Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

vendredi 9 novembre 2018

PETITE BELETTE

Petite fable affable à Anne, Amicalement.

Au petit matin blafard d’un de ces jours cafards,
Le grésil grésillant aux nues grises de fard,
Petite belette voulait jà devenir grande,
Par les mots qu’elle aimait polir, limer, biseauter,…
Pour nous les offrir. Las, on condamnait ces offrandes
Chez les jeunes jugeotes et les raisons rasottées :
Elle parlait d’amour, cette belle mécréante,
Sans assez de pudeur, retenue bienséante…

En phrases sensuelles et sous-entendus coquins,
Avec tendresse et humour, mieux que les bouquins
Elle évoquait, insinuait,… titillant le mâle.
Et ses fleurs, à ses sœurs aussi, faisaient de l’effet.
C’en était trop pour les bonnes mœurs et la morale
Et assez pour les censeurs qui firent ce qu’on fait
Quand la beauté et la douceur par trop vous choquent :
Il frappèrent prou après avoir tenu colloque.

Petite belette fut bâillonnée : sa folie
La condamna à l’asile, attachée à son lit.
Le silence ne suffisait pas. Aucune page
Blanche par sa patte dévergondée ne serait 
Plus souillée. Et qu’importe, ma foi, son si jeune âge.

Il faut savoir sacrifier, plus rapide qu’un trait
Le fruit pourri qui peut contaminer, sans ambages,
Le panier de fruits sains cueillis loin des herbages !

La sentence fit qu’on lut ces damnables écrits
Qui intéressaient d’autant qu’ils causaient tant de hauts cris.
La belette eut postérité malgré les acerbes :
Son œuvre, sous pelisses et fourrures, circula
Mieux qu’avec l’assentiment du docte consulat. 
Alors ami(e), sachant que les sots scrutent ton verbe,
Vis chaque matin comme si c’était le premier
Et chaque soir comme si c’était le dernier !

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