Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

samedi 9 avril 2016

LE CROCHET & LE PICHET

Petite fable affable

Pigeon à tondre ou mouton à plumer,
 À la belle saison, l’urbain morose
Qui sait, mieux que nous tous, toute chose,
Vient de sa science enfumer
Nos vies qui ne sont déjà pas si roses
Sous l’astre nous toisant de sa hauteur…
Racontons donc ce temps sans plus de glose :

Sur l’éventaire en bois du brocanteur,
S’exposait là, à la pluie et aux vents,
Une crémaillère jadis souvent
Pendue pour des crimes qu’elle n’avait
Pas commis, comme un quelconque navet.
À ses côtés, se trouvait un vil broc,
Venu du temps où on faisait chabrot,
Trop cruche, hélas, pour vous jouer encor’
Les potiches tant est fêlé son corps.

« Mon amie, fait le broc, ce monde est fou
Nous ne valons sans mentir plus sou,
Inutiles au foyer, à la tablée,
Abîmés, dépassés, las,… et d’emblée
On nous propose au chaland à prix d’or
Lequel nous paiera en tout cas, c’est fort,
Plus cher que lorsque nous étions bons
Pour le service de tous leurs barbons !…

- Les temps changent comme aurait dit Strabon.

- C’est que notre inutilité nous fait objets
De désir et non de simples sujets
De leur quotidien, des obligés
Que tout problème condamne au rejet.

- Et attends un peu qu’un olibrius
Nous transforme, matin, enœuvre d’art”
On vaudra moches, cassés et pendards,
Au moins, le prix d’un Stradivarius ! 

- Il en est ainsi depuis Spartacus :
L’homme accorde plus de prix au futile
Qu’à tout ce qui lui est le plus utile ! »

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