Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

jeudi 19 juillet 2018

QUAND…

Quand j’aurai la mémoire à l’automne
Et mon coeur en hiver, tout atone,
Quand mon âge ne sera qu’exil
Pour de vains jours sans yeux ni cils
Quand hier me sera labyrinthe
Tout en impasses noires, restreintes
À la minuit de ma poésie
Je poserai ma plume - Hérésie ! -
Ayant jà plus tenu que promis,
Ou dû, à mes derniers amis…

Quand le sillon marqué de mes rides
Sera ma ligne de vie, aride,
Quand le labour des ans sur mes mains
S’écrira comme en un parchemin,
Quand j’aurai la peau tannée, ma mère,
Les membres durcis, la langue amère,
Mes mots ne seront plus frénésie,
À la minuit de ma poésie,
Ayant offert roses de toujours
À mon si bel et unique amour…

Quand ma vie qui ne fut, las, qu’un conte
En sera à l’ultime décompte,
Quand tous les sens du vain mot « demain »
M’auront rendu modeste et humain,
Quand le vent ne frisera plus l’onde
Mais froidira les bords de ce monde,
Jetant l’encre pour ne plus voguer,
Mes mots étant tous éteints, j’irai,
L’âme au calme, enfin dialoguer
Avec mes Frères, bon grain, ivraie…

Quand je serai un flambeau qui fume
Sans éclairer l’avenir posthume,
Quand mon ciel donnera aux murs
- Jours sans fin et nuits sans fond - sûr,
Je serai le miroir de vous-mêmes,
Moi qui ma différence au vent sème.
Il me faudra graisser le poignet 
Au portier des gueules de l’Enfer 
Ou du guichetier, bien moins niais,
D’un paradis aux portes de fer.

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