Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

mardi 27 février 2018

RIEN QU’UNE BANDE DE CONTES…

Édito’  pour  RuedesFables,  février  2018

          Les cloches comme les cons sonnent mais la fable est un conte. Pas un mécompte, ni un gros conte comme ses pieds : un petit conte ; conte comme la lune parfois mais aussi plaisant qu’icelle quand elle est pleine. Un conte courant certes, mais c’est bel et bien une nouvelle, soit-elle paradoxalement vieille, qui thésaurise l’esprit de gros et au détail car un conte, c’est connu « ça ose tout et c’est même à ça qu’on les reconnaît ! » comme aurait dit l’irremplaçable M. Audiard.

     Ce type de conte, engageante poésie engagée, épargne peu et dépense maigre mais on opine à l’avis à bon compte. Dans ces bluettes qui ont bercé notre enfance et fait enrager nos enseignants soignés se signant en saignant on conte la vie autant qu’on raconte ce et ceux qui la peuplent. On appelle cela la sagesse populaire. Car les fables nous ont fait, quand le conte est bon, moins philosophes que penseurs car elles, elles, n’ont pas de système à prôner, de thèse à défendre ou d’idée(s) à vendre : souhaitant plus dire le vrai - aussi douloureux soit-il - que convaincre, ces avocates du bon sens rendent compte de nous, tout simplement, et de notre quotidien - défauts et qualités, droiture et travers, mœurs et pensées - et ainsi les bons contes font-ils les bonzes amis !

     Ici, vous en trouverez des lignes de contes car RuedesFables ne se paie pas de mots : on y échange en monnaie de conte, qui vaut bien celle du singe. Vous nous y demandez, à nous conteurs à gages ou conteurs éclectiques, sans cesse des contes - rimes des Anciens, raisons des Modernes - pensant qu’à conte tenu morale due. Mais comment les fabulistes d’hier et d’aujourd’hui font-ils leurs contes, me diriez-vous si je vous donnais cette parole que vous répugnez à prendre, après la lecture d’une de nos historiettes, contes donnés à publier, réglés comme papier à musique ?… En suant et en transpirant, car c’est un travail de bénédictin ou d’horloger - ou d’horloger bénédictin - que de polir un vers et de le ciseler pour qu’il offre quelque éclat à un conte nu. Car, ici, chacun travaille à son conte… le prochain bien sûr. Plus confiant dans l’avenir que dans le passé où s’ancrent des récits laissés pour conte. Parfois, si l’aventure contée vous plaît, vous nous demandez des contes. D’autres contes, s’entend… mais pas dans cent ans. Alors on se remet à l’ouvrage qui, peut-être, un jour viendra si Dieu que tous ces vendus à jeter de moralistes - au sens « Grand Siècle » du terme -  louent pour ce qu’il donne, leur prête vie. J’espère que vous vous rendez mieux compte que les fables vous en content… - pas que sur les doigts de cette main où je compte mes pieds - et que les faire en raconte.
     Au bout du conte, plutôt ouvert et pas que d’esprit, avec cet édito’-là le conte est clos, car vous y avez eu votre conte sans doute, chers Dracula qui vampirisez des yeux le sang de mes maux. Ne le conservez pas en banque ; il s’y endormirait ou s’y étiolerait comme un laissé-pour-compte : la fable est un conte qui se partage de toi à moi, de lui à nous, de pas d’âge jusqu’à plus d’âge, d’ici à là et d’ailleurs à plus loin. Alors diffusez sans compter pour qu’en fin de conte, la fable demeure un horizon qui illumine notre esprit et réjouisse notre cœur. Une science du plaisir. Un plaisir de sciences. Ainsi, ni pédante ni cuistre, dans la simple crudité de ses vers, sans verbe creux ni mots gonflants, tout Guillaume, toute Margot y trouvera son conte, y compris l’apothicaire ou l’épicier. À ce conte-là, conte-cheikh ou conte des pots, et seulement à ce conte-là, il est bon le conte comme on disait jadis et naguère sur nos petits écrans !
     Voilà, sans nul escompte, il n’y a plus qu’à vous rendre conte - joint ou juillet… voire plus si affinités - dans les pages qui se multiplient, à bon compte, sur ce site où l’on peut être à son conte comme user du conte d’un autre sans rendre compte à quiconque : la fable, libre par nature, libératrice par essence, s’offre à tous comme elle se donne à chacun sans acompte. Prenez-en votre part sans barguigner, la générosité n’est pas si loin du conte, surtout s’il est de cette race que l’on n’a pas à rendre… Et sur ce point - je n’ose écrire « pour le compte » ! - il n’est de conte à demi qu’il ne faille prendre en conte, soyez-vous archonte ou « trop bon trop con »… comme un balai.
     Foin de tout décompte du temps ou des heures, j’espère donc que vous allez trouver, ce mois-ci encore, autant que les précédents et moins que les suivants, votre conte affable dans notre bonne vieille RuedesFables (10 ans passés déjà !), ce piège à contes qui vous doit toujours des contes… et vous les donne, puisant chaque jour un peu plus dans son compte en branques pour vous offrir des nouvelles rimées qui contestent à terre, car elles n’ont rien de célestes - entre nous, point de conte en cieux - quoique beaucoup sont divines comme la comédie humaine qu’elles relatent !

     Alors, fabuleusement vôtre !

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