Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

dimanche 17 septembre 2023

LES SIFFLANTS CONSPIRATEURS

Petite fable affable

Voilà un conte fleurant peu les on-dits.

À l’heure où l’été prenait ses quartiers d’hiver
Après avoir dansé avec les blés blondis,
Deux serpents se retrouvent. Nus comme des vers,
Leur humeur plus vagabonde que la faim
Fait que c’est là commencement et non fin.

L’un de ces reptiles est une vielle barbe 
Qui avait beaucoup rampé pour réussir.
L’autre, un quelconque blanc bec, né en joubarbes,
S’allonge volontiers pour mieux épaissir
La ligne de son grand destin à venir :
Avec sa gueule de boa, il se rêve
Roi des ophidiens, venin autant que sève.

Le premier, sans langue de bois, avoua
Que régner il l’avait fait, lui, naguère ;
Mais qui a déçu est déchu. C’est la loi.
L’avait détrôné, non sans quelque vaine guerre,
Un familier du roi, quelque étron flagorneur,
Qui sut à dessein se faire suborneur :
« Vois-tu, moi je sais la Cour et ses arcanes,
Les coteries, les factieux, l’art du complot
Et la démagogie pour flatter les ânes.
Je peux t’aider à renverser le ballot
Qui m’a pris ma place, une fin de race
Dont il faudrait bien que l’on se débarrasse ! »

Accord fut passé. Et on y donne corps
Et le nouveau roi monte, un jour, sur le trône
Usant là de poison, ailleurs de miel.
À peine monarque, la prison il prône 
Pour l’autre qui en crache bile et fiel
À la face de sa majesté goguenarde
Qui lui lance, alors que le saisit la garde :
« Souffle fort qui voit qu’on s’est servi de lui
Oubliant comme il s’était servi d’autrui ! »

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire