Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

mardi 13 novembre 2018

TROP HONNÊTE POUR ÊTRE NET

Petite fable affable

Pas vraiment de prime saut, car tabellion,
Un loup gris fuyait la Cour du Roi Lion,
Ses bruissants brocarts et ses soies susurrantes,
Car on y avait la pensée murmurante
Et la louange flagorneuse au souverain
Qui ne les en aimait que plus, riverain
Des cimes les plus hautes de la puissance
Et de la gloire. Ah la belle jouissance !

Ce roi oubliait, comme le loup le clamait :
« Sire, en ce bas-monde, il n'y a point d’éloge 
Flatteur sans quelque liberté de blâmer* ! »
Laissant leurs courtisans en leur bauge,
Notre lupin fuyait les civilités
Au parfum d’encens sentant servilité
Et la louange mensongère, pommade
Qui aurait du appeler quelque brimade.

Ainsi ces zélés étaient-il tout contents
D’eux de laisser Sa majesté en son trône
Si contente d’elle. Ainsi passait le temps
Et complotaient les vassaux, car cette faune
Cabalait contre son suzerain, factieux
Sans vergogne unis là aux séditieux,
Tout en le caressant du plat de la langue. 
Garou avait eu raison de fuir cette gangue !

Mais notre mâle bête fut désignée
Quand on éventa l’intrigue. L’agent double
Qui inspira, sans jamais se résigner,
La conspiration, vrai fauteur de troubles
Mais panégyriste des plus convaincants
Et chef en chef de la royale police
N’aimait guère que l’on soit par trop lisse.
Le loup exécuté à peine jugé,

Perdit sa couronne le lion grugé.

Faits à la truelle tous tes compliments,
Seront un beau crépi bien plus solide
Que les murs dont ils ne sont qu’ornement :
C’est le seul hommage, hélas, qu’un sot valide !


* Merci au Figaro… pas le journal mais le barbier de Beaumarchais qui n’en est pas moins aussi celui de Séville.

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