Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

vendredi 23 novembre 2018

CHEMINEAU SOUS L’ORAGE

En branle de par le monde, j’ai pour demeure
Les routes et les forêts comme foyer pour l’heure.
À fouler les vieilles feuilles je marche sans effort,
À fouiller les fougères, je vis sans confort
Si nues grosses de nuages accouchent d’orage
Qui, sans ambages, tout haut me rugit sa rage.
Les éclairs veinent les cieux noirs assombris, 
Les zèbrent à grand bruit, tombant tout en débris.

Les nuées ont craqué. Entre ciel et terre,
Des cordes d’eau se sont tendues et me font taire.
Sur cette grille liquide, contre la nuit,
Glisse au sol un froid pénétrant. Cette pluie
Frappe les feuilles verdies et des branches dévale… 
Elle est tombée comme herse médiévale.

Sinistres hurlements des rafales de vent,
Cessez de faire craquer ce fragile auvent !
L’obscurité m’éructe toute sa colère,
Gronde comme un fauve acculé. Mon cœur accélère
Sa cadence. Mon corps meurtri est fouetté
Par ces trombes et par les souffles rejeté.
Mon regard fourrage la pénombre, ravin
Où Dieu crache eau noyant l’abîme sylvain.

Sous l’averse, je reste debout et, aguerri,
Souris à l’intempérance des intempéries
Jusqu’à ce que mes pieds se dérobent, chaloupent :
La terre n’en peut mais. Trempée comme une soupe ,
Elle dégorge son eau, vomie en rus violents,
Ruisselle de boue, me laissant flageolant.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire