Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

vendredi 31 mars 2023

HAÏKU DE PEUR

Plus on te craint, plus tu as à craindre !

LES PARCS PUBLICS

D’après G. Brassens Les bancs publics,
sur une photo & une idée de Marc-Yvan Custeau

Les bancs naguère si verts,
Sous le pesant hiver,
Ces humbles reposoirs,
Gîtent, sans faire semblant
Sous leur édredon blanc.
Ils semblent comme alités,
En attendant l’été,
Sans faire trop d'histoires
Loin de tous les insistants,
En hibernant un temps.
Ils sommeillent quand grelottent tous nos parcs publics,
Parcs publics, parcs publics,…
En donnant la réplique aux passants qui s’pèlent.
Ils sommeillent quand grelottent tous nos parcs publics,
Parcs publics, parcs publics,…
En s’disant qu’ces paus’ périodiques
Doiv’ êt’ génial’ sous les tropiques !

Ils longent un chemin
Vide comme ma main,
Sous un grand ciel azur
Aux bleutés qui murmurent
Aux branches accrochés.
Ils dorment douilletemment
Sous tout ce blanc, sans allant,
En comptant jà, c’est sûr,
Les culs qu’au printemps, crénom,
Il vont connaître et tanner…
Ils s’emmerdent quand frissonnent tous nos parcs publics,
Parcs publics, parcs publics,…
En gisantes reliques d’une froide chapelle.
Ils s’emmerdent quand frissonnent tous nos parcs publics,
Parcs publics, parcs publics,…
En s’disant qu’ces paus’ périodiques
Ne réjouissent que les vieill’ biques !

Quand viendront des lendemains
Sentant bon le jasmin
Et l’herbe refleurie,
Ils vont se chauffer vaillamment
Aux rayons lumineux.
Reviendra par ces charmilles,
Toute une bande de malappris
Pour profiter du beau temps
Et d’un havre sous cieux ;
Lors, ils ne s’ennuient plus tous nos bons parcs publics,
Parcs publics, parcs publics,…
Offrant un lieu pratique où se rouler des pelles.
Lors ils ne s’ennuient plus tous nos bons parcs publics,
Parcs publics, parcs publics,…

En s’disant qu’les paus’ périodiques
Sont trop longues quand “ça” vous pique !
De belles amours sont nées,
Sont passées, trépassés,
Sur le vert de ces bancs,
D’autr’ aveux on gravera
Sur leur bois un peu gourd,
En initiales émues
Et en cœurs incongrus,
Enlacés comme amants,
Jurant des « à jamais »,  arguant des « pour toujours ».
Ils servent surtout à ça tous nos beaux parcs publics,
Parcs publics, parcs publics,…
D’puis les temps antiques disent tant de libelles.
Ils servent surtout à ça tous nos beaux parcs publics,
Parcs publics, parcs publics,…
Oubliant qu’les paus’ périodiques
Leur ôt’ tout leur côté pratique !














Photo de Marc-Yvan Custeau (Montréal)

mercredi 29 mars 2023

HAÏKU DE FEU

Chandelle : bougie ayant perdu son lustre.

LE GNOU ÉCORCHÉ

Petite fable affable

Que vous soyez tout petit ou fort énorme,
Ici c’est la docilité qui est norme
Car, las, l’usage est à la soumission,
Sans discussion ni condition.
Ainsi va le règne animal et avance
Le gras troupeau de gnous tout en connivence.

Jadis libertin, naguère dissolu,
Seul un géronte avait, lui, résolu
De jouer quelque peu les trouble-fêtes,
Les fortes têtes et, mieux les faux prophètes
De malheur, annonciateurs de crachin,
Car il ne goûtait qu’à peine son prochain.

Mourant de caducité, cette cagneuse
Gazelle mal dégrossie, souvent grogneuse
Pithie aussi, se défendait las des uns,
Comme s’ils étaient tous les pires des Huns,
Et nuisait, sans fin ni merci, aux autres
Alors que sa troupe la croyait bonne apôtre.

La horde eut a débattre, un jour, de l’accueil
De nouveaux membres ; pour le chef, un écueil,
Car ça heurtait Anciens et méfiantes.
Le vieux l’envoie paître comme fiente.
Or, bien statuer sur un tel sujet
N’est jamais bagatelle ni sans objet.

