Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

jeudi 27 juillet 2017

L’ABEILLE ABATTUE & L’OSMIE BATTANTE

Petite fable affable

Ferme comme rocher, froide comme un torrent,
La belle abeille a bu, comme une volucelle,
Aux fleurs pailletée de cette humide étincelle
Qui annonce, dès l’aube, un beau jour odorant.

Et pourtant, rien n’égaie l’apidé matinale
Qui va si tristement au sien labeur qu’Osmie
S’en inquiète tout haut avec la machinale
Gentillesse des gens simples qui sont amis :

« Pourquoi donc bouder la beauté de nos pâtures ?

- Ce sont traîtres charmes que ces fleurs que les Humains
Ont  bourrées de poisons en un vil tournemain
Ou bien c’est ruse ourdie par la Dame Nature !
À sucer et laper ces venins, me voilà
Malade, pire condamnée, sans vergogne
À périr, non sans souffrir, et d’ici là,
À dépérir jusqu’à ne plus savoir ma trogne.
Pourquoi chez les Bêtes, ne peut-on demander
Qu’on abrège, d’un coup, cette horrible torture
De la douleur ou bien, sans plus de fioriture,
Que le supplice cesse avant de nous brader ?

- Tu voudrais qu’à mourir on t’aide ou on t’assiste ?

- Oui, Dame Osmie, pour partir le plus dignement
Possible dans l’odeur des roses et des cistes…

- Crois-tu que je n’ai pas le Mal tout mêmement 
Que toi ? Penses-tu que j’ignore le terrible
Sort qui sera aussi le mien d’ici fort peu ?
Mais je n’aspire pas à un sauve-qui-peut :
Ma grandeur à moi, face au pire et au pénible,
Ce sera d’affronter la Mort et de lutter, 
Pied à pied contre elle, avec force, avec panache
Jusqu’à ce que, hélas, mon bien pauvre cœur ne lâche.
Est-ce plus indigne que de la court-juter ? 

Aussi, je récuse ici le droit à quiconque 
De dire que telle mort serait quelconque
Quant une autre se voudrait honorable. Oncques
Ne vit trépas qui soit sillage de jonque ! »

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