Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

jeudi 31 juillet 2025

PARIS N’EST QUE PARI

Ivre d’envies et à jeun de vie,
Paris est de rêves inassouvie
Mais aujourd’hui qu’est donc cette ville
Où, toute heure, on veut mettre au pas
Et nos hiers aimés au trépas ?
Hélas, j’ai la mémoire incivile…

Jamais lassé d’un passé lissé,
Ce monde déchiré au temps froissé
Habille la Cité de pluies nocives,
La chapeaute d’un mortel brouillard ;
Un châle de brumes acides, sans art,
Vêt les épaules de cette agressive.

Où sont crieurs de journaux, pipelets,
Chanteurs de ces rues qui complaintes beuglaient ?
Touristes et bobo’ ont chassé les foules
Qui faisaient la ville tant bien que mal…
On y préfère domestique animal
À mémé, vieux coqs et jeunes poules.

Qui voit ses clous et bat son pavé ?
La ville-lumière est délavée !
Mêmes les pianos ne font plus de gammes
Qui tombent, avec des ris, des croisées ;
Allées ou parcs sont cyanosés…
Seuls les rats jouent encore, Madame !

Les fontaines Wallace sont taries,
Les colonnes Morris sans armoiries,…
La gouaille est aux pigeons non aux Belles,
Aux apaches, gavroches et titis
Ou aux poulbots faussement gentils.
Nous restent quelques libelles… et poubelles.

Caillebotte serait atterré ;
Finis Offenbach, Doisneau, Ferré,
Prévert, Jeanson, Feydeau ou Lemarque
Chantant le cœur battant du pays ?
Lépine, Hausmann,… vous êtes trahis :
Paris n’est qu’un mirage, une « marque »,…

mercredi 30 juillet 2025

LES DÉBUTANTES

Ce soir l’essaim des Belles s’agite
Frou-frous qui frissonnent et blancs colliers
Une tenue de bal se cogite
Ce soir l’essaim des Belles s’agite

Opale onyx satin des souliers
Dans les détails Dame beauté gîte
Comme dans le choix d’un cavalier
Opale onyx satin des souliers

Oui esprits s’échauffent et coeurs palpitent
Ne pas faillir ni être humiliée
Pour dans le grand monde être introduite
Oui esprits s’échauffent et coeurs palpitent

Ce soir l’essaim des Belles s’agite
Opale onyx satin des souliers
Oui esprits s’échauffent et coeurs palpitent
Un époux est parmi ces pépites

mardi 29 juillet 2025

AUBE À LA DÉROBÉE

Râ nous ressuscite des heures qu’on sait closes ;
La fête est finie de ce côté-ci des choses…
Le ciel a revêtu les coloris de la vie
Quoiqu’à sécheresse et canicule promis.

 C’est un matin brumeux, doux et tout en nuances
Evoquant cet Eden perdu de nos croyances :
Un goût d’infini, de fuite, au cœur, il éveille ;
L’envie d’horizons neufs à l’âme il réveille.

Loin des grand’routes du temps, circuits imposés,
Le corps enveloppé de lumières rosées,
Ces matins bohème toujours me portent au rêve,
Dans un silence dont je savoure la sève.

Le vent me drape et me porte vers ce qui luit,
Loin de ma vie pleine de bruits, emplies de pluie,
Dans un monde échappé à la nuit top profonde,
Au creux du jour naissant, apaisant comme l’onde…

lundi 28 juillet 2025

RÊVE !

Dans ton monde de ponts d’acier et de fer,
La nuit est passerelle effilée sur la mer
De ces songes séparant ce jourd’hui d’un autre,
Puit à souhaits où ta vie, sans fin, hélas, se vautre.

