Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

mercredi 15 novembre 2017

AUX FILS DU CONDOR

Au-dessus des petits riens qui font et défont 
Un destin, toisant le puma comme l’Homme et l’âne
Là-bas, à l’ombre des Andes et de ses noirs tréfonds,
Dernier témoin d’un passé enfui, un rapace plane.
Il survole un enfer enfoui que fer et feu
Pas fainéants sous ces cieux, ont fait néant
De chaînes d’esclaves en protecteurs couvre-feux.

Tout fut perdu for la vertu et l’honneur, céans ;
Mais de l’une il ne prend soin sans ambages ni vergogne
Et de l’autre il n’a besoin, dans l’appétit béant
Qu’il a d’affronter l’Humain plus pleutre que vigogne :
Ne pouvant avoir honte, ce bipède-ci a peur,
Roseau bien pensant sur l’ego se perchant
Mais roseau peu pensant, vain jappeur et vil dupeur.

Plumage vert et serres bottées à tout bout de champ,
Le bec toujours avide et, pis, l’œil insatiable,
Il est la bête, hélas, de tous les mauvais penchants,
Ce dieu sur terre qui rapace son semblable.
Et dans ces montagnes-là, c’est lui l’oiseau de proie
Jouant l’orfraie ou l’effraie à toute heure et à tout heur,
Faisant la harpie et le griffon dès qu’il est roi.

Le condor apprit, par l’épreuve, qu’oiseau de malheur,
D’ère en aire, l’Homme est le pire animal qui hante
Sol et rochers, y semant terreur et douleur
Car cette engeance si malfaisante et fort grouillante
Se fait notaire intègre ou vertueux magistrat
Comme infâme dictateur par les vaux et les monts
Et voudrait qu’on oublie qu’il ne vaut mieux que rat.

Les fils du condor ont pris, en bons vieux démons,
Dans le ciel flétri d’un jour neuf, couleur de cendre,
Le relais de leur père qui, d’aval en amont,
N’a connu que charniers et mouroirs, palissandres
Masquant potences et poteaux, bref ces bas instincts
Vaincus de haute lutte pour qu’un soleil nouveau
Refleurisse au sang de nues que l’Homme avait éteint.

Mais les fils du condor ne veulent pas qu’on oublie
Ce que vit et vécut leur père et ses pairs soumis
Au joug d’un uniforme maintenant affaibli :
Ami, le temps n’affadit rien ni n’excuse mie !
Il est des crimes qu’on ne doit jamais effacer,
Dont seuls peuvent témoigner les cieux profonds
Où plane un condor impassible sans se lasser…

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