pour faire tomber, pudique, le rideau sur la nudité de leur raisonnement qui résonne enfin. Mais sans fin, ces sans-faim.

Des connaisseurs délicats, chatouilleux sectaires jamais à jeun de jouer les jugeurs de comédies et les jaugeurs du juste, ont sanctionné de séditieux propos et censuré de scandaleuses phrases encombrant d’aucuns de mes humbles textes. Sans doute plus risibles que comiques, ils ne méritaient pas cette volée de bois vert qui ressemble fort à une condamnation à l’enfer ou au pilon.
Le Dieu des oratoires et les Muses de l'écritoire me secouent la plume et sèchent mon encre, ces sourcilleux pédants et ces cuistres incurables, appointés par la censure d’État ou les intérêts de la concurrence, ces faiseurs de bouffons bouffis et défaiseurs de rois du rire, me dédaignent à leu gré le droit d’amuser mon prochain comme il me sied. Ce que je fais, ce me semble, pourtant assez honnêtement. Et modestement. Pou mon bon plaisir. Et peut-être un peu le vôtre.
Hélas, ces princes sans charme de l’abscons et autres tristes sires de l’abstrus, ces garrotteurs de flamme et fossoyeurs de l’Art, castrateurs en manque, auraient surpris dans mes complaintes des insultes au goût de lèse-majesté et, pire, décelé quelques offenses au parfum de blasphème. Avec des simagrées minaudées de dames patronnesses ou les affectations surjouées de filles timorées ou de brus soumises, ils viennent donc au nom de la décence et du respect me chercher querelle. Depuis, avec la mauvaise foi et la bonne conscience d’un inquisiteur, ces terroristes de l’esprit qu’ils ont mauvais et autres apologistes de la bienséance, s’acharnent, non sans mépris, sur de vils vers vains. Pourtant l’honnête homme à fables veille à ce que chacun soit touché mais personne visé, même s’il avoue, sans contrainte ni vergogne, trouver à ses bluettes des moralités allant à l’encontre de leur morale.

Que cet aréopage se rassure : son pamphlet a porté. Plaire à ces cendres d’inconséquence, suffisantes à force d’insuffisances, complaire à ces scories du ridicule n’a jamais été dans mon intention. En cela, nous sommes, eux et moi, d’accord. Mais je dénie à cette bande d’apôtres le droit d’être définisseurs des vertus, de m’interdire de faire lire ou jouer mes récits et mes drames où le tragique est dans leur œil et le pathétique dans leur esprit de gens d’âme. Aussi à leur dédain bavard ne répondra désormais que la morgue de mon silence… à leur endroit seulement. Car je continuerai d’encrer mes mauvais vers et mes bons mots pour, je l’espère, le bon mauvais goût de quelques uns.
Pourquoi mes enfants de plume, victimes putatives d’un mal supposé, paieraient-ils pour leur père toujours prêt pour un à-peu près ? Pourquoi le lecteur et le public qui ne me boudent guère, malgré ces diseurs carrés de quatre vérités, souffriraient par ces bons et beaux esprits qui ont peu vu, pas lu et à peine su et encore moins compris mes rimailles peut-être sans grand génie, sans doute sans relent de talent, mais fruits d'une opiniâtre bonne volonté ?

Le Critique - qui en fait profession, j’entends - se veut un élu et se croit « autorisé » à baver et bavasser, moins gothique qu’égotique. Mais il n’est investi d’aucune divine mission, soit-elle littéraire ou artistique. Il n’est pas le sel de la terre, juste un écumeur patenté et un folliculaire appointé qui se venge sur d’autres d’une médiocrité qui le condamne à jamais à l’obscurité. Le libelliste fumasse, que nul n’entend et que personne ne lit, plus bruyant que brillant, n’est qu'un fumeux cerveau dont le stylo, à défaut du style, doit toujours être fumant de traits qu’il voudrait, comme tous les impuissants, saillies. Laissons en plan sans mot dire, sans maux faire, ce boutefeux en folie. Incapable d’en faire lui-même, il ne songe qu’à brûler les moissons d’autrui, aussi maigres soient-elles, dans l’espoir d’en gauler quelque avantage ou d’en glaner quelque gloire. Il faut savoir se contenter de peu quand on n’est rien sur le marché opus, dindon même pas digne d’un don !
Dernier rappel à ces bons messieurs et à ces gentes dames avant de tirer, pour l’heure, ma révérence : je vise moins l’éloge du parterre que l’approbation du poulailler… LA preuve ? Mon majeur dressé au plus droit face à leur index, oppressé, plus que froid.

vendredi 29 décembre 2023

HAÏKU SUR LES ARBRES

Pour être libre avec autrui il ne faut pas l'entourer de chaînes.

LA PÉRI'…

Petite fable affable

Au temps de sa plus belle saison,
Au bel âge des fleurs en bouton,
Sa cicatrice reçut l’entaille
D’un rogaton qui, vaille que vaille,
La fit se mettre, un jour, à genoux
 Pour quelque chapelet de mots doux
Et communier par les deux espèces,
Tant le bélître avait l’âme épaisse.

