Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

lundi 17 mai 2021

HAÏKU POURRIR

L’avantage avec les masques anti-covid c’est qu’ils nous épargnent bouches en cul-de-poules et becs-de-lièvre mais, hélas, ils ne nous préservent pas des gueules de raie !

DES POMMES POUR LES PAUMÉS

Petite fable affable sur des mots de Mark Twain

Dans notre verger, il est un pommier.
Un pommier prospère s’offrant au premier
Venu, qu’il soit un voyageur affamé 
Ou un quelconque vagabond assoiffé.
Un aïeul le voulut ainsi. On a blâmé
Cette idée de l’église jusqu’au café.
Elle lui vint un jour d’hiver que passait,
Par laies et tortilles qui s’entrelaçaient
Chez nous pour gagner le bourg, un trimardeur.
Sans nul doute, un galvaudeux chassé d’ailleurs.
Tout œil ignorait la main de ce glandeur,
Toute porte restait close au grappilleur.

Notre Ancien prit en pitié son pas
Lent et las et lui offrit un repas.
L’errant s’ouvrit et lui conta sa vie :
Le maire de son hameau l'avait prou rossé
Tenant par trop à ses vieux souliers,
Notre besacier ayant fort bossé
Pour lui les voulant pour prix du métier.
De chez la veuve où il vivait, le curé,
Après, le fit chasser : il se figurait
Des amours illicites entre elle et lui,
Cette vieille-là qui, par charité, 
Sachant sa vie d’épreuves, un jour de pluie,
Offrit contre travail pain et nuitées.

Depuis, il allait sans toit ni lieu 
Ne goûtant chez l’homme, son pair, que l’odieux,
Ne suscitant chez la femme que l’horreur.
Puis laissant là ses jérémiades il dit :
« Pourquoi, cher bienfaiteur, n’avoir pas fait
Comme les autres au risque du discrédit
Ou de vous exposer à quelque méfait ?

- Parce que j’ai lu, acte désapprouvé,
Qu’à chaque fois, dans l’hiver comme l’été,
Faiblesse, imitation, qu’on se trouvait
À voir et penser comme majorité
De bonnes gens, sans espérer l’infléchir,
Il fallait prendre le temps… de réfléchir. »

dimanche 16 mai 2021

samedi 15 mai 2021

HAÏKU EN -ON

Mon Bon, le son du « on » a le don de de me faire sortir des gonds presque autant que les cons et les « non ». Mais pour rester dans le ton, et garder du fonds sans faire de vains ronds, car ces « on » sont aussi - hélas ! - le pont le moins long vers l’autre…


ÉCHOS LOGIQUES

Sur la lande, le crachin sema des bruyères,
De touffe d’ajoncs en buissons de genêts
Qui jouent, pour un soleil sale, humbles chenets.
Les nues époumonent souvent ici leur colère,
Fauchant à vif, en de bruyantes moissons,
Toute une récolte de verdure que, naguère,
Bruine et ondée bruissante firent en chanson.

Je vais, pas pressé mais oppressé par ces souffles,
Marcher loin du chant des rus et des cris des rues
Sur cette lande-là, où toutes en arêtes crues
 Des pierres crèvent le sol dans le barouffle
Des vents vains pour s’accrocher au gris du ciel.
Elles poussent mieux dans ces terres de mistoufle 
Que le blé noir ou les mots artificiels.

Près de la lande, la plage drapée de brumes
Regarde sécher un astre las, lessivé
Par la nuit, sur le fil ténu, ravivé,
D’un vague horizon aux pâles teintes d’agrumes.
Flouté, il y flotte des rafales affolées
Qui bousculent nos corps en bourrasques d’écume
Qui cornent à nos oreilles prêtes à s’envoler,…

Sur la lande, le crachin sème des bruyères,
De touffe d’ajoncs en buissons de genêts,
Alors qu’un jour endort la nuit, son aînée.
J'y vois les visages des vents aux manœuvrières
Voltes, aux hurlantes révoltes et me fonds, sans teint,
Dans ces airs régnant, violence familière,
Sur l’étain éteint d’un vieil océan sans tain.

vendredi 14 mai 2021

jeudi 13 mai 2021

HAÏKU’MPTE EN BANK

Si vous trouvez impayables d'aucuns « intellectuels »,
allez donc jeter un œil aux tarifs de certains « manuels » !

