Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

samedi 19 décembre 2015

LE ROBINSON À LA RIVIÈRE

Petite fable affable

Un Robinson, échoué en son île,
Décida, pour vivre, de s’installer
Sur un sol de rives rendues fertiles
Par sables et sédiments en allés,
Avec des boues riches, une bonne vase,
Puis déposés au fil d’un bon cours d’eau.
Ainsi ses labours et ses prés s’évasent
Et, sans engrais sur le sol en fardeau,
Moissons et récoltes se font cadeaux…

Il détourne un peu d'eau qui toujours file et glisse

Bien que son lit, jà, se pare de lidos,
Réduit son débit. Inquiétants indices…

Mais, chaque jour, ses beaux champs s’enrichissent,
Tout terreau, marnes et alluvions
Irrigués par un flot continu, lisse,
Courant sur les cailloux et gravillons :
Notre affluent aux eaux jadis si grosses,
S’est mué, tout filets, en ruisseau
Sur douze ans. La Nature est vraiment rosse :
Le sol et le soleil le boivent, sots !,
Tant qu'il finit petit ru sans soubresaut…

Dérivée, envasée, n'est plus la rivière.

De la terre, qui n'est plus que morceaux,
Naissent des fissures et force fondrières.

Rien n’y fait : ni labeur ni prière.
Harassé, dégoûté, il dut partir
Plus loin, vers une autre clairière,
Et de zéro, à nouveau, repartir :
Plus de limon ni de canaux venus des berges
 De ce cours d'eau dont il ralentit,
Par trop le cours et lui fut bonne auberge.
Il en prit, philosophe, son parti :
« Ce qui longtemps, t’est atout,
Un jour te fait perdre tout ! »

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