Et pour le remercier de l’avoir
Éduquée comme un fort bon maître,
Elle eut droit à une place, à voir :
Tirée du caniveau par cet être,
Elle fut donc mise sur le trottoir
À deux pas, c’est fin, d’un décrottoir.
Elle y attend le chaland qui déraille
L’appelle d’une voix s’éraille.

Malgré sa marguerite effeuillée
Et son champ d’amour tant défriché
Lui reste son mec, son maq’, son Jules
Et elle doit lui en savoir gré.
Il a dit, en bellâtre qui bulle,
Qu’elle aurait, promis, des armoiries
Matin - Si elle sue du nombril ! -
Et qu’on lui donnerait du « Madame »,
Partout, de Pantin jusqu’à Paname.

À quoi elle répond, jà déçue : 
« On peut toujours croire en qui espère
Récompense mais on désespère
De celui qui l’a déjà reçue ! »

mercredi 27 décembre 2023

HAÏKU LES REUX

Les grosses colères se nourrissent souvent de petits mots.

LE DEMAIN VU D’HIER EST JOUR D’HUI

Inspiré par George Orwell


Les écrans, la bière et le foot - qu’est plus qu’un jeu -
Devenus et déraisons et vitaux enjeux,
Sociaux et politiques,
Occupent, hélas, leur petite vie privée de sens :
Spoliés d’autres d’envies, ils ignorent leurs sens,
En pantins pathétiques !
Sur ces trois piliers, ils ont bâti leur maison ;
Ces trois vérités-là bornent leur horizon.
C’est leur raison de vivre.
Qu’importe qu’ils n’aient d’âme et moins encore d’esprit
La jeux du cœur, les joies du corps sont à ce prix
Comme disaient leurs livres.

Apparence ou mode les rendent tous gagas,
Peuplent leurs mots, font tous leurs maux et des dégâts.
Très vite tragiques,
Ils sont le coeur battant de toutes leurs passions,
De leurs exultations et de leurs dépressions.
Jusqu’au plus dramatique.
Pourquoi raison garder ? Notre temps est court,
À bien y regarder… et, bien trop vite, il court.
N’attendons pas pour vivre !
Qui songe à l’âme ou à se cultiver l’esprit ?
Les cœurs vivants, les corps parfaits sont à ce prix :
Qu’aux plaisirs on se livre !

La paix sociale est le nouveau credo,
Il faut lui sacrifier tous notre être en cadeau.
Louons sa belle éthique
En dansant au pied du volcan. « Abrutissons ! »
Et que « Décérébrons ! » soit sa sainte chanson.
Et folle. Et hypnotique
Ainsi sont sociétés dociles et pays bien quiets
Aux sujets serviles qu’on rend toujours inquiets.
Gloire aux flux médiatiques !
Garder le contrôle n’est pas plus compliqué :
Méprisons qui nous servons, laissons-les à quai,…
Mais brûlons tous les livres !

lundi 25 décembre 2023

HAÏKU MOQUEUR

Je ne fais pas dans le sarcasme : l’asthme me suffit !

LE DÉCRET EST TOMBÉ…

Petite fable affable de Noël

Le décret est tombé.
Il laisse bouche bée.
Le roi supprime Noël, fête des enfants
Ravissement des grands en ces temps étouffants.
C’est fini. Terminé.
Et y’a pas à chouiner !

Noël qu’est prohibé,
Nous voilà tous plombés !
Il coûte trop. Il rapporte mal. Et il distrait
Des devoirs. Pire, au travail des jours, il soustrait…
Il fait se rencontrer
Ou bien se retrouver
Et ça fait partager,
Oublier, voyager,…

Serons-nous tous damnés ?
Noël est condamné !
Non. Son saint message, galvaudé, fut dévoyé ;
Autant l’enterrer et, au plus tôt, l’oublier.
Finies les fins d’années
Aux fêtes surannées…

Mais ça c’est résorbé :
Notre roi est tombé
Pour avoir ignoré que jeux, joies et jouets
Assurent la paix que plus que le fouet
Que rêver tient debout,
L’empêcher met vite à bout !

