Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

mardi 11 juillet 2017

GLANDEUR MATURE

Petite fable affable

« Minute papillon ! » cria la chenille
À l’épeire qui l’avait si sournoisement
Engluée dans sa toile, hélas, en guenilles
Après qu’elle eut été attrapée. Gaiement,
Elle babillait dans ces haillons qui vrillent
Et la condamnent au pire assurément.

Si l’épeire était une gourmande - et comment ! -

Elle n’était pas futée, toute terrible
Qu’elle fût. Elle écouta donc cette proie
Si grasse et si grosse, la plus ostensible
Des prises qu’elle eût faite dans ces bons bois.
Délayer à la manger était accessible
Joie pour cette horrible à l’esprit fort étroit
Et à l’appétit inassouvi, je crois.

« Nourrie-moi donc jusqu’à ce soir, Reine Aragne,

Et demain, bien plus appétissante encor’
Je serai. À te berner qu’est-ce que je gagne ? »
L’araignée que ne pressait pas l’appel des cors
Entendit et s’exécuta. Le beau bagne
Elle connut. On jasa dans son décor
Et sa sénilité mit son monde d'accord.

La nuit venant, la larve eut répit. Supplice ?

Non, l'autre n’y vit pas malice, appâtée.
Au matin, dans son piège elle se glisse
La rêvant  en tranches, en ragout, en pâté,…
Mais, cruel dépit, plus de chenille en lice
L'arachnide est dépit, privée de délice…

Elle fut colère quand un papillon

Tout près de là, lui déclara : « Belle affaire
Que de se retrouver ainsi tout couillon
À vouloir, grugé par l'espoir, demain faire
Ce qu’aujourd’hui on aurait du. Brouillon,
On n'obtient même pas quelques picaillons ! »






















Illustration : Élisa Satgé, été 2019

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