Par contre, quand le caïd de cette bande
N’espère rien et pas plus ne demande,
Voilà ce grincheux vieillard à conseiller,
Inspirer, suggérer,… sans tant délayer.
« Il suffit ! dit un jour le chef. Ton silence
Et tes dires ne sont que malévolence :
Tu es inaccessible quand j’ai besoin
De toi alors que tu prends le plus grand soin
À être bien trop présent sur cette terre,
Quand tu n’es d’aucune utilité, faux frère !

- Comment agissent tous les proches du roi
Qui, las, pensent que leurs intérêts, à bon droit,
À chaque loi ou prise de parole,
Valent mieux que le bien général
Et, pire, que “servir l’État” au final
C’est d‘abord se servir de l’État ? Le drôle
Dans tout ça c’est que je ne fais pas semblant
D’être aimable, honnête ou, devant toi, tremblant 
Et c’est moi que tu rudoies et lapides
Alors qu’avec moi tout est fort limpide ! »

mardi 28 mars 2023

lundi 27 mars 2023

QUEL HAÏKU’N AQUEL !

« Il faudrait rétablir la peine de mort pour les cons !… Bon d’accord ça tiendrait d’un génocide dont je serai le seul rescapé ! » me disait, matin, un quidam qui avait sans doute oublié qu’on est toujours le con de quelqu’un… surtout s'il est con !

LE PUZZLE DE NOS VIES

Avec un verre à la main,
L’œil rivé sur nos demain
Mais le cœur jouant de la mémoire,
Pour fustiger la chance ou les Moires,
On fait, défait et refait
Le puzzle de nos vies, une pièce
Ici ou là, plus parfait
Que le vrai, le vécu, en l’espèce…

Temps passé ou temps perdu,
On évoque dons et dus,
On rejoue le film, on leitmotive
Le bon et le mauvais qui motive,…
On fait, défait et refait
Le puzzle de nos vies, une pièce
Ici ou là, plus parfait
Que le vrai, le vécu, en l’espèce…

L’esprit plongé au néant
Qui, hélas, jà, nous attend
Mais l’âme à la souvenance
Des rêves encore en souffrance,
On fait, défait et refait
Le puzzle de nos vies, une pièce
Ici ou là, plus parfait
Que le vrai, le vécu, en l’espèce…
Avec un verre à la main,
L’œil rivé sur nos demain,
Sourire aux lèvres mais sans liesse
Comme ça. À l’emporte-pièce…

Comme pour conjurer le sort,
Faire reculer la mort
Et la nuit qui, peu à peu, s’approche
Comme un naufrage aux rocs s’accroche,
On fait, défait et refait
Le puzzle de nos vies, une pièce
Ici ou là, plus parfait
Que le vrai, le vécu, en l’espèce…

samedi 25 mars 2023

HAÏKU DE POUSSE-POUSSE

Cherchons, chez l’Autre, le vaillant plus que le brillant.

EN VOITURE, LES DEUX CHEVAUX !

Petite fable affable

Deux chevaux paissaient à leur bonne saison
En un même lieu, pour un même maître.
L’un pâturait du trèfle blanc à foison, 
Et autant de luzerne pour mieux être
Du goût du fermier qui le voulait
Vendre à la foire avant que les giboulées
Ne viennent à s’abattre sur les prés et les hêtres.

Mais l’autre, se sachant promis à partir
Rechignait à brouter en son herbage
Et pacageait sans son ventre appesantir,
Basse attitude selon les communs bavardages,
Noble attitude selon ce destrier
Qui ne voulait pas au loin s’expatrier,
Le montrant ainsi sans plus de verbiage.

Et pourtant au jour prévu nos deux chevaux
firent route pour être vendus en ville.
Et, bien négocié au marché, par vaux
Et monts, le gros devint lors porteur servile ;
L’autre, étique à force d’être finasseur,
Connut, las, le couteau de l’équarrisseur,
Payant de ce prix sa révolte incivile.