NEW CHRISTMAS CAROL

Voyez ce traineau qui nous vient
Écoutez tinter ses clochettes
Oui, le bonhomme hiver revient
Et ramène le temps des fêtes 

Entre sapins noirs et sapins verts,
Sur la neige blanche il vagabonde
De paix céleste recouvert
Dans le silence épais du monde
Alors qu’au ciel de nuit
Point  déjà une étoile rouge
Perdue dans un noir de suie
C’est le nez d’un renne qui bouge…

Oyez ce traineau qui nous vient
Tout en guirlandes et en clochettes
Le bonhomme hiver qui revient
Nous ramène le train des fêtes 

Yeux brillants et cœur battant
On pare d’or et lumières
Le sapin retranché un temps
Sous le toit de toute chaumière
Il accueillera les cadeaux
De ce bon vieillard qui passe
Avec sa hotte sur le dos
Par l'âtre qu'un bon feu décrasse…

Voyez ce traineau qui nous vient
Écoutez tinter ses clochettes
Oui le bonhomme hiver revient
Et ramène le temps des fêtes 

Sans leurs petits souliers aux pieds 
L’oeil sur l’argent de la neige
Les enfants chantant vont épier
Les cieux, des carreaux, font le siège.
Auprès du sapin scintillant
On garnit encore la table
Le bois craque au feu brûlant
Auprès d’une crèche en retable…

Oyez ce traineau qui nous vient
Tout en guirlandes et en clochettes
Le bonhomme hiver qui revient
Nous ramène le train des fêtes
Oui, le bonhomme hiver revient
Et ramène le temps des fêtes

samedi 23 décembre 2023

HAÏKU DE POLOCHON

Qui vit d’insomnies meurt de sommeil !

L’ÉCRITOIRE DE NOËL

Le jour tremble, comme à l’agonie, gourd et morne.
L’hiver en robe de neige et coiffe grésil
N’a pas mis le bonheur ni la joie en exil
Mais ce soir, sa livrée, de lumières ocrées, s’orne.

Il fera chaud loin de ces vents fâchés qui cornent
Et de l’empire givré des souffles gris du froid
Sur les sols gelés ou les nues figées d’effroi.

Une bûche auprès du sapin vêtu de fêtes
Dans la cheminée, tout ce soir, il brûlera
Ce soir, on oublie les frimas, les embarras
Grâce à une tablée qui fait tourner les têtes.

La messe de minuit finie, agapes achevées,
Brilleront les yeux des enfants dans cette attente
Du fol enchantement, au cœur heures chantantes,
Souliers en main, d’un lendemain très tôt levé…

jeudi 21 décembre 2023

CLAIR HAÏ(S)KU’R

Les époques les plus sombres ne sont pas les plus propices à la clairvoyance !

TOUJOURS PENSER AU PIRE !

Petite fable affable d’après Diogène Laërce 

« Sous l’empire d’une saine colère
Un geste peut vite être regretté :
Même si ce n’est pas agréable
Évitons, si se peut, le regrettable ! »

Ainsi disait le penseur clairvoyant,
Diogène, un beau matin, voyant
Le fils d'une catin jeter des pierres
À une foule de saintes et bons croyants.
Tous gens aussi vaillants que malveillants,
Huaient sa mère malgré ses prières.

Il l’arrêta par ces mots : « Gros bêta,
Attention : tu pourrais tuer ton père
- Il est sans doute dans le tas ! -
Et faire sortir les dieux de leur repaire ! »

mardi 19 décembre 2023

HAÏKU D’AIR

Souvent, qui vous semble de prime abord « respirer l’honnêteté », très vite, vous paraît « ne pas manquer d’air ».

CAPRICIO

Parmi le épiaires, au creux des épervières,
Là, dans un murmure clair, court une rivière
Qui ondule et ondoie
Où le soleil se noie
Dans des reflets brillants, des éclats de lumières,
Feux follets malicieux dans l’ombre des trémières.

Aux rives de cette onde, le lecteur du bréviaire
Viens taquiner souvent la carpe et la bouvière,
Priant comme il se doit,
Et puis, en tapinois,
Confessera sans fin de pieuses fermières,
Convertissant à sa foi de jeunes crémières,…

Au bord de ce monde, coule cette rivière
Désoiffant linières, prés, champs et chènevières.
Filant entre mes doigts,
Le temps s’y fait sournois
Pour le chemineau ou le gueux en sa chaumière
Et leurs maîtresses nues en leurs gentilhommières.

lundi 18 décembre 2023

JOLI HAÏKU

La beauté n’est que l’expression d’une mode, quand la grâce, elle, est celle d’une durable esthétique…

dimanche 17 décembre 2023

HAÏKU DE HAUTEUR

J’ai trop d’émois en moi pour me sentir seul.

LE VIEUX CHEVAL

Petite fable affable

Gisant dans un galetas sans matelas,
Le vieux cheval a le corps et le cœur las.
Il semble inhumé vivant en son étable
Noire comme un cul de basse fosse. Hélas,
Ce sera son tombeau : lui, le corvéable
À merci, il reste l’oeil sur le vasistas…

Lors, agité comme un gitan de Jité,
Le mouton qui à la ferme dit cogiter
Vient à lui : « Lève-toi l’ami, la fermière
A dit que si sans les trois jours tu n’es point 
Levé, des lasagnes seront ta dernière 
Demeure. Et déjà le premier soir nous point… »

La rossinante ne bougea mie de sa sépulture.
L’ovin revint à la charge. C’est sa nature.
Souvent. En vain. La mort étendait déjà
Son empire sur la pauvre vieille tête…
Puis, au terme du délai, revint le goujat.
« Je gage qu’on vient t’abattre ! » dit la bête.

