Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

mardi 23 avril 2024

HAÏKU LUMINEUX

Beaucoup ont le mâle du pays alors que l’allogène est souvent plus brillant !

J’ME TIRE AILLEURS

From I’m movin' on sung by Elvis Presley
written by Hank Snow

Depuis qu’j’suis connu,
J’suis très en vue,
D’tout un tas d’inconnus,
Des m’as-tu-vu
Mais moi j’fuis sans peur,
Les cons, les voyeurs
Vadrouilleurs, ces crieurs
De tout monnayeurs,
Donc, j’me tire ailleurs…

Loin d’leurs soirées coincées,
Où l’on fait qu’têter
Que des jus frelatés
Et de l’herbe assez,
J’me tire ailleurs, 
Voir du meilleur,
D’ces mondanités,
On n’sort que cuité
Donc, j’me tire ailleurs,
Un tant gouailleur.

D’leurs plateaux télé,
J’en ai vraiment soupé
D’me mêler à des fêlés,
D’aller m’louper ;
Loin des railleurs,
J’me tire ailleurs 
Respirer du vrai, 
Et r’garder du frais
J'me tire ailleurs, 
Gouailleur, railleur.

Quand on me court par trop
Sur le haricot -
« Boulot, dodo, métro »,
Cocoricos,… -
J’me tire ailleurs,
Voir du meilleur,
Si j’me fait tartir un brin
Avec Miss Bourrin
J'me tire ailleurs,
Gouailleur, railleur,…
Me dis « Casse-toi ! »,
« C’est pas pour toi ! »,
Lui dis « Casse-toi,
De sous mon toit ! »
Car ces « Casse-toi ! »
Ça laiss’ pantois,
Et bien plus, crois-moi,
Qu’d’montrer son doigt
Et me tir' ailleurs
Loin des chieurs.

J’me dis « Casse-toi ! »,
« C’est pas pour toi ! »,
Vous dis « Casse-toi,
De sous ce toit ! » ;
Tous ces « Casse-toi ! »
Ça laiss’ pantois
Et bien plus, je crois,
Qu’d’montrer son doigt.

J’me tire ailleurs
Voir du meilleur…

Gouailleur, railleur,
J’me tire ailleurs…

J’me tire ailleurs
Voir du meilleur…

dimanche 21 avril 2024

HAÏKU PENCHÉ SUR LE CÔTÉ

On manque plus d’esprit que d’idées dans notre beau pays !

BIENVENUE À BORD

Mon enfance ne fut pas, hélas, sans nuage,
Plus en brunes d’ombres qu’aurores de vermeils,
Mais c’était lors un sage et merveilleux rivage
D’où j’appareillais pour d’illusoires soleils.

Voilà que s’approche, matin, le dernier quai,

Qu’il faut ranger les cartes et, jà, plier les voiles,
Ne plus goûter aux vents et embruns en hoquets,
Et ne plus mie calquer sa course sur l’Etoile…

J’ai vu mille horizons se pointer à ma proue

ue je n’ai pas conquis ni mis sous les verrous,
Laissé filer à ma poupe autant de tropiques…

Entre grains à bâbord, à tribord ouragans,
J’ai traversé un monde et une époque épiques.
Le voyage fut beau… à défaut d’être grand.

vendredi 19 avril 2024

HAÏKU D’À FRIC

Mal acquis est souvent bien gardé !

MAUSSADERIE ou MOROSE LE MORAL*

À Charles Cros (1842 - 1888)

Ce siècle neuf et froid, mais de fer et de feu,
Tue, en nos cœurs meurtris, le miracle du rêve,
Décroche à nos nues grises, et le miel et la sève
De nos contes d’antan pour des propos suiffeux.

Car tous sont boute-feux quand tout est couvre feu.
Donc foin de merveilleux, et on crève sans trêve ;
Fi d’enchantement, des mythes et songes d’aïeux :
La vie nous est brève et les fées sont filles d’Eve.

Finies chimères, idées et la magie des livres ;
Enterrées utopies, illusions qui délivrent :
Le désir est manant quand le plaisir est roi.

Trophées qui affolent, butins qui vous enivrent,
Voilà ce qu’est réussir, voilà ce qu’est vivre
Au siècle de fer et de feu… mais neuf et froid.


* Sous-titre suggéré par Catherine Destrepan

jeudi 18 avril 2024

HAÏKU DE REINS, HAIKU DE RIEN

Aujourd’hui, on confond le sexe et l’amour alors que le premier dure ce qu’il peut et l’autre ce qu’on veut.

mercredi 17 avril 2024

HAÏKU LISSE

L’amour c’est un infini borné par une vie limitée.