Je te plains de poser sur ton bel oreiller
La tête pour rêver dans l’espoir, effrayé,
Qu’ennuis et chimères au plus tôt, ce soir, l’endorme
Et qu'un sommeil, traître, n'efface, c’est la norme,
Le meilleur de ce que l’esprit vit et puis créé
Jusqu’au petit matin aux blancheurs si nacrées.
Pourquoi lors évasion, délires et mirages
Quand on perd jà jusqu’à l’illusion du voyage ?
En quoi profites-tu du moment, des instants
Qu’ainsi tu as volé à la course du temps ?

Vois-tu, je suis de ceux qui dorment mal et vite
Pour mieux rêver au jour, éveillé, sans invite,
Par les voies où l’on m’envoie, dans les voix des bois,
Le meilleur de ce que l’esprit voit et puis croit,
Les yeux dans les cieux, la tête dans les nuages,
Sans ignorer toute la fiction du voyage.
Ainsi, je fuis, tout seul, la folie de mon temps
Et je jouis du présent au parcours haletant,
En contemplatif qui profite de chaque heure
Pour s’y faire de forts éphémères demeures.

Dans ton monde de murs qu’on ne veut plus ouverts,
Le jour m’est un quai sur eaux turquoise et flots verts,
Des songes séparant ici et ailleurs, caprice
De qui se se refuse au fallace et au factice…

dimanche 27 juillet 2025

CHANT CONTRE-CHAMP

La joie est là
Au jour jà las.
Elle résonne
Par voies et rues,
Presqu’incongrue
Quand on raisonne.

L‘été est lourd,
Le soir est four.
Le bal revient
Des jours anciens.
Dessous la treille
Toquents bouteilles.
Mais aux corps gourds
L’esprit est sourd
À qui conseille.
Donc on accourt
De toute cour
Qui s’ensommeille…

La joie nous va ;
Valse et java.
Chacun, chacune
Venus en chœur
Vider liqueurs
Que rires ilunent.

Amours toujours

Ou sans retour,
Au bal venu
Sont bienvenus.
Dessous la treille
On fait la cour
Ou le cabour :
On fait merveille,
Sans couper court
Aux beaux discours
Des joues vermeilles.

La joie s’en va…
Valse et java
Montent à la lune,
Jouent dans les cœurs
Foin des rancœurs,
Fi des rancunes.

samedi 26 juillet 2025

LES IMMÉMORIAUX

Sur une photo - et un titre - de Marc-Yvan Custeau, 5 juillet 2025

Eux, ils ont vu tant et tant d’aurores
Et de crépuscules tout autant
Qu’on ne sauraient les compter encore…
Témoins des temps d’il y a longtemps,
Ils se souviennent d’avoir été forêt,
Puis bois ; et bosquet, hélas, ensuite.
Enfin les voilà bornant une haie,
Redoutant ce qui vient à la suite.

Je les sais qui pleurent sous la pluie
Parfois ces temps à jamais enfuis…

Tout deux, ils ont vu tant et tant d’aubes
Et de nos douces brunantes autant…
Il est vrai qu’heures et saisons ils gobent
Mais se rappellent encore des ces ans
Où vinrent chevaux, charriots charrues 
Pour rendre leur plaine enfin prospère ;
Les frères abattus de ces rebuts
Dorment sous ces terroirs de rangs pépères.

Moi, je sens qu’en leurs feuilles on médit
De ce jadis à jamais maudit…

Alors que vient leur bel et grand âge,
Eux qui ont vu tant de points du jour, 
De lointains et d’espoirs de voyage,
D’hier ne veulent causer toujours.
Chagrins, leur espace est fort mité
Pour qu’à loisir, s’étalent et s’étirent
Les banlieues toute en fatuité
De villes qui feront leur martyre…

Je sais qu’au vent ils parlent, sans ris,
De naguère et d’un avenir pourri…



vendredi 25 juillet 2025

AU CLAIR DE MA PLUME…

Au clair de ma plume
J’ai posé des mots
Lourds comme une enclume
Ou légers plumeaux
Le Muses à ma porte
M'ont offert leur feu
À ces saisons mortes
Où l’on se sent vieux 

