Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

samedi 13 juillet 2019

LES GUEUX

Petite fable affable

La pluie tombant toujours sur ceux qui sont mouillés,
Des loqueteux aux souliers fort fatigués
Et aux frusques trop rapetassées, brandouillaient
Appelant la moquerie des hommes du guet,
Aux livrées plus chamarrées que des papegais
Et à l’esprit moins affûté que leurs sagaies !

Or cette Cour des Miracles ne pipait mot
Aux mesquins envois et aux traits aux piqueux
Qui auraient chu dans la même purée si maux
Envoyés par Dieu étaient tombés sur leur queue
À eux. Lors pourquoi en vouloir à ces belliqueux 
Qui traînent leurs guêtres dans tout ce bran visqueux ?

Surtout qu’ils ont fourbi leurs armes ces gredins,
Représentent partout la loi de la cité,
Et garantissent sa paix, le gourdin badin.
Alors pourquoi chercher noise à ces excités 
Et pour quelque affront moins pensé que « récité » ?
« La raison du plus fort… » aimait-on à citer !

Or un beau soir, cette cohorte de nervis
Escorta un évêque qui nuitamment rentrait
En ses pénates et qui aux gueux, aussi, servit,
Près que sa garde eut amorcé sa bordée de traits,
Lazzis, brocard, railleries, quolibets outrés
Avec le dédain propre aux puissants mitrés.

Las, les claque-faim cette-fois-là ont riposté
Et, défaisant les gens d’armes, ont pris le violet vêtu
Qu’ils voulaient écharper sans vraiment s’attrister :
« Pourquoi, mes fils…  Vous vous êtes jusque là tus ?

- Parce que que la volée de flèches, vois-tu,
Très saint homme, seule la dernière tue ! »

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