Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

jeudi 17 juin 2021

LA BAIGNEUSE

Petite fable affable

Un marin surprit une belle baigneuse,
Dans l’aurore rosée, à ses ablutions.
Dans sa natureté. Des plus avantageuses.
Taille faite au tour, ventre sans tension,
Poitrine généreuse et minois de rêve
Sous des cheveux d’or, follement dénattés.
À l’instant, il l’aurait aimée sur la grève
Si pareille opportunité lui avait été 
Permise. Étant des hommes qui ne savent
Prendre que ce qu’on leur donne, lui, il s’abstint.

Alors, en pêcheur sachant un bon coin, grave
Et heureux à la fois, ce gabier revint
Voir, à l’aube, en douce, cette Vénus presque 
Sortie des eaux. Et il la trouvait toujours 
À sa toilette, en vraie coquette de fresque,
Laissant, dans la naissance d’un nouveau jour,
Deviner la part de son corps plongé dans l’onde.
Il s’enhardit enfin et donc l’aborda. 
Elle ne s’effaroucha le moins du monde.
À son beau bagou, elle offrit un « Oui da ! »

Sans cérémonie, le caboteur embrasse
Sa beauté, la soulève pour la porter
À terre. La stupeur aussitôt le terrasse…
À mi-corps, sa si belle sublimité
N’était qu’écailles et queue !… Las, il la rejette
Et heurte le peuple des mers, révolté.
« Que voulez-vous que je fasse d’une sujette
Mi thon mi-morue !… fit-il aux insultés.

- Quand on aime comme tu dis “aimer”, Homme,
On aime jusqu’aux “défauts” de l’être aimé !
Réplique Triton appelé à juger le Guillaume.
Si voir n’est pas savoir, quoiqu’on n’en puisse mais,
Voir à demi est savoir moins que mie, Gnome : 
Nos sens nous trompent parfois, le coeur jamais ! »

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