Au clair de ma plume
Ainsi je pondis
Las quelques volumes
Dont un que tu lis
Parce qu’il voisine
Avec du Bellay
Parce qu’y cousinent
Sonnets odes et lais

Au clair de ma plume
Les mots me sont jeu
Et sans amertume
Sons et sens enjeux
Priant qu’il en sorte
Que bien tu voudras
Qu’ils te fassent escorte
Quand la nuit viendra

jeudi 24 juillet 2025

LA FEUILLÉE

La feuillée n’est jamais sage.
Il murmure le feuillage
Et chante grâce à l’oiseau,
Plus fragile qu’un roseau.

La feuillée n’est jamais sage
Car elle danse au passage
Même de ces vents légers
Venant les nues alléger.

La feuillée n’est jamais sage.
Sa trame nous fait message
Qu’il faut vivre gracioso
Une vie toute en réseaux.

mercredi 23 juillet 2025

AMOURS TOUJOURS ?

Sur une expression de Marielle

Les parcs sont abandonnés aux violences,
Des No Future courent aux murs des rues
Et Sex in the City trône aux avenues…
Point d’autres fins d’innocence et d'indolence.
De bises repetita

Alors que l’hiver déjà habite la ville 
Mais que l’automne habille toute ma vie,
Je songe aux vertes saisons avec envie
Et aux amants dont je faisais vaudevilles
Et bises repetita

Avec leur tendresse esquissant des caresses,
Que sont donc les tourtereaux devenus,
S’offrant aux folles amours tout en retenue,
Avec une exquise et touchante maladresse,
En bises repetita ?!

Pas d’explorateurs de la Carte du Tendre…,
Plus d’amoureux aux doux bisous ingénus,
Aux bécots fêtant l’heureuse bienvenue
De ce bon temps où on accepte de s’apprendre
Par bises repetita

Aucun épris dont, sans fin, les câlins paressent
Ni d’affolés du feu de l’amante foi
Ou d’enjôlés par la joie du jeu, parfois,
D’aimés tremblants que la flamme disparaisse
Aux bises repetita

Béguins, et toqués ne soupirent plus guère.
Les galants et les langoureux vivent en romans ;
Fervents, mordus ou pincés, lors assommants,
Sont transis de froid non pas d’amours vulgaires
Ou bises repetita

Le prétendant n’effleure plus qu’un cellulaire
Et les sensibles n’embrassent qu’un destin ;
Les sentimentaux s’accolent contre salaire
Et le transporté n’étreint qu’ego sans tain
En bises repetita

mardi 22 juillet 2025

AU CABARET DES PETITES GENS

Au cabaret des petites gens
Toujours viennent, tout partageant,
Ceux de nos champs, dont l’haleine écume
De vents, en bottines de boue,
Et ceux de la ville, jà debout
En habits de pluie, bonnets de brume.

Au cabaret des petites gens
On paie comptant, même sans argent,
Pour boire du gros rouge qui tâche
Au petit matin tout en brouillards 
Ou le blanc sec qui rend babillard
Et fait briller la moustache.

Au cabaret des petites gens,
Avec des agents, des indigents,
On sirote tous les fruits de France
Pour oublier un peu ses malheurs,
Pour se fêter ses petits bonheurs,
Faire venir la gagne et la chance.

Au cabaret des petites gens
On est toujours très intelligent,
Noyant ses déceptions dans la bière
En jasant d’hier avec les mains
Ou en causant de chantants demain
Car on se saoule d’espoirs, voix fière.