Or le cheval voulut accueillir son sort
En face. Il se leva, quoique sans ressort.
« Alléluia ! cria-t-on de par la ferme.

- C’est miracle ! » chanta le coq, bon baryton.

La fermière ajouta, frissonnant du derme :
« Pour fêter ça égorgeons donc le mouton ! »

Dans certains cas et dans d’aucunes affaires,
Se taire est le mieux, parfois, qu’on à faire.

samedi 16 décembre 2023

vendredi 15 décembre 2023

HAÏKU DURABLE

Pourquoi la gloire serait immortelle ou le chagrin éternel alors que nous ne faisons que passer ?

RÊVER D’I.A.

Sur Ne rêvez pas de Jacques Prévert (Fatras, 1966)

Dormez,
Songez, errez, vaquez, trinquez, bouffez,…
Jouissez comm’ ça ;
L’I.A. fera tout ce qu’il faut pour vous.

N’étudiez pas :
L’I.A. saura et pensera pour vous.

Ronflez,
Misez, filmez, triquez, matez, baisez,…
Ne faîtes pas l’amour :
L’IA. vous clonera, va, tu verras !

Gamez,
Scrollez, chattez, snackez, bashez, crevez,…
Surtout ne vivez pas :
L’I.A., mes petits gars, vivra pour vous !

mercredi 13 décembre 2023

HAÏKU DE FIL

L’Amitié est une belle plante qui a besoin, de temps en temps, d’entretiens pour continuer à fleurir.

FACE AU CONCOURS DE CORTÈGES

Petite fable affable

                             « Seuls les chiens aiment à être caressés ! », ici
Dit-on. Pas faux, je pense.
Mais son plus fidèle ami, vrai, adore aussi
Ça. Soigne-lui la panse
Et l’ego et il frétillera. C’est ainsi.

Matin, le citoyen en nuées mécontentes
Se fit foules folles et bruyantes cohues
Aux cris assassins. Or ces masses militantes 
Forment ce commun, essaim méprisable, obtus,
De serfs crédules et de laquais crétins, qui travaille
Au bien public comme et l’étoffement privé.
Pis, ces hordes grouillantes et bouillantes alors cessent
Le travail. Ce peuple fat paralyse ainsi
Le pays. On lui reproche d’avoir « failli », 
« Trahi » en Haut lieu, en ces sphères où l’on paresse
Quoi qu’il paraisse et vit grassement sur le dos
De ce populaire de hères si vulgaires.
Le mépris de classe ignore âges et ères.

Multitude qui tonne et brouillonne n’entend
Point la Raison mais ses raisons, c’est ennuyante
Situation. Et malaisante. On tend lors
À la payer de mots, lui offrir hochets ou tentantes
Miettes. Mais las, là, la roublardise est fort
Éventée ; et le flux de ces flots rien n’apaise.
La peur succède, en cabinets au gros malaise…

Si la populace se lasse… Il faut agir.
Mais rien n’est plus ingrat que la piétaille en presse
Sauf peut-être l’État et qui dit le servir
Mais sans. vergogne en fait, s’en sert, s’y sert. Sans cesse.
On dit donc avoir compris. Que l’on va changer.
Et que continuer ainsi est un danger.
Puis d’espoirs vains on flatte les gens, et par vile
Force on le mate ; plus qu’hier asservis mais moins
Que demain. Gel fige la tourbe : que serviles,
Docilement, servent !… Et comme dit un témoin :
« Plus la plèbe est en gros troupeau, et désœuvré,
Plus l’homme qui en est se laisse manœuvrer ! »

mardi 12 décembre 2023

HAÏKU LÉTAL

L’amour tue, le temps est assassin, la femme fatale et l’ennui mortel… Comment voulez-vous que je ne vire pas parano’ ?!

lundi 11 décembre 2023

REFUS D’HAÏKU

Si l’ironie, moi aussi !

LA NUIT & LES FILLES

La nuit devient vite un bouge,
Pour la vierge ou pour la gouge,
Pas pour les Vénus d’antan
Qui faisaient, de temps en temps,
Lors d’un instant qu’on dérobe,
L’amour juste par amour.
Mais qui dégrafe, un jour
Qui dure toujours, leur robe,
C’est l’aller simple pour ciels
Qui n’ont rien d’artificiel…

La nuit se fait bien cruelle
Aux fleurs bleues mises aux ruelles,
Ces filles allant s’abouchant, 
Avec le premier, couchant
Par peur de la solitude,
Privées de galants discours
Car, là, tu vois, faut fair’ court.
Une question d’habitude.
Aller simple pour un ciel
En tout superficiel…

La nuit n’est pas plus heureuse
Aux langoureuses amoureuses,
Dont Satan brûle le corps.
Pas par profit. Pas encor’.
La vestale pas vénale
Fait lors l’amour par plaisir
Et pas toujours par désir.
Ces joutes sont si banales,
Allers-retours pour un ciel
Aux édens sacrificiels…

La nuit n’est que lacs et piège.
À qui, las, en fait le siège ;
Ses flammes donnent congé
À l’âme en feux mensongers.
Si l’amour vaut la chandelle,
Il n’y à là que lueurs.
Si en ton sein bat un cœur
Fuis donc vite au plus loin d’elle,
De ses voyages en des ciels
Aux espoirs circonstanciels…

samedi 9 décembre 2023

ÇA HAÏKU’LE

Toute larme qui inonde un œil noie un espoir.