L’ORGUEIL DU BOUVREUIL

Petite fable affable

L’humilité, si je l’ose ici dire,
N’est pas l’apanage des emplumés.
Surtout de ceux, quelque peu allumés,
Qui perchent haut, sans rien s’interdire,
Et chantent de même, à l’accoutumée,
Se faisant à eux-mêmes écran de fumée…

Embranchée aux platanes de l'école,
S’égosille une nichée de bouvreuils.
Rongé de fiel et bouffi d’orgueil,
L’un d’eux prétend que ses trilles s’envolent
Jusqu’à Éole. Et, avec volupté,
Las, il s’adonne à cette vanité
Qui le rend insupportable, malévole.
Il se croit honoré des passereaux
Qui louent à l’envie sérénades, aubades,…
Flatté, il n’en chante que plus, en héraut,
Et n’enchante que moins car peu on le bade.

Dévergogné, avec cuistrerie
 Et délectable gourmandise, il gobe,
Les éloges ailés de ce qui est probe
Et vole, bâfre leurs hourras ravis,
Bouffant les bravos qui font auréole
À son grand talent. Ah, la gloriole !
Il en rougit de joie qu’un récital
Ait compliments mais l’encens ensommeille
Le sens commun qui lui fault. C’est fatal
Car l’hommage n’est dû qu’à la merveille.

Sans jamais percevoir la raillerie
Sous l’ondée de complimentailleries,
À l’abord plus aimable que frivole,
L’immodeste ne sait que plaisanterie
Réussie est celle qui, sans un ri,
Masque d’offensantes vérités… C’est plus drôle !

mercredi 12 mai 2021

HAÏK(i)U’S QUE

Peut-on parler de “faute professionnelle” pour un plombier devenu incontinent, une vendeuse qui se laisserait acheter, un électricien qui n’est pas au courant, une infirmière complètement piquée, un coiffeur chauve, une professeur qui pose en donneuse de leçon, un boulanger à la gueule enfarinée, une nounou qui en tiendrait une sacrée couche, un docteur malade, une sage-femme qui ferait des folies, un maçon qui laisserait « béton », une dentiste qu'on enverrait se brosser, un opticien qui nous en mettrait plein la vue,… ?


mardi 11 mai 2021

HAÏKU’L DEUX SIGNES

Je tais que je t’ai… jetée ! 
Ce ne serait pas pas si grave si ce n’était de la jetée !



MARCHONS !

Y’a toujours un côté de la rue 
Vas-s'y si tu crains de vivre libre.
Si tu crois, hélas, pouvoir survivre
Loin de la morsure du soleil,
Du chaud de l’incendie du ciel.
C’est celui où l’on flâne, où l’on erre,
Le nez à l’air et l’âme hors de terre…

Y’a toujours un côté de la rue 
À l’ombre et un autre offert aux nues.
Alors si tu veux que ta vie avance,
Choisis ce trottoir par connivence ;
L’autre n’est qu’un lieu à vider
Car s’y pressent les noires idées,
Dans l’air d’un temps aux senteurs de craintes
Et aux couleurs de peurs qui vous éreintent…

Y’ a toujours un côté de la rue 
À l’ombre que fuient les ingénues
Qui sur, l’autre rive, se bousculent.
Malgré les traits de la canicule
C’est vrai que, là, le temps prend son temps,
Nous invite à d’éternels longtemps
Dans le sillage enchanteur de rires,
De délires chassant toute idée d’ire.