Quand ton destin est scellé par autrui,
Quoi que tu veuilles ou fasses, sans bruit,
Ou avec fracas, tu ne pourras le changer.
À toi, l’Ami, d’au mieux t’en t’arranger…

vendredi 24 mars 2023

SAGE HAÏKU

Dans l’adversité comme l’opulence garde étale ton âme… de peur qu’elle ne te soit létale.

jeudi 23 mars 2023

MODERNE HAÏKU

Pour les bons moments l’amour, pour les pires l’amitié… 
et, pour tous les autres, les réseaux sociaux ?

LES PREUX DE L’ESCARPEMENT

D’après une photo et un titre de Marc-Yvan C. (Janvier 2022)

Dans le petit jour terne d’une aube aux abois
La forêt a éteint ses bruns, ses noirs sévères
Pour une tunique entière et altière
Depuis que l’hiver blême a blanchi ses bois.

Alors que le froid nous met jà au calvaire
Les ombres bleues sur ces robes albes flamboient
Baignent les bruyères, se noient aux fondrières.

Le soleil, tapi, là, sur les cimes, aux abois,
A la mine triste, hélas, d’une eau de faisselle.
Il voile les lointains où le vent joue du hautbois.

L’œil éblouit sur ce décor qui ensorcelle
Dans le jour si terne, jaloux de leur éclat,
Mon regard scrute ces opalins falbalas,
Habits de lumière qu’un rien ocèle.



mardi 21 mars 2023

HAÏKU POUR LA ROUTE

Le vers d’un buveur d’eau est souvent vain !

LES SABOTS HELLÈNES

Petite fable affable

Du temps où Oedipe régnait sur son monde
Et se faisait fort respecter à la ronde,
Deux Béotiens, jusqu’à Thèbes, cheminaient,
La mine triste et le front plissé, minés
Par le sombre oracle que la Pythie de Delphes
Avait rendu à ce couple de philadelphes.

Ils rentraient donc comme ils étaient venus.
Mais l’un d’eux des plus pingres, idée saugrenue,
 Avait acheté pour faire leur long voyage
Des sabots trop petits qui, las, sans ambages,
Le faisaient fort clocher et donc beaucoup souffrir
Depuis l’aller sans espoir, las, d’en guérir.

L’autre, se croyant prévoyant, au contraire
Avait pris les siens plus grands car l’agraire
Adage veut que le plus est le mieux !
Mais ses pieds cloquaient. Chaque lieue
À courir lui était bien plus pénible
Et chaque pierre, un mal plus inadmissible.

Ils marchaient mal l’un clopin l’autre clopant
Sur cette route sous l’œil de l’occupant 
Du Mont Parnasse et d’un paysan, binette
À l’épaule, qui rit, comme une nonnette,
Des deux boiteux : « Qui veut affronter la chaussée
Doit d’abord s’assurer qu’il est bien chaussé ! »

lundi 20 mars 2023

Cadeau bonus : POUR LE PRINTEMPS DES POÈTES 2023

Poème pour le poémier de Géno

Quand l’Homme, sur la terre, traça des frontières,
Notre Humanité, encore primesautière,
Cessa d’être une famille unie et entière
Et le monde devint un vaste cimetière…

HAÏKU DOUBLE

Certains, doués à en choir, font de haute main, main basse sur ce qui aurait du nous échoir !

dimanche 19 mars 2023

HAÏKU DE TEMPS

Pourquoi vouloir prévoir “le long terme” quand la vie est si courte !

ET LA FÊTE CONTINUE

« Qu’es-tu donc, ma mie, devenue ? »
Dit la musique revenue…
Mais cette soirée-là m’attriste
Et je reste seul, loin des pistes.
La fête continue
Et met mon âme à nu.
Il ne me reste plus qu’à boire.
La fête continue
Mais tu n’es pas venue.
Est-ce la fin de notre histoire ?

C’est comme ça qu’on c’est connu.
C’est ici qu’on s’est reconnu.
Pas besoin d’être mentaliste :
Je suis trop sentimentaliste !

La fête continue,
Assourdissant les nues,
Pire, étourdissant ma mémoire.
La fête continue
Mais tu n’es pas venue
Et ma tête est une bouilloire.

