Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

mardi 23 juin 2020

LEVER LE PIED

Petite fable affable d’après
La queue du lézard de Geno Namy

N’ayant le temps de rien en ce bas monde,
Même pas celui de procrastiner,
Un lézard vert suit, sur son mur, la ronde
Du temps plus vite qu’une aiguille obstinée.
Il court de l’heure du laitier, sans sieste,
À celle, pourtant tardive, du berger.
Vif, ce fol n’est jamais à court ni en reste :
Dans l’air sec, sur sol chaud, il passe léger
Et tout aussitôt repasse comme une ombre,
S’affairant fort ici ou se pressant là,
Leste et preste comme chat en sa pénombre.
Rien ne le fatigue ou ne le rend las.

Le gros chien, pacha de la bonne ferme
Où il va et où il vient à son train,
Qui doit si peu aux sénateurs, en bons termes
Avec toute bête, rageux et plein d’entrain
Le poursuit et l’agace, voire le stresse,
L’obligeont à un rythme plus effréné
Encore, à plus de mille tours d’adresse
Car pour lui échapper, ‘faut pas traîner !

Point de sérénité donc pour notre reptile
Qui aspire à plus de calme par instants.
Mais il faut être aux aguets de fort subtile
Façon pour pouvoir se dérober à temps.
Oc, point de tranquillité avec cette hydre.
Se poser un brin voire se reposer
Relève d’un exploit qu’on fêterait au cidre.
(Chez les bêtes, c’est jà beuverie osée !)

Un jour, hélas le cabot mit bas la patte
Sur notre bon coureur de murs échaudés.
Mais il n’en obtint que la queue, la benoîte
Bête, en riant, fit lors : « Va donc farauder
L’Ami, avec ce beau trophée dérisoire,
Ce symbole que je sais, moi, prise lâcher
En sacrifiant la montre et l’illusoire
Pour garder vie sauve et ne la plus gâcher ! »

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