Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

lundi 17 mai 2021

DES POMMES POUR LES PAUMÉS

Petite fable affable sur des mots de Mark Twain

Dans notre verger, il est un pommier.
Un pommier prospère s’offrant au premier
Venu, qu’il soit un voyageur affamé 
Ou un quelconque vagabond assoiffé.
Un aïeul le voulut ainsi. On a blâmé
Cette idée de l’église jusqu’au café.
Elle lui vint un jour d’hiver que passait,
Par laies et tortilles qui s’entrelaçaient
Chez nous pour gagner le bourg, un trimardeur.
Sans nul doute, un galvaudeux chassé d’ailleurs.
Tout œil ignorait la main de ce glandeur,
Toute porte restait close au grappilleur.

Notre Ancien prit en pitié son pas
Lent et las et lui offrit un repas.
L’errant s’ouvrit et lui conta sa vie :
Le maire de son hameau l'avait prou rossé
Tenant par trop à ses vieux souliers,
Notre besacier ayant fort bossé
Pour lui les voulant pour prix du métier.
De chez la veuve où il vivait, le curé,
Après, le fit chasser : il se figurait
Des amours illicites entre elle et lui,
Cette vieille-là qui, par charité, 
Sachant sa vie d’épreuves, un jour de pluie,
Offrit contre travail pain et nuitées.

Depuis, il allait sans toit ni lieu 
Ne goûtant chez l’homme, son pair, que l’odieux,
Ne suscitant chez la femme que l’horreur.
Puis laissant là ses jérémiades il dit :
« Pourquoi, cher bienfaiteur, n’avoir pas fait
Comme les autres au risque du discrédit
Ou de vous exposer à quelque méfait ?

- Parce que j’ai lu, acte désapprouvé,
Qu’à chaque fois, dans l’hiver comme l’été,
Faiblesse, imitation, qu’on se trouvait
À voir et penser comme majorité
De bonnes gens, sans espérer l’infléchir,
Il fallait prendre le temps… de réfléchir. »

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