Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

samedi 16 juin 2012

ENTRE LA PLACE DES VOSGES & LA RUE DES PYRÉNÉES

Ici vit tout un populaire
Populeux de sous-prolétaires
En sari qui tait sa colère
Quand partout, tout n’est que clameurs ;
Les maigres salaires, les galères
Il s’en défend, quitte à déplaire,
Et ne sent jamais défait, jamais à terre
La rue se meurt sans sa rumeur.

Là, c’est la canaille en maraude,
Les bandes de vauriens qui rôdent,
S’encanaillent de chipe en fraude
Sur un pavé de souvenirs
Où, pépère, se baguenaude
Leur turf’, en gouaille finaude,
À l’heure où la journée s’érode,
Où le fleuve vient à brunir.
Ici, le bruit, les cris du monde
Valent moins qu’onde vagabonde,
Tout une faconde inféconde.
Pour l’authentique Parigot,
Casquette et face rubiconde,
Rien ne vaut un blanc, une blonde
Et quelques bistrots à la ronde
Tant qu’on peut téter son mégot.

Ailleurs un clochard, un transfuge,
S’arrime à son banc , son refuge.
Mais il va y avoir du grabuge 
Avant que ne vienne demain :
Un pochard qu’un apache gruge,
Épave à la dérive, juge
Sien le lieu et, pis, se l’adjuge…
Ah, l’écume du genre humain !

Non loin, sous un vieux réverbère,
Sombre et froid comme un cerbère,
Loin des Chambres où l’on délibère
Un trottin, catin décatie,
Attend un vieux rapin ibère,
Un rupin, un prince berbère,…
Qui soulagera ses lombaires
Ou la sortira des orties…
Déjà, se dessine la Seine
 Et ses ponts dont les bonds, à peine,
Font oublier qu’elle est la scène
Obscène, le temps d’un instant
De la fin de plus d’un proxène
Qui, un soir, croisa un Arsène,
Ou bien Jugea sa vie malsaine,
Perdue, l’espace d’un printemps…

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