On s’amuse de mes déboires
Puisque la fête continue
Et que, c’est chose saugrenue,
Cette fête qui continue
D’vait te voir à moi revenue.

vendredi 17 mars 2023

HAÏKU SAINT

La résignation n’est le remède d’aucune douleur. La haine non plus !

L’APPÉTIT LE MOINS PETIT

Petite fable affable

L’ingratitude m’est un vrai dégoût.
Or bouchée avalée n’a plus de goût
Chez beaucoup de bêtes qui, pourtant, chantent
Les valeurs humaines qui tant les hantent.

Ces mêmes animaux ont des secrets
Cachés dans leur esprit fort acéré,
Quand il s’agit d’ourdir un stratagème
Ou de savoir les plus belles gemmes
Que leurs pairs ne veulent, las, dévoiler
Mais qui valent d’être, au jour, étalées.

C’est vrai surtout chez ces bons oiseaux-lyre,
Chantres du médire, hérauts du délire.
Car plus vous vous taisez, plus ces rustauds
Insisteront pensant que, bientôt,
Voire plus tard, par vaine bouffissure,
Vous causerez de choses dont ils assurent,
Sans les savoir, qu’elles valent détour
Ou qu’on se joue de vous par quelque tour.

Or, les causeurs cacatoès, victimes
Souvent des ménures fouilleurs d’intime,
Traqueurs de ces obscures cachotteries
Ou, pis, d’inavouables conneries
En eurent, sous leur vert couvert de feuilles,
Assez de ces vains dégustateurs de breuille…

« Pourquoi, chers curieux, quérir aveux ?
Soupçons, inquisition,… nul n’en veut !
L’oiseau le plus fin sait, mes chers faux-frères,
Fit une huppe des plus altières,
(Perroquet n’aimant guère pérorer
Pourtant avec ces avides niais)
Que, souvent, silence fait transparaître
Ce que l’on veut taire sans y paraître :
Observez plutôt que de harceler
Et vous saurez ce que l’on veut celer ! »

mercredi 15 mars 2023

HAÏKU DE RAÏ

Pour être à la page, aujourd’hui n’écris pas une ligne :… sniffe-la !

VA

Si tu vas et viens au vent
Du noir couchant au gris levant,
Lève donc le nez et regarde
Le ciel de lit de l’été…
Et quand il n’est plus sur ses gardes,
Plonge y comme en un Léthé,
Oublie ce qui bouffe ta moelle
Alors que brillent les étoiles…

Si tu erres au creux des chemins
Sans plus avoir peur de demain
Et sans nul souci de la veille,
Poursuis ta route, l’Ami,
Pour trouver à voir des merveilles
Dans l’air de l’aube qui s’émie,
Dans la rosée aux toits de toile.
Laisse le vain gonfler ta voile !

Alors que brillent les étoiles,
Oublie les escales et leurs squales
Qui font d’une vie un labeur
Serpentant, las, de leurre en heurts…

Laisse le vain gonfler ta voile !
Quand la chaleur du poêle
N’est plus pour toi, faute de toit,
Pars loin des chafouins matois…

Car toujours brillent les étoiles, 
Et le vain gonflera ta voile…


Tableau : Elisa Satgé, mai 2021


lundi 13 mars 2023

HAÏKU’RSES

La publicité inassouvit notre satiété de consommation.

AH, LES DEUX CHEVAUX D'ANTAN. !

Petite fable affable d’après le cheval de ferme et le cheval de bataille
de G.-A. Lemonnier, Fables, contes & épîtres (1773, fable 32)

Le fort fringant coursier d’un tout jeune officier
Et le souffreteux limonier d’un vieux fermier
Partagèrent, d’aventure, la même étable,
Comme, à l’auberge, leurs maitres la même table.

Le pied au pailler, le nez dans le râtelier,
L’étalon altier se goberge, familier,
Morguant la rosse vouée à l’art aratoire :
« Demain, je volerai de victoire en victoire,
Moissonnerai les médailles et, couvert de gloire,
Ramenant un prince, un conquérant sur mon dos
On me couvrira, lors, de baisers, de cadeaux…
Et tout ça pendant que les ploucs suent et travaillent,
Labourent au lieu de livrer d’autres batailles !

