Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

lundi 13 juillet 2020

SÉCHERESSE DE CŒUR

Petite fable affable

Le ciel était d’airain sous les nues lasses.
Point de pluie, pas de rosée encor’,
La terre épuisée se perd en crevasses,
Couvrant de toute part son sein et son corps.
Haletant sur ce sol fracturé, la plèbe
Du village pleurait ses rares épis,
Tiges séchées, têtes penchées sur la glèbe
Rendue stérile. Tous sont pleurs et dépit,…

Lavant d’Aves le pavé, noyant d’austères
Paters les parterres, les humains du bourg
Subissaient. Les félins, moins rudimentaires,
Se croyant aimés parce qu’ils aimaient, peu gourds
D’esprit pourtant, craignirent eux, à famine
Criée, de finir en ragoût de couvent
Et cherchèrent conseil près d’un chat sans mine
Qu’on disait sage. Prudent plus que savant.

La bête étique, sans éthique, vue basse
Voulant obliger et plaire, les reçut 
Dans ce qui fut bourbe et n’était plus que crasse.
En parlant prou mais disant peu, il déçut
Car il aimait fort en public se répandre ;
Il bassina son monde : « Le sage, le vrai,
Lui fit un minet mité aimant se prendre 
De querelle avec les poubelles et se livrer
À l’altercas, arrose, l’insensé inonde !… »

L’autre surpris, en ne lavant pas l’affront,
Perdit tout crédit, aussitôt, à la ronde.
L’assistance douchée qui, hélas, de front
L’abreuva d’injures se détourna vite
Vers l’indigent : « Frères, vivons de peu,
Donnons à qui n’en peut mais, sans son invite,
Part de ce que nous trappons en sirupeux.
Nous éviterons d’être de sa soupe. Je coule
Des jours presque heureux, moi, en faisant  ainsi. »

Et nos félins de mouiller pelisse en goule
Parmi nichées, couvées, et rongeurs rancis.
Submergé de viandes, noyé de larmes
De reconnaissance le bourg survécut…
Sans trop se répandre sur l’origine
De cette bonne fortune de “cocu”.

Hélas, le gibier manqua, sécheresse
Durant, et l’on dut, lors, croquer du chat
Même si ces animaux-là plein d'adresse
À tant courir et trop se priver, le chas
D’une aiguille auraient passé. Voilà l’humaine
Ingratitude à la sauce du moment !
Seul le chat causeur, ce fol énergumène,
“Arroseur” à rosser, fuit ces tourments…

Si, nous-dit-on, faire maigrir les riches
N’a jamais ici-bas fait grossir les manants,
Ruiner ceux-ci au seul profit de plus chiches
N’a jamais profité qu’aux plus puissants !

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