Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

samedi 27 octobre 2018

CHERS PLATANES

Cycle toulousain
D’après M. Combernoux

Où êtes-vous passés platanes de mon avenue ?
Pourquoi routes d’ici vous a-t-on mises à nu ?
Les feuilles d’or, chocolats, caramels et rouille
Lâchées des branches lasses par le vent d’autan,
Illuminaient de leurs tourbillons qui brouillent,
Brouillonnant un soleil guère chaud par instants
Qui déjà songeait à partir loin, en vadrouille,
Des automnes scolaires en bogues de marrons.
Sous l’oeil rieur de la fontaine à mascaron,
Elles tapissaient le sol d’une grosse moquette
Craquant sous le pas las des gars et des coquettes.

Où êtes-vous passés platanes de mon avenue ?
Pourquoi routes d’ici vous a-t-on mises à nu ?
En hiver, chauves de toute feuille, les branches 
Se faisaient voûtes soutenant le ciel gris,
Arcs de triomphe offerts à la pluie froide et franche.
Fûts tavelés, écaillés, troncs à peine aigris,
Sont des colonnes d’une nef servant de anche
Aux vents, d’écrin à la neige par tous attendue
Pour nacrer des  destins pas encor’ distendus.
Les cieux s'azuraient par trouées et brillaient,
Annonciateurs de paysages grillés.

Où êtes-vous passés platanes de mon avenue ?
Pourquoi routes d’ici vous a-t-on mises à nu ?
Au printemps revenus, vos feuillages vert tendre
Promettaient de l’ombre sans la donner, s’offrant
À l’air soudain léger où on allait surprendre
Quelques parfums de tilleuls eux aussi en rang
Et des fragrances d’acacias à revendre.
Les catalpas habillés et parés répondaient
À ces perspectives qui déjà faisaient dais,
Balises à nos vies tout comme à nos chemins
Avec leur droite majesté sans lendemain.

Où êtes-vous passés platanes de mon avenue ?
Pourquoi routes d’ici vous a-t-on mises à nu ?
Les délices de l’été venus faisaient clôtures 
À claire-voie vos alignements si parfaits
Au long de prés reverdis, de labours natures
Ou de blés pas blondis par l’orage esclaffés.
À la fraîche, au village, jeunes et matures
Sous ces futaies poussaient leurs chaises, leurs bambins,
Jusqu’à la nuit, pour causer, jouer, pas lambins.
La nuit, l’entrain effeuillé, rendra chacun
À sa chacunière sots, bègues et tribuns.

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