Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

jeudi 5 septembre 2024

AU TEMPS DES FLEURS

Petite fabl affable

L’Eden en était donc à son premier printemps
Et, las, on s’ y emmerdait ferme à tout instant :
Pensez : un endroit où, tous les jours, ne rien faire
Est la plus pressante de toutes vos affaires !

Or, aux premières chaleurs, Eve constata
Que la pelouse, au matin, perlait, ça et là,
De rosée et qu’Adam, devenait, à l’aurore,
Un peu plus dur de la feuille. Et lui, plus encore,
Avait bien commencé à sentir que la sève
Montait dans la branche. Il en parla à son Eve.

Les deux locataires d’un Paradis perdu
On ne sait où, pour changer, auraient lors voulu
Savoir le pourquoi et le comment de ces choses ;
’Faut s’occuper un peu dans le parfum des roses !

À force de tâtonnements, incidemment
Adam vit un fruit défendu qui, sûrement,
Ne l’était pas tant que ça. Leur Pater, austère,
Quoiqu’à cheval sur la vertu régnant sur Terre
L’avait caché sous un buisson par trop ardent.
Il y croqua, je l’ose dire, à pleines dents.

Le Barbu, qu’a tout vu, ne put en faire plus.
Il s’émut de ces ébats d’en bas qui l’excluent.
Il se condamna à mater les jeux de mômes
Qu’Il n’avait pas encor' poussé à bâtir Rome.
Fâché, outré, révolté, le Dieu d’Amour chasse
De son jardin ceux qu’il avait faits. C’est la classe !

Et depuis on est embrenné, sans faim ni fin,
Parce que deux puceaux, vivant nus, n’ont pas feint
D’ignorer charme et beautés de l’œuvre divine,
D’honorer un absolu qu’hélas on devine,
À loisir, dans une vie passée à  gésir,
À vivre jours de désirs et nuits sans plaisir.

Tout ça car au Paradis l’Ennui fit le Vice
Et que Dieu, impuissant et jaloux de service,
En rougit et rugit, il n’est las qu'interdits
Et non-dit qui tentent, les âmes dégourdies !

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