Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

vendredi 25 janvier 2013

LE BEAU PETIT CANARD

Petite fable affable d’après Hans Christian Andersen… revu par Gotlib

Dans ce petit coin de Galicie
Que la campagne était belle
Et les bêtes paisibles aussi,
Tout prospérait, par Cybèle,
Les moissons tout comme les couvées ;
Près, silos et caves le prouvaient.

Près de la mare, une cane espère
L’éclosion de tous ses œufs,
Mais le plus gros, quel pépère,
Fait attendre ses trois reufs
Déjà venus, fratrie fort flatteuse :
De beaux petits selon la pondeuse !

Avec patience, elle attend,
Que le petit dernier vienne au monde.
Il le fit, prenant son temps.
Quoique aussi beau que ses frères, Ronde
Cane le trouvait bien plus joli
De tous ses autres fils réunis.

Pourtant on jase à la ferme :
Il est gros, ébouriffé, pataud,
« Laid » pour employer le terme…
Les locataires du lieu, bientôt,
Le soupçonnent fort de n’être point
D’son père ni d’sa mère, de loin !

Remué ou rabroué,
Moqué de tous, même de ses frères,
Ce caneton-là, doué
Pour nager plus qu’aucun téméraire
Du coin, devient le fils préféré
De sa p’tite maman adorée.

Dans ce petit coin si calme,
Ça cancane, mais sa mère, furie,
Le défend bec et palme,
Même contre son mari.
Et le petit grossit, en taille
Il dépassa ses parents sans faille.

Seul, mais couvé du regard
Par sa maternelle génitrice,
Il n’était pour tous qu’égards,
Et politesse sans avarice,
Gentillesse, aide et perfection,…
Dans chaque parole et chaque action.

On goûtait sa déférence…
Et puis, on l’aima pour lui.
Ce malgré ses différences,
Même parmi les siens. Oui.
N’ayant dans sa mise rien d’exquis,
Sa beauté intérieure conquit.

Il devint la référence,
Des parents de jeunes miss
Chez qui la vaine insolence
Remplaçait l’innocence, de fils
Ingrats devenus plus grands qu’eux-mêmes.
On en fit un modèle par flemme.

Or il devint un vilain
Grand cygne, fort laid, puant et torse
Qui, tel l’enfant du Malin,
Se revancha de tout par la force,
Et sur tous sans pitié ni remords,
Mettant sa mère à mal, puis à mort.

N’en déplaise à certains livres,
Un vilain petit canard devient
Rarement, on peut m’en suivre,
Un beau cygne bien peinard.
Mais combien d’enfants prometteurs, Dame,
Font des adultes méritant blâmes !

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