LE GRAND BLESSÉ

Petite fable affable

Là où le soleil est un gros maravédis
Et la lune sequin, au bon temps de jadis,
Malgré myriade d’obligations, un comte
Qui comptait alors - Oh, je sais : je me ferai
Pardonner plus tard ! - sans l’ombre de quelque honte
Revenait à tombeau ouvert et à grands frais
D’un de ces lieux où l’on fraie - Excuse ! - « Où d’aimables
Courtisanes ont joué dessus, dessous la table,
 Fort tard, au bilboquet avec sa seigneurie. »

Paraître oisif alors avait ce juste prix !
La vie étant pleine de tours valant, la rosse !,
Cent détours et aucun retour, le beau carrosse 
Qui le voiturait au galop croise trop prés,
Trop vite, la route d’un berger, et la quitte
Précipitamment pour finir au pré après.
Rencontre fâcheuse, certes hélas, mais fortuite.
L’hidalgo qui offrait  potence aux mauvais drôles 
Et ses faveurs aux bons, pas qu’avec la parole,
Se retrouva alité, aux mains de docteurs
Zélés mais ignorants, de leur métier gâteurs.

Alliant la science apprise d’Esculape
Aux restes du génie de Galien, ces gouapes
Firent plus de mal que de bien à un patient
Qui ne l’était guère : le saignées et la diète
Le rendirent très vite plus déficient…
On s’en interroge autant que lui s’en inquiète.
Quoique homme habitué à toujours commander,
Il obéissait pourtant sans rien demander.

Faute de martingale et, pis de panacée
Les médecins qui lui donnèrent bien assez
De leur temps et, mieux, tout leur savoir lui vendirent
Essayèrent de le soulager à défaut
De le guérir, puis pour alléger son martyre,
Faute de le sauver, laissèrent à la faux
Le soin de couper court. Et si du sanctuaire
Au bordel il n’y a parfois - pourquoi le taire ? -
Que quelques petits pas, il n’y en a, ma foi,
Qu’un seul de la vie au trépas. Souventesfois.

Comme en ce cas, combien de royaumes, d’affaires
Durent leur perte aux soins qu’on prit pour leur salut ?
Si en toute chose il faut faire bien, ni plus
Ni moins, quelquefois il vaudrait mieux ne rien faire.

jeudi 7 décembre 2023

TIREZ HAÏKU

Petite mort ne fait pas de grand blessé.

AU JOUR LE JOUR

« L’homme n’a point de port, le temps n’a pas de rive ;
il coule et nous passons » Alphonse de Lamartine

Là, ce soir, l’étreinte de l’éternité 
Se meurt dans le champ
Des feux d’un couchant
Foisonnant sous ses divines vanités.

Lors les Muses viendront fleurir ma nuit,
Tissant à tout va
Son vieux canevas
De vers, ces mille étoiles de mon ennui.

Je les cueillerai, en silence, au bleu matin
Et de ces brassées,
Mie embarrassé,
Je vous ferai don. Ce sans vain baratin.

Ensuite, les heures j’irai moissonner,
Entre rire et pleur,
Les fruits et les fleurs
De mon trop-plein de mémoire écussonné.

Puis, au soir, l’étreinte de l’éternité 
Se perdra dans le champ
Des feux d’un couchant
Riche d’une bien sainte sérénité.

Lors les Moires, instant figé, moment glacé,
Voileront d’oubli
L'obscur ciel de lit
Accueillant mes tout derniers rêves harassés.

mercredi 6 décembre 2023

mardi 5 décembre 2023

HAÏKU SUR LE RÉVEIL-MATIN

Si la vie est un songe, comme l’a si bien écrit Pedro Calderón de la Barca, je ne suis pas pressé de me réveiller !

CRAPAUD & LES OISEAUX

Petite fable affable

Pris dans quelque cloaque où il fait lors la claque,
Sourd comme un pot, toujours à côté de la plaque,
Barytonne un crapaud.
Son chant, qui vaut sa peau,
Indispose tous les bons hôtes de sa flaque.

