Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

dimanche 9 juin 2019

L’AIGLE REDEVENU ROYAL

Cycle pyrénéen
Petite fable affable

Tandis que sur l’horizon des éclairs tisonnent, 
Sans gêne et encore moins de discrétion,
Les nues obscurcies, l’aigle royal en son aire,
Œil aux aguets, cervelle en ébullition,
Remâche son ire car depuis qu’il grisonne,
À ce roi fort sage, sans variation,
Ses sujets ne donnent plus le juste salaire 
Qu’il réclame à ceux sous sa juridiction :
Reconnaissance et respect sans autre lanlère !

Il arrondissait tout angle sans démagogie,
Et n’avait, las, pas souvenance d’avoir agi
À l’endroit de quiconque avec une quelconque
Injustice ; il ne serait d’incurie en sa régie
Des nues. Et le voilà des ragots objet, cible
De cabales ourdies aux viles stratégies :
On parlait de gabegie jusque chez les conques !
Quoi qu’il fasse, pour eux, il avait mal réagi ;
S’il ne faisait rien, c’était inadmissible ;
Qu’il parle ou se taise c’était tout un. Magie
De la mauvaise foi en ces vaines chorégies.

On ne mésestimait pas en cette révolte
La lassitude de ce monarque qui allait 
À contrainte faire un métier que ces bêtes
De sac et de corde acoquinées, voulaient,
Là, lui apprendre, la mine désinvolte
Et la haine au cœur. Chaque jour, il rassemblait
Autour de lui les lambeaux chus en l’herbette
De sa dignité, voulait tout plaquer. Allez !

Mais, un matin, il réunit cette plèbe insoumise,
La tança et, l’honnêteté étant de mise,
Lui dit qu’elle était hélas, à ses yeux,
Plus risible que redoutable, qu’étant admise
Par la loi et le droit, lors, son autorité
Ne se discutait plus et que, leçon apprise
De ces turbulents, il serait monarque-Dieu
À la façon de ses pairs régnant sur soumise
Populace. Il n’y a avait plus à discuter.
Et puis il les remercia d’avoir remise
À sa place une monarchie à mort promise.

Puis il termina, leur jetant un regard appuyé :
« Si je hais moins les êtres que je ne déteste 
Leurs erreurs, je reste toujours prêt, sans conteste
À pardonner l’injure… non à l’oublier ! »

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