Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

jeudi 9 février 2017

LE VAUTOUR & LE TIGRE

Petite fable affable après Le Tigre & le Vautour

Le Roi patiente hélas de fort longue attente :
La colère, chez lui, décuple la détente
Et ce vautour moqueur finira par tomber,
Se casser ou s’excuser pour avoir tant bombé
Le torse devant lui… Sa Jungle est mécontente !
Il en est pour ses frais : il ne peut que tourner,
Et retourner, sans fin, toute la journée
En usant sa salive en vaines invectives,
En condamnations qui seront effectives
Demain… ou après. De ça, il fait des fournées !

Le vautour, fort serein, persifle de plus belle

Battant très mollement et lentement des ailes,
S’envolant parfois plus haut, et jamais très loin,
Pour faire enrager plus le tigre. Est-ce un besoin ?
Le fauve est un ogre et à son renom fidèle,
Aussi Sa Majesté, tout courroux, s’entêtait,
Guettant le moindre faux pas de son adversaire,
L’inattention ou l’erreur. Là, il macère. 
Sans manger mie. Prêt à s’en tuer la santé.

Se casser les dents sur ce tas d’os l’insupporte,

Lui qui n’est que noblesse et force et se comporte
Avec grâce et souplesse à la ville et aux champs.
Ce charognard si laid n’est que le plus méchant
De ces prédateurs de viscères qui, à sa porte,
Mendient leur pitance, à lui, le roi de ces bois 
Et de ce qui l’entoure, lui qui met aux abois
Et l’Homme et l’éléphant, qui ne craint, formidable,
Ni le dieux ni les diables, fait sa table
De tout animal… et de ce piaf pourquoi pas !

Notre vautour, d’une voix posée et pesante,

Lui dit sans ambages : « Vois comme est plaisante
La Vie qui permet à un oiseau lourdaud
De faire la leçon à un roi en bord d’eau
Même si je suis d’une espèce peu causante.
Tout souverain qu’on soit, pester ou menacer,
insulter ou jurer de faire trépasser
Est inutile, futile et puérile :
De peur de rendre à jamais ton crédit stérile,
Ne promet que ce qui va, non peut, se passer ! »

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