C’est vraiment une horreur.
Un jour, enfin, ceux-ci, vont jusqu’à interdire
Un rôle à ce sacreur
Dans leur divin concert qu’ « On t’offre, il va sans dire ! »

Le batracien répond à ces cœurs de corbeaux : 
« On me censure en somme.
Or, je suis comme l’homme :
Plus dehors il est laid, sûr, mieux dedans il vaut.
Pouvez-vous en dire autant, vous qui portez beau ? »

lundi 4 décembre 2023

HAÏKU D’ÉTAT

Aujourd’hui, las,  chacun songe à asservir et personne à servir
Ou rêve de  se resservir sans, au grand jamais, se desservir !

dimanche 3 décembre 2023

HAÏKU SERRÉ

Il n’est d’esprit libre qui n’ait des idées bien arrêtées !

CAL SO QUE CAL

Cycle toulousain

« Bécut, disait l’Ancien le mégot en rideau,
Le problème c’est qu’ “home, se cal marido" !“.

Dieu vivant ! et il se faut bien choisir la belle
Car elles te font le bel œil. Et en ribambelle.
Garde-toi de l’esbroufe de la coquette, vaï ! :
À te faire cocu elle, elle aura travail :
Le trompe couillon n’est pas bon pour les cassoles
Quand on a le cul trop près du chignon, mon drôle !
Mefias-té des argnouses. Et des tignouses aussi
Qui font qu’à nous tarabuster de leurs scies.
Finie la baloche avec une estafignouse
Qui fait qu’à récater. Pas mieux la pagaillouse. »

Lors, je disais, faisant le pot, faisant le piot :
« Raï !… C’est pas le plus simple de trier les mouches !

- Vida es tripot oun cadun fa como pot ! »
Et la litanie lui revenait en bouche.
Il reprenait : « Y’en qu'ont été bien perdus
Par des qui avaient la langue trop bien pendue :
Celles-là ne cherchent qu’à gnaquer et t'en flanque
Sur tout, toujours, tout un voyage. Ça leur manque
Sinon. Et puis t’as vite fait de prendre un pét
Quand elles sont parties à rouscailler. Vrai, p’tit’ têt’ !

Escampes-toi devant les celles à qui il manque 
Toujours trois sous pour faire un franc ou les branques 
Pour qui mique de pain te montre galafard, 
Murge au rouge et paté morfale… Des cafards !
Surtout, évite celles qui se la compliquent
En se mettant le doigt au cul pour s’étrangler.
Elles sont celles-là crois-moi, toute une clique !

- Des qu’ont les hergnes quand leur viennent les Anglais !

- Avec !… Cal so que cal !… En attendant, t’es jeune
Et à tous les râteliers va donc et déjeune :
On ne peut manger si on ne va au marché 
Ni vendanger sans se lever matin, fatche !
Mais surtout n’oublie mie, pitchoun, qu’avec certaines
Qui se le seront bien gagné, c’est pas la peine :
Si pour le quil t’enquiller t’as resquillé,
Au tout petit matin, t’as plus qu’à desquiller !
C’est sûr, en trouver une est parfois difficile ;
Mais se la supporter, c’est ça “le difficile” ! »

samedi 2 décembre 2023

vendredi 1 décembre 2023

HAÏKU FINAL

L’ère de la consommation de masse et aussi celle de l’inculture des masses.

L’OXYMORE DE VENISE

Édito’ à la façon de feue Rue des fables

Singulièrement, je suis pluriel. Je veux dire un être simple mais complexe donc sans complexe et pas simplet goûtant aux joies simples, fuyant autant que faire se peut les situations peu ou prou complexes. N’allez pas en déduire, simplificateurs comme vous l'êtes, que j’aime, décomplexé, à me compliquer une existence pour d’autres simplifiée. Elle le fait toute seule. Souvent simplement.

Il y a d’abord en moi cet homme affable, l’esprit carré et le corps rond qui se plie en deux de rire volontiers pour, pas mauvais cheval quoique un peu bourrin, vous faire plier en quatre. Ce n’est pas le plus encombrant et pas vraiment gênant si c’est fait à la six-quatre-deux. Je me double, incidemment, d’un homme à fables plus qu’à fame qui fait des petites histoires pour un rien avec un tout parce qu’un jour « sur les rayons des bibliothèques, je vis un monde surgir de l’horizon. » (Jack London). Brêves. Rimées. Peut-être dignes d’être ânonnées sur les bancs, qui ne sont plus, des écoles qui existent encore car « la morale sans doute est l’âme de la Fable ; c’est une fleur qui doit donner son fruit; » (A. Houdart de la Motte, Le renard prédicateur, V, 3).
Or ces sépulcres blanchis des valeurs républicaines où on met en carcan tant de beautés et au pilori bien des talents, ces médiocres tombeaux de la méritocratie où on incarcère l’esprit, l’enchaîne à l’obéissance et le tue de soumissions ne devraient pas, à bien y réfléchir, tant résonner de ces coupables bluettes. Oui « coupables », insigne je persiste et signe d’une fleur de ciste même si d’aucuns les voient innocentes, les veulent édifiantes, conformistes voire conservatrices pour ne pas dire réactionnaires dans les lettres qu’ils croient voir et l’esprit qu’ils n’ont pas. Il en sûrement ainsi chez les décideurs ministériels et autres « responsables » fonctionnarisés. Or, ces élites qui enferment les pédagogues, devenus sous leur contrainte démagogues, avec leurs braves et bons élèves dans des programmes indigents et des devoirs appauvrissants semblent avoir oublié que