Au cabaret des petites gens
Tout est pressé mais rien n’est urgent.
Le genièvre qui enfièvre
Fait vomir sirènes et cokerie ;
On hue l’angélus de nos prairies
À l’absinthe pour les moins mièvres.

lundi 21 juillet 2025

L’ANNONCE FAITE À MARIE

Au lendemain du 13 décembre 2023

Oh, je connais bien cet œil
Qu’un pleur, au coin, rend humide.
C’est, las, celui du chevreuil,
Si craintif et si timide,
Qui pressent le chasseur
Ou du ciel les noirceurs,
Qui se sent pris dans l’impasse,
Ignore comment faire face,…

Oui, je le connais cet œil
S’il cesse d’être limpide.
Il dit l’espoir au cercueil,
L’âme devenue torpide,
Pleine de sombres tisseurs,
Et l’esprit d’envahisseurs.
Lors, ton sourire s’efface
Naissent sanglot et angoisses.

Je connais par cœur ton œil,
Ciel de jours toujours splendides.
Tu sais désormais l’écueil
Qui ne niche en toi, sordide.
Ce mal est ton oppresseur
Mais ne sera ravisseur
Parce qu’Amour, folle audace,
Ensemble, on lui fera face.

dimanche 20 juillet 2025

NOVEMBRE

Las, Octobre se meurt, sans un adieu,
Avec des étoiles frissonnants au cieux,

Pour  que Novembre avance en silence,
Avec ses nues brouillées, ses turbulences.
Sur tapis doré de feuilles échouées,
Des chrysanthèmes aux couleurs surjouées.

Las, Octobre s’en va, écharpes au col
Et vents froids nous jouant les licols.
Novembre arrive avec sa lumière chiche
Et ses brouillards, en silhouettes si riches,
Ses lunes grelottantes et ces frissons
Annonçant des blancs frimas l’unisson.

samedi 19 juillet 2025

MA ROUTE

Vers une destination bien connue
Mais par des voies de moi toujours inconnues,
La route, à son train, va, serpente et chemine ;
Trouées, allées, coulées, passées par cramine
Et canicule, elle vouent mes jours aux nues !

De passes en impasses, oui, la route avance,
D’embranchements oubliés qui m’ont trompé
En sentes aux ornières restées trempées ;
Elle est sentier encombré de survivances
Aussi ; ou de troncs tôt tombés. Pas de chance !

Pleine d’invités qu’on ne peut éviter,
Cette route est maculée de poussière
Mais ses détours ont des parfum de bruyère,…
Cahots et chaos aiment la pimenter,
Faux-plats et raidillons sa course arrêter.

À chaque étape me vient l’envie
De quitter cette route qui est jeu de piste,
De parcourir d’autres laies et percées moins tristes
Mais je reste encore, à sa marche, asservi :
Car la route qui n’a pas de sens… est ma vie !

vendredi 18 juillet 2025

JE T’ATTENDAIS…

Je t’attendais comme on attend
La voix du vent ou le printemps,
 La pluie par temps de sécheresse,
L’amour par manque de tendresse,…

Je t’attendais comme on attend
Un sursaut, un moment, un instant,
 Au plus fort de sa solitude,
Au bourdon de ses habitudes.

Je t’attendais comme on attend
Le clair de sa vie, haletant,
Pour réveiller enfin ses veines,
Ses nuits de thé, ses jours verveine,…

Je t’attendais comme on attend

Le vin nouveau à ses vingt ans,
 L’amour perdu qui vient d’éclore
 Et que ne s’endort pas l’aurore…

Je t’attendais comme on attend
Que se renoue un fil au temps
Ou comme on le dit dans les livres :
Ma mie, je t’attendais, pour vivre.

jeudi 17 juillet 2025

NOS TEMPS NOUVEAUX

C’est tapisserie de Pénélope qu’Espoir
Tant nos vies paraissent nées des mains de Dédale,
Menant de Charybde en Scylla, d’rien à que dalle
Alors que le climat est Damoclès tranchoir.

Coule la haine d’un tonneau de Danaïdes
Et la vengeance règne en Sisyphe entêté ;
Entre Achéon et Styx, du Cocyte au Léthé,
Nos Arcadie d’antan se font, las, Thébaïde.

