Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

vendredi 13 décembre 2019

DES BOUCS EN CAVALE

Petite fable affable

Dans l’escarpé et lointain pays morave,
Des boucs, animaux grégaires s’il en est,
Partirent ensemble, en maraude, en marave
Pour se conquérir quelque belle à damner
Un saint, leurs chèvres étant - Est-ce à condamner ? -
Querelleuses, avares en caresses et jalouses.
Nos cornus folâtraient par mille périls,
Au risque d’embrasser broussaille ou pelouse,
Pour trouver celles qui seraient, dans leur exil,
Et leur genre et leur type, pas une épouse
Non, mais une aventure ou deux,… ou dix… Ou douze !

La plus vieille de ces barbes savait
Les vertus et les propriétés des plantes
Et des simples des prés mais, las, il bavait
Comme Priape après l’espoir d’une galante
Cherchant la passade quand toute chevrette
Ne veut qu’un beau mâle pour accompagner
Son sommeil fat et que ce héros de Crète
Tourmente par trop - Pourquoi donc le nier ? -
Les songes de ses amies en leurs secrètes
Pensées ; elle fuit donc les amourettes !
On le voit là, la barbiche, hélas, ne fait
Ni le sage ni le savant en ce monde !
Ce disciple d’Hippocrate fut refait
Par une vieille bique à face immonde
Qui le flatta ;quand elle le sut versé
En abcès, bubons, aposthumes et furoncles,
Car elle souffrait de ces maux plus qu’assez.
Avec des larmes grosses comme mon ongle,
Elle l’apitoya donc mais sans fracasser
Ses oreilles car il lui rappelait son oncle
Qui n’avait pas, non, un Q.I. de pétoncle !

Flatté par ses mots, touché par ses malheurs,
Envoûté par les sanglots de sa voix douce,
Séduit par ses beaux yeux de vipère en pleurs,
Pour Galien, il vint donc à la rescousse
De la chevrotante et si bien s’y prit,
Sans qu’il fût besoin de paroles hésitantes
Ni comprendre la chose, qu’il la couvrit
Et, dit-elle, la guérit. Mais l’insistante
Se cabre quand il annonce son départ,
Et larmoie plus qu’une fontaine chantante,
Couine et chouine à s’en rendre haletante.

Ainsi notre bel éberlué resta 
Avec elle mais jamais il n’oubliera
Que si les larmes d’une amante ont leur charme,
Parfois alarmantes, elles sont souvent armes !

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