 « Ésope était esclave, et il a fait des fables. Phèdre était esclave, et il fut l’imitateur d’Ésope. (…)
On voit, par ce rapport singulier entre nos premiers fabulistes, que la fable est née d’une espèce de combat entre la liberté de penser et la crainte de déplaire. Grâce à ses utiles emblèmes, le génie élude la fougue de l’autorité, combat les passions des Grands, sans s’exposer à leur injustice, cache sous la fiction qui amuse la leçon qui effarouche, et reprend son empire en paraissant l’abandonner.
L’apologue considéré sous cet aspect est un voile dont la vérité se sert pour apprivoiser l’amour-propre et aborder la tyrannie (…) »
(Claude Joseph Dorat, Réflexions préliminaires, Fables ou allégories philosophiques, 1772)

                                                         et donc une arme d’instruction massive, un grain se sel qui peut gripper la machine à contraindre, qui peut amener le début d’une prise de conscience salutaire pour le sujet et dangereuse pour qui croit le dominer. Dérision dérisoire : ce dernier ne l’opprime certes pas d’un arbitraire trop visible, mais le déprime souvent par ses décrets et, parfois, en prime, le réprime grâce à ses « Tontons. Macoutes » au nom de la paix sociale et de la sûreté collective appelée « Sécurité » chez ces autorités autoritaires. Oui « autoritaires ». Ne se croient-elles pas autorisées à faire, en tout, toujours seulement comme bon leur semble, au mépris des lois humaines au catlogue, des diktats du décalogue… et des enseignements tirés des apologues ?!

Ainsi, jadis, j’implorais tout haut les cieux décoiffants aux dieux ébouriffants que mes vers, vils épis et mèches rebelles, ne deviennent la corvée, avanie suprême, de nos chères têtes blondes, brunes ou rousses. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, les routes du vent et la crête des flots, je leur rendrai désormais grâce tout bas s’ils étaient - surtout les moins poétiquement corrects - ânonnés pa ds écoliers. Que ceci soit dit sans brosser plus qu’avant dans le sens du poil les divins peigne-culs et entendu que je n’ai pas, plus qu’à mon tour, à m’arracher les derniers tifs qui ne m’ont pas quittés !

mercredi 29 novembre 2023

HAÏKU DE LIANE

La seule chose qu’il me plaît de gâcher, c’est le plâtre !

JUSTICE POUR LA BASSE-COUR

Petite fable affable

Au temps où les fossés rigolaient, dégouttaient
Des toits, en basse-cour, Thémis fut dégoûtée.

On voulut élire un nouveau coq à la ferme
Et c’est un paon qu’on désigna à terme
Dédaignant, pour une fois, la tradition
Et coupant court à bien des ambitions
Chez les volailles du lieu, même, chez la buse
Qui dans l’affaire s’était mêlée par ruse.

Alors que le ciel, débondé de ses humeurs
Naturelles, battait froid la cour, la rumeur
Courut qu’il fallait, au plus tôt, solder les comptes 
D’une campagne dont nul alors n’avait honte.

L’oie écœurée d’avoir été très vite écartée,
Dénonça le dindon pour harceleur patenté
Sur des présomptions comme faisait naguère
La plèbe poulaillère en condamnant ce hère.

« Ce n’est là, ma foi, que la Justice ! clama l’oie

- Justice ou vengeance ? » Lui dit-on à bon droit

Elle continue de se revancher, s’en grise :
Son arme seront les populaires assisses.
Elle s’en prend, par la suite à quelque faisan
Qui frappa sa mie, hélas, disputesfaisant.
Mais la rumeur ici, d’où un tollé dans la foule
Fut étayée par une plainte de la poule.

« Je ne demande qu’application du droit !

- Rendre la Justice n’est-ce qu’appliquer des lois ? »
Répliqua lors Thémis à cette sans-vergogne
Qui, las, ne voulait pas en rester là, carogne.

lundi 27 novembre 2023

HAÏKU PAIX

L’Homme est le pire prédateur de cette proie qu’il appelle « humain ».

PETITE MONNAIE ?

D’après une photo de Marc-Yvan Custeau, 11 septembre 2023 

Un sou de cuivre doux ça ne vaut pas le coût !
Même pas charité, oui, c’st tout juste aumône,
Que cette obole, qu’à ce ciel d’or, l’aube coud.

Est-ce un sequin rougi du divin économe
Que cette ferraille roussie, toute nimbée
De nues pudiques qui, hélas à la voir, béent ?

Ce billon fait les poches, car telle est sa geste,
À la brume épaisse qui régnait jusque-là.
En la trempant, elle en fera, là, sans bla-bla,
Un maravédis, et non plus un rond modeste.