- Tâche simplement de rapporter ta peau
Avant de tant pavoiser, cher porte-drapeau ! »

samedi 11 mars 2023

HAÏKU DEMAIN

Quand j’offre mes services ce n’est pas toujours pour donner de ma personne !

PAUVRE MATIN

D’après Pauvre Martin (Georges Brassens)

Avec une aube qui s'engage,
Avec, dans le ciel, un levant, (bis)
Avec, au cœur, au peu de rage
Il faut remettre le nez au vent.
C’est le matin… pour nos misères,
C’est un terrain très excitant !

Pour se gagner un peu la vie,
De l'aurore jusqu'au couchant, (bis)
Faut perdre son temps sans envie,
À bosser dur, par tous les temps
Et dès matin, ce sont misères
Qui nous viendront en s’agitant…

Faudra s’lever, s’laver le visage,
Se composer un air av’nant (bis)
Pour être, comme l’veut l’usage,
Toujours content, toujours riant,
Dès le matin, face aux misères,
Dont on crèv'ra, en végétant…

Et quand la nuit nous fera signe,
Qu’il est grand temps d’foutre le camp, (bis)
On r’tour’n’ra dormir, indignes,
Seul dans un lit froid et grinçant,
Jusqu’au matin, jusqu’aux misères
Qui reviendront en un instant…

Et c’est com’ça qu’on vit en nombre,
Quittant nos lits froids et grinçants, (bis)
Dès que s’en va cette pénombre
Et que nos vies s’en vont passant
Dès ces matins, tout en misères,
Qui nous assaill’ à tout instant…

vendredi 10 mars 2023

jeudi 9 mars 2023

HAÏKU POUR LA ROUTE

Je me grise au blanc et me noircis au rouge !

L’ALOUETTE & LA TAUPE

Petite fable affable librement inspirée de de Guillaume-Antoine Lemonnier 
L’alouette & la taupe in Fables, contes & épîtres (éd. de 1773, fable XXVIII)

Naguère, dans un champ de sainfoin
Une alouette prenait grand soin
De couver près d’une taupinière
Où commère taupe a sa rabouillère.
Ces voisines jasaient, jabotaient
En vraies causeuses aimant radoter,
Elles babillaient du beau temps et des choses
Qui font, ou ne font pas, une vie en rose :
« Si tu voyais, l’Aveugle, l’azur
Du ciel et savais l’air pur
Où rêver, où chanter est un délice…
Rester enterrée doit t’être un vrai supplice !

- Ton ciel met à la merci
De l’autour, du loup,… de l’Homme aussi.
Il t’offre un ramage qui fait qu’on t’encage.
Quant à voir, ne plus le faire fait qu’on enrage ;
Mais moi qui n’ai, de ma vie, vu,
Je m’en accommode, Ma Dodue :
On est plus en sûreté sous la terre,
Que lorsque comme toi, par trop, on s’aère.

- Mais j’ai mes ailes pour voler haut
Et échapper au rets, aux corbeaux,… »

Le temps, passant, mit d’accord nos raisonneuses :
La chasse tua l’oiselle un peu crâneuse ;
Un soc de charrue trancha, plus tard,
La fouisseuse et tous ses moutards.

Pour survive en ce monde, je ne le farde
Point, restons toujours, mes amis, sur nos gardes :
Aucun lieu, ici-bas, n’est sûr
Soit-il ouvert ou clos de hauts murs !

mardi 7 mars 2023

HAÏKU À CREUSER

Pour faire mon trou, en tête de pioche mais pas sot, je multiplie les appels… et pas que du pied !

LES QUESTIONS ANGOISSÉES D’UN GÉOGRAPHE DÉBOUSSOLÉ

Si en tenir une couche n’est pas flatteur qu’en est-il d’habiter Couches (71) sans chercher la fuite ?
Peut-on jumeler Jette (Belgique), Lens (62) et Lancé (41) ?
Mettre un pied dans La Tombe (77) est-ce si dangereux que cela ?
Pourquoi les chinois investissent-ils tant pour visiter Mars alors que c’est une commune  du département de la Loire (42) qui ne doit pas être si difficile que ça à trouver ?
Sallespisses (64) vaut-il mieux que roupie de sansonnet ou pipi de chat ?
Doit-on avoir peur des bandes de Saligos (65) que de celles de Salau (09) ?
Sainte-Verge (79) pliez pour nous ?!
Atteindre Termes (11) signifie-t-il la fin du voyage ? 
Recevoir une carte de Voeu (36) signifie-t-il qu’il existe plus paumé que nous ?!

lundi 6 mars 2023

dimanche 5 mars 2023

HAÏKU DE MALCHANCE

Contrairement à son appellation « le bonheur » vient tard !

