Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

mercredi 9 janvier 2019

LES DEUX OISEAUX

Petite fable affable

Deux gros oiseaux, ayant le même âge,
Élevés dans une même cage,
Frères de surcroît,
Éduqués et instruits de même,
Connurent, est-ce vraiment problème ?,
Par erreur je crois,
L’envol de la liberté vers les limbes
De l’azur et les nues qui le nimbent
Ou, parfois, le broient.

Mais chacun d’eux, du même apprentissage
N’a pas retenu les mêmes passages
Ni tiré des fruits
Semblables, ce qui étonna merles
Et pinsons qui commentaient leurs perles,
Hélas, à grand bruit…
Même les arbres en bruissaient, ma Chère,
Jusqu’à leur orée et aux jachères
Où vaquaient les truies.

Le premier était piaffe et superbe,
Le second plus sage qu’un proverbe 
Semblait empoté ;
Si l’un faisait ripaille et bombance,
Volant vite en toute confiance
Au haut de futaies,
L’autre gobait peu ou faisait maigre,
Son vol n’était en rien allègre
Ni un fils d’Atê.

La forêt s’interrogeait sur ces frères
Qui différaient tant : l’un téméraire,
L’autre timoré.
Homme ni bête ne trouvant réponse
À la chose, fort vite on renonce
À plus loin forer.
Un vieux chêne prit la parole
Alors, dans les brumes en fumerolles,
Pour subodorer :

«  N’est-ce pas là Loi de la Nature :
Mes branches n’ont pas même droiture
Quoique nées de moi,
Taille identique ou pareille forme,
De la même sève nourries. Norme,
C’est dit sans émoi !,
Qu’on note chez mes cousins et frères
Ici ou ailleurs. Alors pourquoi braire
Ainsi pour des mois ? »

Nos différences font que nous sommes
Des semblables qui ne sont pareils
- Même dans le plus simple appareil -
Notre richesse naît de leur somme…

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