On se croit Héraklès ou on se veut Persée,
Athènes se rêve Sparte et Lacédémone
Se prétend Éphèse qu’on traite en vraie démone.

Il est moins de Muses qu’Amazones ou Gorgones
Chez nos Aphrodite mises comme Circé…
Que n’écoute-t-on nos Cassandre commercer ?!

mercredi 16 juillet 2025

BONNE NUIT

Bonsoir Mon bel Ange Mon Cœur
Que la nuit qui vient te soit douce
Que la nuit qui va soit un choeur
De musiques sans vaine secousse

Et que te mène mon amour
Là où tous les beaux rêves s’envolent
Sereins pour faire leur séjour
Là où les songes s’auréolent
D’ « à jamais » et de « pour toujours »
Entourés de mille lucioles

Qu’ils fassent ton sourire refleurir
Là où tous les soucis nous quittent
Pour un sommeil qui est mourir
Là où s’effacent les ennuis vite
Suspendus au temps sans jouir

Bonsoir Mon bel Ange vainqueur
Et si les cauchemars te viennent
Ou si tes hantises reviennent
Tu auras ma main sur ton coeur

mardi 15 juillet 2025

LES GRANGES D’ANTAN

Sur une photo de Marc-Yvan Custeau, 9 juin 2025

Les granges d’antan sont pleines de souvenirs
Et à cette heure où les souffles de printemps frissonnent
Leurs planches frémissent frêles sans avenir
Comme branches bourdonnent et cloches au lointain sonnent

Ce ne sont plus que dessins et cachettes enfouis
D’une enfance bruissant d’une innocence enfuie

Les granges d’antan sont pleines de souvenirs
De rêves immenses ou bien de pensées polissonnes
De secrets oubliés de desseins en devenir
Dans des craquements de bois qui se hérissonne

Ce ne sont plus que dessins et cachettes enfouis
Que le long cours du temps n’étouffe quand il fuit



lundi 14 juillet 2025

LA BONNE ÉTOILE

Chacun a une bonne étoile
Un vent qui gonfle ses voiles
Et le mène vers son destin
Par quatre chemins mâtin
Lui ouvrant l’horizon lointain
Dont il veut goûter à la moëlle

Chacun a une bonne étoile
Qui fait un tableau d’une toile

Chacun a une bonne étoile
Un vent qui gonfle ses voiles
Rend nos rêves soudain certains
Et fait les espoirs mois cabotins
Qu’on se voit futur palatin
À deux blottis auprès du poële

Chacun a une bonne étoile
Pourvu qu’il ne l’ai mise en boille

Chacun a une bonne étoile
Un vent qui gonfle ses voiles
Quand vient le moment opportun
Malgré les sages et les importuns
Qui voient des soirs dans les matins
Ayant oublié leur bonne étoile

dimanche 13 juillet 2025

ET L’AUTOMNE ATTENDAIT L’HIVER…

« Et l’automne attendait l’hiver… »
Songeait notre brave Prévert
Écoutant l'estoc de pic-verts
Sonnant creux et à découvert
Sa plume posée de travers
Là à l’avers là au revers
De feuilles où il cherchait ses vers
Pour repeupler notre univers

« Et l’automne attendait l’hiver… »
Écrivit lors le bon Prévert
Entendant un choc de colverts
S’évader du couvert moins vert
Par le grand ajour entrouvert
Laissant passer par quelque envers
Et bruits de vair et sons divers
Jusqu’à son cœur à eux ouvert

samedi 12 juillet 2025

KERMESSE

À Émile Verhaeren (1855-1916)

Le cabaret dehors en brasse :
Torches ignées sur tables en quinconce,
L’estaminet vit en terrasse.
Avec Léonce, avec Alphonse,
Ce soir, c’est sûr, on se défonce :
Ça rendra saoul, ça rendra dingue,
Et là, pas de coup de semonce.
La kermesse fait son bastringue !