Y’a toujours un côté de la rue 
À l’ombre même en ces avenues
Qui sont la route de ta vie d’impasses
Où tant de gens, hélas, te dépassent
Tout en coups de coudes et de menton,
Loin des lourds parfums qui vous étrillent
Là où ça brûle moins que ça brille…
À l’ombre où tu es bienvenu…

dimanche 9 mai 2021

HAÏKU D’AVANCE

Si j’ai pour principe basique de rester neutre, cela ne m’empêche pas d’avoir des propos acides…

LE COCHONNET AYANT LES BOULES

Petite fable affable

Là même l’ombre prend le soleil
Qui cogne d’or et frappe de vermeil.
Rat de marais et pilleur de combes,
Courant dès mâtines prés et bois,
Un croquant, plus vif qu’une palombe,
Se tapait fort la cloche, aux abois.

Fils des chemins et du mauvais temps,
Clopin-clopant, il n’avait que hardes
Harassées, ce vil bouffeur de vent,
Ce vain buveur de pluie. Vacharde
Est la vie aux pieds fatigués,
Aux souliers troués par tout gué.

Chemin faisant, notre errant las croise
Un porcelet qui, de son gras, le toise.
Cette tête de lard n’était de ceux
Qui habillent de fort belles phrases 
La nudité des mots car, chanceux,
Il venait des rives de l'Iroise.

Le hère sautant rûs et repas
Sans fin lance à ce goret tout triste
Allant en sa natureté : « Pas
De bonne fortune, Aquaboniste ?

- J’ai ducats et pistoles en bon nombre,
Et florins et doublons dans leur ombre
Mais je perds la faim. Le goût de vivre
Me fuit : à quoi bon poursuivre
Quand la richesse m’offre des amis
Aussi intéressés qu’insincères ?
Chétive créature, est-il permis
De continuer quand le cœur vous serre ? »

Lors, l’autre qui avait des idées
à défaut d’avoir de la cervelle,
Lui fait : « Ah, Dieu t’a guidé
Vers qui a pour toi bonne nouvelle :
Je vais mettre un terme à ton mal
Dans le même temps, bel animal,
Qu’à tous mes tourments et à ma peine ! »

Pour aider ce vain prochain, sans gêne,
Le gueux l’occit sans plus de détour
Et le gloutit comme font Suèves.

Si toute nuit finit un jour
C’est, las, souvent dans un mauvais rêve !

vendredi 7 mai 2021

HAÏKU, RIS !

Machinalement, nos  machines nous transforment en « machins ».

NUIT BLANCHE

Scène de la vie covidienne

Las bas le ciel aigri est noir
Comme ces idées sur lesquelles
J’ai traversé la nuit de ce soir
Et elle me laissera des séquelles
Pourtant elle était aussi étoilée
Que quelques nues d’été peuvent l’être
Celles qui parfois chagrines font naître
Sombres éclairs pensées étiolées

Juste écloses à mes limbes ténèbreuses
Détournant la barque de mon sommeil
Elles m’ont mené vers des rives brumeuses
Aux lugubres obscurités éveil
De funestes pénombres qui se cachent
Aux recoins bilieux de mon esprit
Où la main occulte d’un Dieu lâche
M’arriment au cafard avec mépris

Là-bas sous le ciel-ci noir et gris
J’ai navigué entre soucis maussades
Et sinistres chimères coeur rabougri 
Troublé à cette céleste ambassade
À ce message menaçant qui voyageait
Jusque dans mon sang où coulait une glace
Sur laquelle courait une populace
De vents brûlants recroisant leurs trajets.

jeudi 6 mai 2021

mercredi 5 mai 2021

HAÏKU LAURIER

Broyer du noir me rend blanc comme un linge…

UNE LOI DES OIES

Petite fable affable

Qui vous dit « bête comme une oie » ferait mieux 
De méditer ce fait connu jusqu’aux cieux.

Lorsque Râ reste froid aux plaisirs de ce monde,
À deux doigts de gagner les jardins du Ciel,
Préfère se cacher au fond des flots et de l’onde,
Les escadrilles d’oies vont goûter au miel
D’un séjour plus doux que celui que promettent
Les premiers frimas à nos pauvres pommettes.

En formation, leur vol sillonne les nues
Mené par une oie qui sait la voie et le mène
Sans nul excès au but qui était convenu.
Elle assume son rôle, et se met à la peine,
Pas comme ces doctes responsables de tout,
Coupables de rien au moindre mauvais coup.

