Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

mardi 1 juin 2021

LE CRÉPUSCULE D’UN MONDE

Petite fable affable avec l’aimable
- et involontaire - complicité d’Élisa

C’était un mardi, s’il m’en souvient.
Il faisait alors un temps de chien ;
Un de ceux donc où l’on ne saurait mettre
Un chat dehors. Pourtant fuyant son maître
Ce félin, l’insomnie faisant son nid
Au cœur de sa nuit vaquait. Sans déni
C’était prendre un gros risque à l’heure où d’autres
Habillent leur sommeil de rêves, vautrent
Dans des songes fous les si tristes jours
Qui font le fil du terrestre séjour.

C’est ainsi que Matois, nom du noctambule
Matou, tint un vrai conciliabule
Avec Cocoterine au poulailler
Voisin. Car, quitte à être prou raillée,
Elle refusait de mettre la tête
Sous l’aile  à la nuit tombée : pas bête,
Selon ses propres dires, la pluie lustrait
Son plumage, embellissant ses attraits.
Vu sa couleur, cette piquante poule
Se disait « de Roussie », morguant toute foule.

« Pourquoi ce col hautain et cet œil méchant ?
Fit le chat dans son parler qui est chant.
- Mais parce que je m’aime et, plus, que moi n’aime.

- Rien ne vaut « l’amour des autres ». Il mène
Mes pattes à toi, ce soir, car pour mon bon
Hôte je cherche un présent. 

- Vagabond,
Sache que « l’amour des autres » est fugace
Sensation, « l’amour de soi », s’agace
L’emplumée, un durable sentiment !

- … Qui ne va guère loin, bel excrément
De fumier, qu’au bout de sa vie propre !

- Qu’y a-t-il donc après, dis-moi, Mal-Propre ?

- Mais le souvenir qu’on laisse de soi,
Plus chaud que laine et plus doux que soie ! »

Et il estourbit du croc et des griffes
La beauté égoïste pour l’offrir
À la main qui le nourrit sans coup férir.
Celle-ci la dédaigna mais, sans paraître,
 Le propriétaire du volatile, être
Vindicatif, a tout vu. Et ainsi
Naquit une querelle de gens rassis,
Une de ces guerres de voisinage
Qui, las, se perpétuent à travers les âges
Pour « l’amour des autres » prôné tout haut
Par un chat, bon apôtre un peu chameau…

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