Ce soir, c’est liesse et embrasses ;
Oui, de retenue plus une once.
Même si, pour toi, ça fait crasse,
Si le sourcil papal se fronce,
Quoi qu’en dise ou pense son nonce :
Ça rendra saoul, ça rendra dingue
Et c’est pas un effet d’annonce.
La kermesse fait son bastringue !

Tombe la veste ou la cuirasse,
Sinon retourne-t-en et pionce.
Ce soir, c’est pas action de grâces ;
On la fait grasse, on la fait « Fonce ! » :
Tous les tabous, on les enfonce !
Ça rendra saoul, ça rendra dingue
Qui les antiques adages énonce,
La kermesse fait son bastringue !

Ayons tous l’appétit vorace !
Ça rendra saoul. Ça rendra dingue.
Entre caf’conc et strass, vérace !,
La kermesse fait son bastringue  !

vendredi 11 juillet 2025

VOIE LACTÉE

Des poussières d’or et des poudres de diamant,
Depuis les cieux, cristaux vermeils, font des clins d’yeux ;
C’est l’argent du manant, le trésor des amants,
Le repos des vieux et le recours du Sans-Dieu…

A les voir, on franchirait feu, éther et onde
Pour fuir nos boues immondes, savoir le bout du monde !

Car du gouffre béant d’un néant firmament
Elles invitent l’envieux, l’athée et le pieux
À Courir l’océan, à se faire géant,
À se frotter aux Cieux, à vivre en audacieux…

Lors n’effraient plus ni le feu, ni l’éther, ni l’onde !
Qu’importent ronces, osmondes : on connaîtra le monde !

Rien ne sera trop grand, trop loin, trop effrayant,…
Pour qui, tout simplement, sur le nocturne écran,
Cherchant le merveilleux ou à vivre un peu mieux,
S’offre au céleste aimant d’astres brillant gaiement…

Constellations de feu, parsemant l’éther, l’onde,
Que la Vie n’émonde vos petits bouts de monde !

jeudi 10 juillet 2025

CANTILÈNE

Alors que s’avancent des ténèbres
Qui n’auront, ce soir, rien, de funèbres,
S’empourpre le vitrail du ciel vespéral
Qui se fait, lors, en surprises libéral.

Semant des étoiles argentines
Aux cents lueurs adamantines,
Il peint à fresque à l’arceau sombre des nues
L’immense berceau, toujours fertile en mues,
D’une lune chrysélenphantine.

Cette céleste Chapelle Sixtine.
Offre son empyrée au chœur cathédral
À qui baratine et, las, célèbre
La vie avec un cœur noyé dans l’Ebre.

mercredi 9 juillet 2025

OUIN !

Avec l’été, s’en reviennent les maringouins.
Toi, Dieu, je te prends à témoin : a-t-on besoin,
Vrombissant en contrepoint dans leur baragouin,
De ces rabouins qui font l’appoint de tous les coins
Et les coings, chafouins, des rues aux champs de sainfoin ?
C’est à regretter, oui, la saison des pingouins
Ou demander à se transformer en marsouin !

Avec l’été, s’en reviennent les maringouins
Pour nous pomper l’air et le suc avec grand soin
Et s’en faire embonpoint entre braves conjoints
Et parentèle les ayant, las, rejoints.
À peine entendu leur foin, nous voilà babouins
Agités, le derme oint, pour chasser ces sagouins.
En vain. Rien n’y fait : tapette, flytox, poing…

Avec l’été, s’en reviennent les maringouins
Qui, à brûle-pourpoint, envahissent les recoins
Avec force tintouin, et en goulées, au moins,
Comme sangsues d’antan, se font douche et shampoing
D’un sang à la sueur gagnée. Point. Néanmoins,
Moi, j’invite cette peste, à aller plus loin.
Tiens ! Chez l’Oncle Sam où il n’y en a trop point.

mardi 8 juillet 2025

LES GENS DE PEU

Les gens de peu sont des gens de peurs.
Peur pour leur bonn’ fame et pour leur âme,
S’interdisant lors d’êt’ tout feu, tout flamme…
Surtout, vieux, si t’es une bonn’ femme !

