Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

mercredi 25 janvier 2023

LE DÉPIT DE L’ERMITE

Petite fable affable d’après 
Du jardinier & de l’ours d’Ésope

Un ermite sur sa montagne aimait à jardiner 
Pour s’occuper et, plus, assurer son dîner.
Mais dans son désert, la solitude lui pèse
Quoique ce soit paradis pour penser à l’aise,
Jusqu’a ce soir où son ouïe est attirée
Par des geignements, des sanglots à vous tirer
De grosses larmes. Un jeune ourson  pleure sa mère
Tombée au ravin. Pertes et douleurs amères !

Il prit l’animal et l’éleva comme on le ferait
D’un chien si bien qu’amitié naquit, en vrai,
Entre eux : le jardin donnait assez de provende
Pour deux ventres, même celui sous houppelande
Brune qui forcissait beaucoup le temps passant.
En échange, elle apportait au vieux sa pesante
Chaleur la nuit et l’hiver ; l’été la pensante
Tête avait dressé son compagnon s’engraissant,
À chasser les mouches nombreuses et importunes.
L’ourson était adroit, pour sa bonne fortune.

Or, cet après-midi là, l’été harassant
Poussait à la sieste, la bête paressant
Non loin. Et donc, l’ermite à dormir s’abandonne.
Aussitôt, le gros velu accouru se donne
Un mal fou à traquer, comme à l’accoutumée
Le mouches venant son ami importuner.

L’une, hélas impertinente autant que retorse,
Veut déranger l’homme se reposant sur son torse
Ou voletant là si on la chassait d’ici ;
S’arrêtant sur son front et vrombissant ici
Quand on l’écartait de là. Elle allait fière,
Narguant ces griffes pataudes qui ne brassaient
Que l’air qu’elle pompait. Lassée, une pierre
Fut saisie par la patte et s’abattit, assez
Durement sur le nez du dormeur que taquine,
Cette fois, le diptère. Il en mourut. Mesquine,
Notre enquiquineuse qui fait en se marrant :
« Mieux vaut sage ennemi qu’ami ignorant ! »

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