Et oui, cette pièce de cuivre que voilà,
Sera doublon à l’heure où le jeu se fait preste ;
Ce  petit liard bruni, cette offrande céleste,
Donne tout son prix à ce petit matin là…



samedi 25 novembre 2023

HAÏKU’ARTILAGINEUX

Étrangement, quand on vous dit « Arrête ! » c’est qu’il y a… un os !

LA PAROLE EST À LA DÉFENSE

Petite fable affable

Dans la savane, Dame !, avec cette matriarche
C’était, de jour et de nuit : « En avant, marche ! »
Parce que chat timide fait souris effrontée,
Elle n’était pas commode à affronter :
Elle commandait, ne passant peccadille
Ni faute même à ses cheffes d’escadrilles.

Et surtout, point de remarque à son endroit :
Le moindre mot était une insulte avec droit
De punir ;  le moindre regard une offense.
Elle terrorisait bien plus que l’enfance.
Pourtant cette peau de vache n’était pas
Un pot de colle, sauf pour marcher au pas.

Était-ce de la bonté ? Un simulacre ?
Une parodie de justice un peu pouacre ?
Elle condamnait bien souvent volontiers
Le matin les sentiments de la veille, châtiait
Qui lui en remontrait ou doutait sans gêne,
Jugeant sur ce qu’elle voyait - même à peine - 
 De ce qu’elle ne pouvait voir, hélas.
Mais elle était plus titanesque qu’Atlas…

C’était là sa tyrannie dérisoire
Car elle avait des valeurs pas illusoires.
Cette calamité enseignait, bonheur !,
Qu’ « il vaut peu celui qui monnaye son honneur »,
Que « l’égalité est vertu non vice »,
Que « l’honneur de servir est le prix du service »
Car « les faveurs nourrissent moins l’ambition
Que de vaines et de sottes prétentions »,…

Comme quoi, on peut trouver de la Sagesse
Même dans des gouvernements sans largesses !

jeudi 23 novembre 2023

HAÏKU DROIT

À propos de mes penchants et autres inclinaisons, je reste droit dans mes bottes.

CHEMINONS, MON MINON !

D'après un photo d Marc-Yvan Custeau, 22 octobre 2023

 

Il est un chemin droit qui mène à mes lointains ; 
La brume y est blanche et noires les frondaisons, 
Étreignant murs de planches et toits nus des maisons… 
Un sentier étroit pour un horizon sans tain.

À ce ciel gris et froid, le jour se fait beau teint,
Le matin calanche ou se fait une raison.
Le matin clanche, dans la rosée de saison,
Le long du chemin droit qui mène à mes lointains,

Sur ce chemin herbeux, qu’elle est douce l’errance,
Loin de ces gens verbeux et de leur vaine outrance,
Ici des moments naissent dans l’instant qui meurt.

Sur ce chemin bourbeux ne vit que le silence
Au sein de champs tourbeux, encore en somnolence.
Le temps paresse, sans que ça fasse rumeurs…




mercredi 22 novembre 2023

HAÏKU DE MOTS

Pour la plèbe, l’objet est un sujet intéressant…
Pour son maître, l’inverse n’est pas toujours vrai.

mardi 21 novembre 2023

HAÏKU DE COLLE, HÈRE !

Les plus grosses colères sont celles que, sans fin, on nourrit.

LE CAFARD SANS FARD

Petite fable affable

En un vieux monde ambieux et en des temps odieux,
Où régnait la crainte, non le respect de Dieu,
Le peuple de l’herbe et du gazon fit justice
Au très saint nom des Cieux
Un clair jour de solstice.

Concitoyen du même champ, un cafard morne
Avait, de toute évidence, passé les bornes
De la norme et, pis, de la bienséance. Erreur
Qui lui valut écorne
Et pour laquelle on meurt.
 
Pas question de faire hiberner, non, cette affaire.
En troupeau pressé, n’ayant sans doute rien à faire,
La foule affolée se rendit au tribunal.
Sans la peur contrefaire
Causa l’anormal :

« Je suis un survivant hélas. De cette espèce,
Entendement léger et peau des plus épaisses,
À qui l’on reproche d’avoir croqué dans le fruit
Défendu. Pas cette pomme dont on fait grand bruit ;
C’est une œuvre de chair qu’aux vers nus j’abandonne.
Mais plutôt le produit né des branches godonnes
Du vieil arbre de la connaissance : l’esprit.
Il a plus de saveur donc un tout autre prix.
J’ai voulu goûter un peu à cette science
Qui défie, ma foi en effet, l’Omniscience
Céleste au terrible et obscur bon vouloir,
Et qui affaiblit aussi cette omnipotence
Des nues qui nous offre désespoir et mouroirs.
Cela me vaudra le fagot ou la potence.
Qu’importe. Je n’ai fait là que tout mon devoir :

C’est toujours pour l’autre, non pour soi, qu’on ose,
Au péril de sa vie, changer l’ordre des choses… »