Les gens de peu sont des gens de peurs.
Peur que là-haut il n’y ait personne,
Car le clocher, pour eux, las ne sonne
Que tocsin ou glas, qu’leur ciel grisonne,…

Les gens de peu sont des gens de peurs.
Peur d’ces brum’ qu’on fum’, du froid qui t’broit,
D’la pluie qui nuit, des fins de mois
D’ces jours trop courts, des flics aux abois.

Les gens de peu sont des gens de peurs.
Peur que le goss’, le droit chemin ne biaisent,
Tant, las, il en prend jà à ses aises
Alors qu’eux, toujours, ils font malaise.

Les gens de peu sont des gens de peurs.
Peur que les p’tits jeunes finiss’ couleuvres
Et qu’avec l’patron à la manœuvre,
Un autre, lui, fass’ leur peu d’œuvre.

Les gens de peu sont des gens de peurs.
Peur qu’pauvreté, matin, se fass’ misère
Qu’au caniveau, d’main, i’s’retrouv’ hères
Et que sur l’trottoir leur fille elle erre.

lundi 7 juillet 2025

NATURE D'AUTOMNE

Quand les feuilles ont rouillé
Aux forêts dépouillées, 
Étourneaux, hirondelles
S’enfuient à tire d’ailes ;
L’herbe se fait velours
Et l’air soudain moins lourd.

Au temps des ciels houillés,
Les bogues se hérissent, 
Et sur les sols souillés,
Les graviers givrés crissent,
Pour l’enfant essoufflé,
Qui va, emmitouflé.

L’éther va crachouiller
Des bruines bienfraitrices.
Fini de vadrouiller !
Car la nuit prédatrice
Dès lors, s’annonce tôt…
Plus lourd est son manteau.

Au temps des ciels houillés,
Les bogues se hérissent, 
Et sur les sols souillés,
Les graviers givrés crissent,
Pour l’enfant essoufflé,
Qui vit, emmitouflé.

Lors les yeux vont fouiller
Des nues déjà brouillés,
Les grues et oies sauvages
Quittent nos frais rivages
Désormais défleuris,
Et nos horizons gris…

Au temps des ciels houillés
Les bogues se hérissent, 
Et sur les sols souillés,
Les graviers givrés crissent,
Pour l’enfant essoufflé,
Qui vient, emmitouflé.

dimanche 6 juillet 2025

L’USINE NOUVELLE

Très vite vibre et vit notre usine
 Aux bouillantes laves de résines
Ça bout ou ça bruit dès le levant
Et jusqu’au crevant couchant suivant

Ici nul ni rien mie ne lésine
Aussi peu brouillon qu’une cuisine
Odeurs de solvant rythme éprouvant
Tapis mouvants et robots savants

Ainsi vit et vibre notre usine
Mais comme tu devines cousine
C’était quand même bien mieux avant
Quand les Hommes aussi étaient… vivants

samedi 5 juillet 2025

RACCOMMODAGE

La vie sans cesse est rapiécée
Mal remaillée rafistolée

Les aiguilles de la pendule
Qui me font des rides et ridules
Cousent sans fin mon fil du temps
Des heures élimées aux instants
Enfuis dans ces trous de mémoire
Qu’hélas m’ont tissé les trois Moires

Les aiguilles de ma pendule
Me laissent seul incrédule
Tramant une vie endeuillée
Résillée de larmes effeuillées
Un linceul de vaines histoires
Que teinte mon sang c’est notoire

L’existence est toute d’accrocs
Mais que l’on se reprise, accros !

