Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

mardi 23 décembre 2014

LE MERLE PLASTRONNANT

Petite fable affable

Au petit bois du jardin public
Ça cause mais il y a un hic :
Moqueur, un merle, au temps des cerises,
S’octroie le droit de vilipender
Son prochain, appelant ça « franchise » ;
Qui a fauté ou, pis, truandé
Qui fut victime d’un grain de sable,
Ou bien a paille ou poutre dans l’œil,
N’échappera pas à l’insatiable
Bavard qui plus est pétri d’orgueil.

Non content de médire, il incline
À croire et dire, la voix maline,
Que la nature l’a fait plus beau
Que ses pairs et mieux, dit ce clabaud,
Que tout autre bête ou bestiole.
Au surplus, la vie qui est mariolle
Avec d’aucuns, l’a favorisé
Lui offrant, sans jamais s’épuiser,
Santé, amours, nourriture et chance,
Selon lui ; et cette bienveillance,
Bien sûr, lui, il la méritait
Valant mieux que nul autre en futaie.
Hélas, trois fois hélas, notre merle
Eut avec un matou au poil perle,
Quelques démêlés dont ce « grand cœur »
Ne se sortit pas vraiment en vainqueur.
Le mauvais œil, fâcheuse nouvelle,
Jetait lors sur lui sa bartavelle.

Aussi notre oiseau est moins heureux :
Le destin lui est moins chaleureux.
Depuis, si encore il la ramène,
On le voit, chaque jour moins amène,
Souffrir, décliner, mal se mouvoir,…
« Nul ne doit être vu ou se voir,
Soit-il bien portant et prospère,
Lui dit un insigne ver de terre,
Comme favorisé par le sort
Avant que ne le frappe la Mort* !  »


* Selon Solon

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