Ivre d’envies et à jeun de vie,
Paris est de rêves inassouvie
Mais aujourd’hui qu’est donc cette ville
Où, toute heure, on veut mettre au pas
Et nos hiers aimés au trépas ?
Hélas, j’ai la mémoire incivile…
Jamais lassé d’un passé lissé,
Ce monde déchiré au temps froissé
Habille la Cité de pluies nocives,
La chapeaute d’un mortel brouillard ;
Un châle de brumes acides, sans art,
Vêt les épaules de cette agressive.
Où sont crieurs de journaux, pipelets,
Chanteurs de ces rues qui complaintes beuglaient ?
Touristes et bobo’ ont chassé les foules
Qui faisaient la ville tant bien que mal…
On y préfère domestique animal
À mémé, vieux coqs et jeunes poules.
Qui voit ses clous et bat son pavé ?
La ville-lumière est délavée !
Mêmes les pianos ne font plus de gammes
Qui tombent, avec des ris, des croisées ;
Allées ou parcs sont cyanosés…
Seuls les rats jouent encore, Madame !
Les fontaines Wallace sont taries,
Les colonnes Morris sans armoiries,…
La gouaille est aux pigeons non aux Belles,
Aux apaches, gavroches et titis
Ou aux poulbots faussement gentils.
Nous restent quelques libelles… et poubelles.
Caillebotte serait atterré ;
Finis Offenbach, Doisneau, Ferré,
Prévert, Jeanson, Feydeau ou Lemarque
Chantant le cœur battant du pays ?
Lépine, Hausmann,… vous êtes trahis :
Paris n’est qu’un mirage, une « marque »,…