Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

mardi 29 janvier 2013

LA MERLETTE ACCABLÉE

Petite fable affable

Rosée à l’orée du cil, la merlette
Chante cet amour, qu’à fleur de forêt,
Elle perdit, las, partie faire emplette
De quoi parer son nid, le décorer.
Une buse entend ses pleurs, voit ses larmes
Et se propose de la consoler.
L’autre hésite : « Sois l’Amie, sans alarme.
Il ne faut pas craindre ni t’affoler :
On me dit rapace et on me croit sotte
Mais je ne suis pas, loin s’en faut, sans cœur.
Au contraire. C’est sans doute être idiote,
Que de vouloir adoucir les malheurs
De ses sœurs surtout quand elles sont mères
Comme moi. Maudits soient les préjugés ! »

Alors la merlette, aux  peurs éphémères,
Se lia avec qui veut la gruger.
La buse, en effet, se tarda guère,
Une fois amie invitée au nid,
Vus les petits, d’agir comme naguère
Les pilleurs goths venus d’Alémanie.
Ce repas fut un banquet mémorable
Qui ne lui avait coûté que du temps
Et un peu de compassion, ce louable
Sentiment… parfois utile, pourtant :
« L’oiseleur caut se sert du doux ramage
Des oisillons, et contrefait leur chant :
Aussi, pour mieux décevoir, le méchant
Des gens de bien imite le langage* »

* Quatrain XL de Guy Faur de Pibrac (1529-1584)

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