Pour le bien de toutes, elle mène la danse,
Garante de la bonne fortune de leur vol.
Avec leur aval, elle donne la cadence
Sans qu’on lui conteste la pause ou l’envol.
Et dès qu’elle fatigue, elle cède la place,
Offrant la tête de cette flotte à moins lasse.

Et elle rentre alors dans le rang, sans ronchonner.
Ainsi de suite, changeant dès que nécessaire
De cheffe, ce V assume sa destinée
Sans qu’aucun de ses membres ne fasse d’ulcère,
Ne se sente relégué ou abandonné 
À finir oublié, à périr condamné,…

Que ces pratiques inspirent donc nos politiques,
Gens de peu d’éthique, s’accrochant comme tiques…

mardi 4 mai 2021

HAÏKU LOGIQUE

Me balader ou me faire marcher sont les meilleures façons de me pousser à vous envoyer promener.

lundi 3 mai 2021

HAÏKU’RBATURES

Ma ligne à moi ? Elle est de conduite comme de vie et se résume à tout faire pour garder la ligne car, comme dit ma fille : « Une ligne courbe, ça reste une ligne ! »


AUPRÈS DE MON CANAL

Cycle toulousain

Au beau pays d’hier, auprès de mon canal,
Mes souvenirs s’en vont, d’un pas lent, machinal,
Pour las me rappeler ô combien me manquent
Ses vieux platanes aux écureuils saltimbanques.

Moi, c’est là-bas que j’ai mes pas perdus,
Sur un chemin qui s’est un jour lassé
De voir haler des péniches assidues
À lier deux mers… et sans bardasser.

Sa poussière n’avait pas de prise
Sur mes godasses foulant la verdure,
Dans la solitude d’une déprise
Qui en faisait lors terre d’aventure.

Seuls, le chien et moi, sous son ombrée
On marchait dans les bruits qui venaient
De ces routes déjà fort encombrées
Qui, vers d’autres cieux, vous amenaient.

Je connaissais tous ses troncs et ses fourrés
Et savais les chansons de ses oiseaux
Qui ridaient des flots toujours calmes, savourais
D’être hors du Temps, lès massettes et roseaux.

Auprès de ce chenal abandonné aux canes
Qui, déjà, le sillonnaient en silence
Et au néon des libellules, crânes,
Je vivais, un moment, dans l’indolence.

J’ai revu la tonnelle de ces feuilleées,
Mais sous ce dais, en foule on court, on crie
Ou on s’agite à petites foulées,…
“La ville” aux rives désormais s’inscrit.

Nul ne voit la verrière que vitraille
De bleu paisible et verts sereins, l’ombrage
Qui appelle aux réflexions qui raillent
Un monde vil et vain qui serait notre “âge”.

Au beau pays d’hier, auprès de mon canal,
Mes souvenirs s’en vont, quand point le point final,
Pour me rappeler, là, ô combien me manquent
Ses vieux platanes aux écureuils un brin branques.

samedi 1 mai 2021

HAÏKU KUNING

On veut me mettre à nouveau en quarantaine.
M… alors, moi qui désormais quinqua', n’avais jamais été aussi près de la retraite !

PREMIER MAI

Premier mai
Couleur de muguet et de roses
Tu t’es grimé
Paré de ces nues de Ventôse
Tout abimées
De ces pluies qui sur nous glosent
 Comme arrimées
À une année de peurs de psychose

L’âme alarmée
À sortir au plus loin nul n’ose
Premier mai
Parfums de muguet et de roses
Soleil pâmé
Au cœur d’une année de névroses
Toute semée
D’idées noires pensers moroses

Aux jours d’aimer
Le corps et le cœur se reposent
Mains affamées
De cueillir enfin quelque chose
Premier mai
Bouquet de muguet et de roses
T’as ranimé
Feu nos espoirs morts d’overdose

Et sans chômer
Tu éteins un temps ces névroses
Inexprimées
Embrumant fort nos vies forcloses
Pour les calmer
Embaumant notre sinistrose
Premier mai
Entre le muguet et les roses