Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

samedi 25 décembre 2021

LE GEYSER DOMESTIQUE

Petite fable affable d’après Le jet d’eau & le ruisseau
de Charles-Étienne Pesselier (1712-1763)

Au parc du château du coin, jouant glissando,
Un modeste ruisseau coulait sans pompe
Ni fracas, dans l’ombre d’un splendide jet d’eau
Éclaboussant tout du suc de sa trompe.

Il s’élevait, tout en bruissant, orgueilleux
De pouvoir presque toucher les nuages,
Comme s’il abreuvait le Dieu des Dieux,
Arrogant comme paon à son jeune âge.

« Rû incongru et saugrenu, n’es-tu donc pas 
Las de ramper ?… Ah, par trop je t’honore
À te laisser côtoyer, toi sans nul appât,
Mes éclats nacrés, mes beautés sonores,… !

- Certes tu t’élèves bien plus haut que moi 
Mais elles vont bien moins loin, tes gerbes !

- Serpentin !… T’es incapable de marcher droit,
Mesquin et jaloux, à traîner dans l’herbe !

- Toi, nombre de sombres canaux t’y ont forcé
Et gaines de tuyaux en enfilade,
Toujours plus petits, insufférables corsets,
Font qu’au-dessus de mon cours tu parades
Et cela ne me crée, crois-moi, aucun émoi :
Je suis moins brillant, certes… mais libre, moi ! »

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire