Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

lundi 23 juillet 2018

LE VIEUX COUVENT

Ruines de pierres ternies et jaunies,
L’abbaye se survit, rongée par le lierre
Et mitée de buissons sans cérémonie.
Les ronces dévorent les jadis si fières
Colonnes, piliers d’un foi en allée.
Cette forêt assassine et pénétrante,
Soulève un sol hier si bien dallé.
Les vertes tonalités envahissantes
Dominent désormais des murs effondrés,
Un clocher mis à bas qui, encore, pleure
La perte d’un bourdon de mousse saupoudré,
Mais aussi, et ce n’est pas las un leurre,
L’oubli des Hommes comme le fil du temps
Qui l’ont mis à mal il y a si longtemps.

Sous les arcs abattus, des statues étouffent
Dans leur carcan de nature, décapitées,
Noyées de ces arbres pélerinant en touffes.
Ici, des gisants aux formes dépitées ;
Là, un reste de vitrail que la pluie délave
La procession des lianes venues
S’incliner - et pour prier ? - sur un conclave
De bas-reliefs effacés, roc mis à nu,
Érodé, au pied de croix agenouillées,
Dans la lumière cendrée de cette aube 
Blessée, dans cet écrin discret et mouillé,
Derrière l’écran d’un bois qui les dérobe.
L’oubli des Hommes comme le fil du temps
Les ont mis à mal il y a si longtemps.

Ailleurs, on devine un cloître éventré,
À quelques esquisses feuillues d’ogives
Écartelées sur lesquelles cherchant ventrée,
À gueule bec, des corbeaux, en récidive,
Ricanent  à voir si les rares âmes perdues
Venues ouïr les défunts. En piteux restes,
De vaines prières, en écho pendues
Au Ciel si loin de ce sanctuaire agreste,
S’accrochent aux bois, vouées à l’Eternel.
Il règne partout une paix reposante
Un accord resté malgré tout fraternel
Entre Dieu et Création agonisante,
L’oubli des Hommes comme le fil du temps
Mettant ce lieu à mal depuis si longtemps.

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