Aux aiguilles de ma pendule
Qui tournent en rond seules incrédules
S’accrochent tant et tant de jours
Bien trop vite passés toujours
À ne mie vouloir rien faire
Où à m’emmêler d’autres affaires

Aux aiguilles de ma pendule
Qui tournent en rond seules incrédules
Sont pendues tant d’années perdues
Et las des moments éperdus
À trop vouloir toujours bien faire
Contrefaire sans satisfaire

La vie sans cesse est rapiécée
Mal remaillée rafistolée

vendredi 4 juillet 2025

À JOUR

L’aube sort au jour
De l’obscur séjour
D’abord tison rouge
Puis flammes qui bougent
Au lointain toujours

Là s’allume un jour
Né sous bonne étoile
Dans un ciel sans voile
Au bois bruni
D’une nuit finie
Tout en cendres froides
Rêvant dérobade
En robe merbeau

Un jour neuf et beau
Sort de son tombeau
Aux couleurs corbeau
Le soir sans rancune
Au berceau de lune
Revient comme un baud

jeudi 3 juillet 2025

L’OMBRE D’APRÈS LA PÉNOMBRE

Cycle pyrénéen

Les gris lavés du ciel détrempé remplacent
Les blancs mouillés de ces nues en lieu et place.
Ils coiffent ou avalent nos hauteurs restés
Modestes, face à d’autres plus hautaines et classes, 
Mais qui gardent des souvenances tenaces.

Par ici, étoilés ou persécutés
Ont laissé rouler des échos attristés
Aux sentes dont se réveille la mémoire
De leurs empreintes oubliées, pourtant pistées.
Seuls les gaves les savent avoir existé.

Un vieillard silicifié sans auditoire,
Aux souvenirs tenaces, embourbés dans l’Histoire,
L’oeil loin sur le firmament fossilisé,
Se rappelle ce qu’il fallait de courage
Pour partir, dans la nuit, pour tous ces voyages
Dans la neige d’hier, par les monts irisés,
 Se fondre aux ombrées, courir les soulanes
Malgré coups de feu, ordres hurlés. La peur plane
Au décor de rocs rompus mais pas brisés.
Les pas des passeurs, je le sais, y résonnent ;
Y suent peur et pleurs des dépasseurs de zone.

Les brouillards venus de temps civilisés
Les relèguent à l’oubli voire à la risée.
Le présent ne veut savoir que sa course lasse :
Pourquoi d’exploits ordinaires deviser,
D’un passé dépassé qui a divisé ?

mercredi 2 juillet 2025

PETITE VILANELLE

Aux mots, j’offre des racines
Et puis des ailes à nos maux
Face à la vie crapoussine.

C’est marmiteuse bassine
Qu’avenirs toujours brumaux
Et Moires d’humeur oursine.

Loin de nos heures assassines
Et de leurs soleils grimauds
Aux mots, j’offre des racines

J’écris comme l’on dessine
Un monde tout en émaux.
Aux mots, j’offre des racines
Face à la vie crapoussine.

mardi 1 juillet 2025

MATIN DE SEPTEMBRE

Sur une photo de Marc-Yvan Custeau, 31 décembre 2024

La brume lasse court la plaine
Comme le temps passe, si lent
Sur les prairies des bêtes à laine
À l’aurore aux feux pleins d’allant.

Le vent rapace est une alêne
Qui, elle, va se faufilant
En chantant une cantilène
Qui évoque, sans faux-semblant,
Pour lys, marjolaine et silènes,
La fin d’un été tire-au-flanc.

La carapace de terre à l’haleine
Humide des jours nonchalants
Et d’une nuit, impasse pleine
De songes aux ocres et roux galants.
Brumaille, au teint de porcelaine,
Tu rends espaces et lointains plans !

Mais l’écharpe de châtelaine,
Tulle vaporeux, somnolent,
Annonce la saison vilaine
Où neige ira la vie scellant.