Aux heures douces où l’on fleurette
Au son d’éphémères toujours
Sur le damier des amourettes,
J’ai voulu jouer ma partie
Sur l’échiquier du Grand Amour,
Le seul, le vrai, oui, le premier,
Celui qui vous anéantit
Après vous avoir anémié.
La solitude de l’étude
N’aidait pas ma timidité,
Mal intime fait d’hébétude.
Mais le vent bavard, persifleur,
Me soufflait des idées ouatées,
Me poussait, oui, à m’émouvoir
Et mon ignorance des fleurs
Avait la saveur du savoir.
Bien avant que je ne comprenne,
Une rose vint me ravir…
Je sus qu’elle serait ma Reine.
Une allusion fit illusion.
Je m’asservis pour la servir :
« Être heureux, si vous le voulez,
- Avouais-je sans réflexion -
Finir malheureux, s’il vous plaît ! »
Mais, d’un rire, elle me récuse.
Trop cavalier ? Trop fou ? Ne sais.
« C’est pas ton tour ! »… La belle excuse !
L’Amour est donc un jeu d’échecs :
Le petit pion, si effacé,
Qui se voulait Roi a vécu !
La Belle avait au cœur un cheikh
Avec un cul cousu d’écus.
Impertinente comme un page,
Choyée comme un chien de boucher,
Elle morgua mon dérapage…
Je bois mon chagrin sans détour,
Jusqu’à la lie, sans recracher,
Quoique, non sans appréhension,
J’espère trouver à « mon tour »
D’autres objets d’inclination.
Ah, vindicte que le vin dicte,
J’écris ces mots au désespoir,
Dans une solitude stricte,
Preuve d’épreuves inconsolées.
Pis, mon encre offre au découpoir
La couleur veine et datura
Des vaines douleurs ravalées
Que rien, non, ne consolera.
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