Petite fable affable
Ce soir, Pat, le mille-pattes a mal aux pieds
Tant on l’a fait marcher - à s’en estropier ! -
Ici ou là, pour ci et pour ça, ma mère !
Il s’en ouvre au termite et à sa commère.
Ces voisins courent aussitôt parler du cor
De cet ami à la fourmi qui, d’accord
Que cette nouvelle-là ne pouvait être
Ignorée, l’a diffusée sur plusieurs mètres.
L’information étant toujours continue
Chez les petites bêtes, si ingénues,
Aussitôt l’industrieuse en cause
À l’abeille venue piller quelque chose :
Pat souffrait d’une foulure, dit-elle alors,
Qui devint fêlure dans la bouche d’or
D’un cétoine qui passe au grillon, un vrai sage.
Moins cancanier, à scarabée de passage,
Il affirma que Pat s’est fait casser les pieds.
C’était du lourd. On est pas là pour pépier !
Instruite sur l’heure une rousse limace,
Annonça lors, aussi sûr que le temps passe,
Notre bon myriapode moribond.
C’est ainsi que Pat, en deux vols et trois bonds,
Fut vite informé de ses propres obsèques,
Interloqué comme peut l’être couèque,
Par la sauterelle qui lui demanda
Le lieu et l’heure de cette coda !
Méfie-toi, l’ami, de ces informations
Qui subissent souvent cent déformations,
Surtout accompagnées de ces commentaires
Que tant de gens ne savent, las, comment taire !
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