Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

mercredi 15 février 2017

FAIS COMME L'OISEAU…

Édito' pour RuedesFables, décembre 2016

  Is, le 31 octobre dernier, questionnait sur le site où je sévis à l’envie, oui celui qui est sis là, ou ci-après selon votre situation : « Peut-on savoir qui se cache derrière Rue des fables ? Une équipe ? un passionné ? Un enseignant ? Merci ! » Que l’oiselle de passage pardonne mon retard à lui répliquer, l’humble bateleur que je suis ici voudrait lui en toucher deux mots avant que nous ne nous fassions tous traiter de toutes sortes de noms d’oiseaux pour avoir manqué à la plus simple politesse. Surtout, je me suis dis que pareille question, valant un hommage, demandait une réponse sans ramage : nous sommes de drôles d’oiseaux, oiseaux rares et donc chers, quoique bénévoles, et du meilleur augure qui soit qui plus est !

  Encore beaux, nous sommes des hommes de paroles, lesquelles s'envolent, comme de mots qui ne resteront peut-être pas plus n’ayant guère de groupies groupées après nous, agrippées en grappe comme grippées à leur grype ; nous côtoyons des femmes aux subtils traits d’encre et d’esprit, économes de mots mais pas avares de sens. Nous venons de tous les horizons géographiques, sociaux et historiques : gens d’ici, d’ailleurs, d’hier ou d’aujourd’hui, regroupés par l’inimaginable magie d’une même passion, celle des fables affables et des apologues sans prologue. De briques en pavés, les concepteurs de ce site et ceux qui y écrivent, souvent après l’avoir fréquenté comme lecteurs, jettent à cette rue sans rut ni rus des phrases qui jasent et de écrits qui crient pour le chaland qui l’arpente. Plus d’un oiseau s’en est envolé, léger comme il se doit, après être sorti sans migrer plus loin qu'aux limites de son horizon.

  Au moulin des mots, comme oiseaux sur la branche, nous moulons les maux du monde mu aux vents vieux où volent les vers pris sans ver au vert et y glanons quelque leçon de vie que certains nomment « morale » avec la mine dégoûté de la Reine d’Angleterre sur le chapeau de laquelle un piaf, eh dîtes donc !, aurait fienté. J’en jaunis à l’idée. Ni rapaces ni linottes, nous sommes des gens de plume donc de drôles d'oiseaux, qualificatif ne concernant ni nos appétit ni nos cervelles. Et nous sommes tous descendus dans la rue de concert avec vous pour, nous le souhaitons, votre plaisir en compagnie de quelques grands Anciens, autours des plus illustres ou passereaux plus méconnus, et des Modernes, faisans célèbres comme anonymes pigeons. Oui, tous. Souvent oiseaux de nuit, ni bêtes ni bestiaux - ne se connaissant pas et ne s’étant, pour la plupart même, jamais vus - nous écrivons pour qui se retrouve avec nous à la rue, à la RuedesFables bien entendu, au coin de laquelle n’est que bon ton et au bout de laquelle n’est que bon sens. Modestes comme Moussorgski seul l’était, ni oiseux ni oisif, une équipe veille avec diligence - fouette, cocher ! - à la ligne éditoriale très à cheval sur les principes du genre et la qualité d’un site qui est de haut vol de l’avis général.

  En résumé, nous sommes devenus des femmes et des hommes de la rue et la traversons à l’occasion quand nous y sortons pour faire du rentre-dedans. Petit à petit, nous y faisons notre nid à l’ombre des géants d’antan, tous de bonne branche, et de leurs bonnes feuilles. Nous ne prenons rien ni personne de haut - à vol d’oiseau, veux-je dire ! - car nous aimons trop qui nous y croisons, vivant en bonne intelligence, sans ambages ni vergogne, avec la gent animale et l’espèce humaine. Enfin ses représentants qui, en l’occurence, ne sont pas de ces oiseaux de malheur ayant le front bas et le verbe haut et donc ne voient guère au-delà du bout de leur nez, ayant la pensée aussi peu nette que l’écriture subtile. Ils n’ont pas votre bon goût, celui d’aimer à parcourir nos lignes qui se veulent aériennes sur cette toile qui nous englue, conscients que de nos jours, sans réseau t’as peu, sans réseaux t’es rien !

  Quoi qu’on en dira dans la suite des siècles, la RuedesFables a été dessinée par des passionnés  qui nous ont pris sous leur aile et nous convient, nous simples conteurs rencontrés sur le trottoir du lieu commun, à enrichir, en toute humilité, l’histoire d’un genre littéraire millénaire. Cette artère est devenue, un peu la nôtre, grâce à vous, est surtout la vôtre gens de lettres, voire de courriels. Ce n’est pas une secte d’insectes ni une meute mais une voie ouverte par une fine équipe qui est en sa Rue et non dans la rue. Et, libre comme l’oiseau, je suis fier et heureux d’être de ces oiseaux-là, d’y déployer mes ailes, la plume au vent !

Fabuleusement vôtre !

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