LE TEMPS NE PASSE POINT…

D’après Le temps ne bouge point et jamais ne repose
de Jean-Baptiste Chassignet (1571 - 1635)

Le temps ne passe point et jamais ne se pose.
Il nous navre au matin, cheminant à son pas,
Pour nous dépêcher, là, sous un un ciel sans appâts,
Où nous faisons mine de ne croire la chose.

S’écoulent les saisons, qu’on lit à lèvre close, 
En sentes qui sinuent, serpentes, de hauts en bâts, 
L’âme blessé, l’esprit gourd, le cœur au trépas, 
Sans rien qui repose ni l’espoir d’une pause.

Le printemps ne fut point inclément, loin s’en faut
Mais sa douceur, hélas, maints et maints assauts
Fut plus givre glacé que rosée fraîche en sorte.

L’été n’a pas porté de beaux fruits tous les jours,
Et l’automne fut vents mauvais, comme toujours,
Car déjà l’hiver de mes jours frappe à la porte.

lundi 15 avril 2024

HAÏKU DEUX LIVRES

Quoi de plus incongru qu’une page blanche dans un roman noir ?

L’HOMME QUE T’AIMES

Il a le crin blanchi,
L’homme que t’aimes,
Et il s’est avachi,
L’homme que t’aimes.

Mais il est toujours là
Et de toi jamais las,
Lueur au fond des yeux
Et sourire en bouche,
Remerciant les cieux
Quand nos mains se touchent
Ou nos lèvres s’abouchent ;
Quand nos deux corps se couchent
Pour des sommeils profonds
Et des rêves sans fond.

Pourtant tu l’aimes
Avec son air gauchi…
Pourtant tu l’aimes
Malgré son dos fléchi…

Ainsi les heures passent
Qui tant nous carapacent,
Menant feues nos ardeurs
Sur ce qui nous reste
De chemin, sans grand heurt
Et d’un pas moins preste,
Vers le tout dernier lit
Celui qui tout délie
Sauf la douce tendresse
Qui rythme nos jours,
Malgré mes maladresses,
Qui vaut les « toujours »
Et, sans doute, un peu plus même,
Que te disait l’homme qui t’aime…

Malgré son crin blanchi,
Et son vieil air gauchi…
Malgré son dos fléchi
Et ses traits avachis…

samedi 13 avril 2024

HAÏKU DE FART

Allez au ski rien que pour brouiller les pistes est non seulement dangereux mais irresponsable : on se retrouve vite à glisser sur une mauvaise pente !

LA JEUNE VIEILLE

« Le coeur bat là où il n’y a pas d’autrefois » J. Prévert

L’esprit déchiré d’une jamais madame,
Elle va, croquée au cœur, mordue à l’âme,
Affronter les crocs des ans, la dent des gens,
Le regard vide et noir, le pas diligent.
Pour les lèvres écumeuses, le passé trouble
D’une vieille extase compte plus triple que double.

La marche des ans et le labour du temps
Marque un corps mouvant aux lyres du vent.
Vivante parmi les mourants, elle est chimère,
Fantasme qu’on montre au doigt, fille mère :
C’est le mauvais exemple, la court vertu,
La fille perdue, la source émue vite bue.

Quand on t’a défleuri sans fard ta jeunesse
Volée, qu’on t’y a imposée la vieillesse,
Comment savourer un moment l’oeil au ciel,
Goûter le moindre instant quand le miel est fiel ?
Plus la rage de manger les jours qui passent.
Plus la force de boire les heures lasses.

Certes, elle a apprit, seule et froide, à aimer
Bien plus charmes d’avril ou douceurs de mai,
Soleil de février, frimas de décembre
Ou givre en juillet et vents fous de septembre
Mais aux grands inquisiteurs, le grisonnant
Du cheveu est de jeux grisants le tenant…

jeudi 11 avril 2024

DIALOGUE HAÏKU’LLU

« Avec mon idée, ma patronne va se faire des couilles en or !

- Dommage, c’était plutôt une belle femme ! »

ÉCLIPSE TOTALE

Au lendemain du 8 avril 2024
sur une photo de M.Y. Custeau

Le jour se fait blafard au rendez-vous des astres,
Comme s'il annonçait quelque désastre en cours,
Un avenir qui va, sur l’heure, tourner court.

Notre esprit nous ramène au temps de Zoroastre :
 La lumière blême, tuant un temps la clarté
Et un frisson glacé qui fend l’air, tout y est !