VOULOIR AIMER

Petite fable affable à Félix Lope de Vega Carpio (1562-1635 )

De bas en haut du baobab ça babille,
Ça dispute et bataille entre les filles.

Des oiselles trouvant pesant leur trésor,
Veulent trouver amant ou mari en or.
Et donc on s’arrache les beaux mâles disponibles
En se déchirant de la griffe et du bec,

D’un nid à l’autre, en jouant fort les pénibles,
Pour tel vil béjaune ou quelque autre blanc-bec.
Un vieux vautour veut mettre de l’ordre
À cette foire d’empoigne, à ce désordre.

Bien mal lui en prit car il devint
La cible des sottes guerroyant en vain
Mais qui ont, las, bon bec quand il faut répondre
À qui veut leur apprendre à couver ou pondre.

L’une de ces oies blanches, moins dinde en fait
Que ses cent rivales ou ses cent sœurs, rappelle
À ce déplumé dont le discours est faix
Que les chiens, chez les Hommes, interpellent
Qui veut voler des choux alors qu’un cabot
N’en mange pas, d’ordinaire, lui-même :
« Cou pelé, plus usé que rusé, c’est beau
Mais remballez médires et anathèmes :
Vous êtes des êtres qui ne sachant aimer
Ne tolèrent qu’autour d’eux on veuille aimer ! »




















Illustration : Elisa Satgé, été 2019


vendredi 3 mars 2023

HAÏKU D’ŒIL DANS L’RÉTRO

J’ai tellement changé que j’ai du mal à vous reconnaître !

PLEINS FEUX SUR L’IVOIRE

L'aurore s’habille de rose et de pastel.
Ses tons chauds dansent dans l'air trop froid qui se fige,
Fardent les restes blafards du vieux castel
Auquel la neige tombée a rendu son prestige.

Attisant les ailes de ces rêves restés
Cloîtrés dans la nuit qui meurt sans s’attrister,
Ce décor blême, empesé, tient du prodige.

Ce paysage-là, d’ordinaire accidentel,
N’est que douces estompes et courbes à l’esquisse.
Ébauchées par cet hiver au linceul mortel,
Ces formes se nuancent aux teintes des nues lisses.

L’aube appelle un jour qui, matin, va exister.
Les arbres grelottent et les sapins frémissent
Donnant du relief au ciel contrasté.

mercredi 1 mars 2023

HAÏKU DU AÏ-AÏ

Quoi qu’il y paraisse, seule la paresse me fatigue !

AMÈNES PROPOS FILIAUX

Petite fable affable

« Telle extravagance conduit au tourment !
Chantait un drôle d’oiseau à son père.
Vous allez souffrir forcément, inutilement.
Pensez donc : épouser après feue mère
Une donzelle !… Vit-on à rebrousse-chemin ?

- Pourquoi, Fiston?!… Je suis fort prospère ;
J’ai encor’ de beaux ans à vivre, sûrement.
Je ne veux plus de ces heures amères
Entre regrets et souvenirs des bons moments.

- Mais ces oiselles sont comme le lierre
Qui ne prospèrent sur l’arbre qu’en l’étouffant !

- Aurais-tu, en la matière, mon enfant,
Là, quelques insoupçonnées lumières ?!…
Oiseau de mauvais augure, je crois infiniment
Plus qu'un vieil amant, fors ses prières,
Est le gui qui épuise très lentement
La belle branche qu’est sa chambrière ;
À elle indifférent, voire égoïstement
Culpabilisateur et sans apitoiement :
Souvent à corps de boue, cœur de pierre ! »





















Illustration : Elisa Satgé, décembre 2021