Une atmosphère d’apocalypse nous hante.
C’est hypnotisant la nuit à midi sonnant
Et, à défaut d’être malfaisant, dissonant.
Sont-ce prémices de prophéties effrayantes ?

Présages de sombres malheurs, de malefaim,… ?
Cet auspice augure-t-il pour nous « l’Autre Rive » ?
Le jour du Jugement Dernier qui, las, arrive
Pour un monde en dérive et qui marche à sa fin ?



mardi 9 avril 2024

HAÏKU DE BAMBOU

J’ai demandé à mon pâtissier un gâteau pour 8 personnes.
Il m’en a vendu un pour 6 au prix d’un pour 10 !

AU LONG DU JOUR…

Au long du jour
Je cours toujours
D’un repassage au repas sage
Et puis d’un ménage à un « Mais, nage ! »
La vie m’épuise
L’envie s’épuise

Je xourds toujours
Au fil des jours
Souvent butin parfois catin
Chez les beaux teints des vieux bottins
L’envie m’épuise
Ma vie s’épuise

Au long du. jour
Au fil des jours

lundi 8 avril 2024

HAÏKU RÂLANT

          Notre siècle n’a, hélas, d’estime que pour la célébrité née dans la jeunesse et de considération que pour la renommée vite acquise. Et tant pis pour pour le laborieux talent méconnu ou l’humilité industrieuse et créatrice.

dimanche 7 avril 2024

HAÏKU SUR LA TÊTE

Peut-on vivre, à la fois, une petite vie et un grand amour ?

TERREURS NOCTURNES

Ainsi va ma vie, ainsi vont mes nuits…

Éprouvé par la vie et hanté par la mort,
Crépuscule qui s’éteint, aube qui s’allume
Me sont des affres hélas, pire d’un même abord :
Ils angoissent mes heures et soucient fort ma plume…

S’apeurer à chaque soir que la nuit te dorme
Et puis s’étonner de s’éveiller au matin,
Regrettant qu’aurore allonge l’ombre de ormes
Car, à la brune, la peur reprendra du teint…

S’épouvanter que le sommeil jamais ne vienne
Mais se défier des rêves qui me tournent court,
De ces cauchemars qui, encor’, toujours, reviennent ;
S’effrayer d’un repos qui épuise le jour…

Craindre ces lits froids de solitude qui restent ;
Appréhender celui chaud des amours passant ;
Frémir, sans répit, d’une pénombre funeste ;
Redouter les veilleuses allant en faiblissant…

vendredi 5 avril 2024

HAÏKU SENTIMENTAL

L’Amour fait gagner de cœur ce qu’elle  fait perdre de raison.

EN L’ABSENCE DE TA PRÉSENCE

À Tatie, le 21 janvier 2023

Et il pleut, à tâtons, 
Des fleurs de coton,
En entêtant mobile
D’heures immobiles,
Au village endormi, 
Sur l’église assoupie,
Dans la nuit cécitante
Dans l’ennui de l’attente.

Tristesse ensevelie
Dans la peur de l’oubli,
D’un silence anobli
Sans risque d’embellie.

Aux veines de bitume
Du bourg en blanc costume,
Sur sa chair de béton,
Pleurent de gros chatons
De peuplier, manège
Indolent d’une neige
D’heures vite passées
Et d’un temps trépassé.

mercredi 3 avril 2024

HAÏKU DE SCOOPS & DE BUZZS

Les médias, sociaux ou non, font d’éphémères immortels.

VOILÀ REVENUE…

Voilà revenue la cohorte des nues,
Silencieuse légion moutonnière,
Qui court les cieux à l’aurore venue, 
Qui marche sur l’horizon sans bannière
Dans ses vaporeuses cuirasses nues.

Voilà revenue la cohorte des nues,
Armée disciplinée qui paît et qui broute
Pour qu’il ne repousse plus, l’azur ténu,
Jusqu’au bout de ce qui sera sa route,
Lente marche forcée, connue, continue,…
La saison, menue, nous avait prévenus…

Voilà revenue la cohorte des nues,
Qui commence le siège de la plaine,
Pour l’inonder, en assauts sans retenue,
Du bon sang du ciel  qui, à coupes pleines,
Fécondera ses dons menus et grenus
Avec une bonté par tous reconnue.

Voilà revenue la cohorte des nues,
Phalange pour des terres qui par trop donnent,
Trop entretenues, devenues moins charnues,
Seule armée bienvenue, dont on pardonne,
Les excès fous ou la mauvaise tenue…
Car elle offre tout, sauf la déconvenue.