Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

lundi 18 août 2025

L’APPARITION

Sur un photo de Marc-Yvan Custeau, 14 octobre 2023

Des forges des Enfers, au cœur de notre Terre,
Sort un disque d’acier rougi qui, sans mystère,

Trempera soudain dans ce qui reste de nuit.
Puis le marteau fier d’un levant nouveau, sans bruit
Frappe le pêne du matin qu'il damasquine
De couleurs chaudes en quelque danse arlequine.
C’est l’heure où les dieux ont le génie calme et sûr
D'offrir la sève des rêves et de ces joies brèves
En faisant que, perlé de rosée, il s’élève
Au ciel d’or en vainqueur des ombres et de l’obscur.

Alors, de doux frissons gagnent feuilles et tiges,

Le coq rallume sa crête, ébroue ses rémiges,

Et croit encor’ que son chant est le son du cor

Qui réveille le monde, anime son décor.
Il appelle le jour à faire tourner l’horloge
De ce temps si court où nous faisons notre bauge.
C'est miracle, chaque matin renouvelé,
Cet instant suspendu à la robe des heures
Fugaces qu’on ne voit que passe, comme un leurre,
Cette aurore pourprée à nos moment volée.





dimanche 17 août 2025

BIENVENUE CHEZ NOUS !

Aie une conduite plus civile,
Toi qui nous arrive d’en ville :
Lève le pied et souris. On se lâche…
Ici, tu sais, le temps prend son temps
Et nos rues sont traversées de vaches,
D’enfants et de poules qui, de longtemps,
Sont partout chez elles, pas farouches…

Tout comme abeilles, araignées ou mouches.
Certes, ici, le temps prend tout son temps
Mais il passe et les cloches rappellent
Fréquemment qu’il est compté, comptant,
Même la nuit. Puis le jour, les belles
À clarines, qui parfois s’oublient
Sur la route, te joueront leur musique
Impromptue, toute en mélancolie.
Le silence n'est pas aphasique !

Oui, par chez nous, le temps prend son temps
Même si les coqs matin réveillent
Le soleil qui sommeille, insistants.
Ce n’est pas pire que les casse-oreilles
Des autos-radios. Et les senteurs
De lisier et de fumier parfument,
Parfois, nos nues loin de tes moteurs
Et rejets d'usines qui t'enfument !

samedi 16 août 2025

ROMAN D’AUTOMNE ?

Sur une photo de Marc-Yvan Custeau, 26 octobre 2024

L’aube ouvre le livre du temps
À la page du jour. À l’instant.
Ses premières lignes sont celles 
D’un thriller saignant qui ocelle
Le chêne aux cheveux encor’ verts,
Et, branches perdant leur couvert,
Le hêtre à la ramée de cuivre, 
L'érable à la feuillée de sang.

On sait déjà ce qui va suivre,
Dans cet éther incandescent ;
Il va finir à l’eau de rose.
Un soleil soudain couperose
Des nues où va neiger tout l’or
De cent vers prenant leur essor
Pour arroser de leur lumière
Une rentrée à part entière…





vendredi 15 août 2025

MES AURORES BORÉALES

Sur un tableau d’Elisa S., juin 2024

Souventes fois, la nuit ne me dort
Ou s’ennuie sous des épingles d’or,
Quand, ici-bas, tout et tous sommeillent
Fors notre vieille horloge vermeille,
Ma plume ancre enfin son fil ténu
Dans le flux de flots de feuilles à nu.

En rimes, elle veut dire l’indicible
Ou bien donner à voir l’invisible
En strophes où le tracas s’endort.
Elle tente de sentir l’impalpable
De croire, un instant, à l’incroyable
Distinction du moindre bouton d’or ;
Faire entendre un silence agréable
Entre ombres et ambres, entre dieux et diable,
Pour versifier l’instant qui s’endort.
Elle cherche à toucher l’impossible
Et rendre l’empyrée accessible.

Dans le flux de flots de feuilles à nu.
Ma plume ancre enfin son fil ténu,
Fors notre vieille horloge vermeille,
Quand, ici bas, tout et tous sommeillent 
Ou s’ennuient sous des épingles d’or.
Souventes fois, la nuit ne me dort !



jeudi 14 août 2025

DEMAIN, À LA BRUNE…

Sur une photo de Marc-Yvan Custeau, 20 septembre 2023

Demain, à la brune, à l’heure où s’ombrent les prés,
J’irai parcourir, seul, les voies de la pénombre,
Errer par les champs, divaguer par les forêts,
Forcer le clair-obscur de ces heures si sombres.

J’explorerai les bruits habillant le silence
Que l’on prête à la nuit et à ses profondeurs ;
Oublié des hommes, étranger à leur dolence,
Je me fondrai au noir d’un monde sans laideur.

Et puis je me perdrai jusque’à trouver la route
Qui mène à la grande vie que nous avions connus,
Enfants, toute en secrets auxquels le Temps ajoute
Des souvenirs enfin à nos cœurs revenus…



mercredi 13 août 2025

L’ENFER SUR TERRE…

Gê rissole et court à sa perte ;
Roussie, torréfiée, elle craque.
L’éther sec et cuit, halète, inerte.
Le ciel calciné souffre la traque ;
Les souffles rougis de l’incendie
Rendent aride même l’Arcadie.

Les ciels qui sont cendres et scories
Vont engloutir les vignes et prairies.
Partout, çà et là, crament des flammes.
Ici, ailleurs, on porte le deuil
De foyers, de forêts et on blâme
L’homme qui n’est qu’inconscience, orgueil…

Faut-il donc que tout soit consumé
Et carbonisé, ou soit fournaise,
Pour finir d’ainsi tant s’enfumer ?
Pour éviter de finir en braises ?
Le sol s’embrase, l’air et l’eau ardent
Et nous, même au grilloir, nous, on tarde…

mardi 12 août 2025

NOUVELLES VAGUES

Sur un photo de Marc-Yvan Custeau, 14 août 2023

La plaine offerte à la journée entrouverte
En appelle aux couleurs chaudes d’un matin
Prometteur pour la rendre fertile et verte.

Là, un flux rougi déferle du lointain,
S’ourle du saumon d’une écume diserte,
Dans les jaunets, l’orangé d’embruns sans tain.

Assis au bord de la nuit j’attends, tout chose,
Que s’allume ce ciel, toujours animé,
Dans le parfum renaissant d’un rameau de roses,
L’oeil jà ravi d’un spectacle où s’abimer.

On ne peut que marcher, même fort morose,
 La tête relevée, le cœur ranimé,
Devant cet appel à vivre en apothéose,
Plus flamboyant, dans un monde déprimé.



lundi 11 août 2025

LA COMPLAINTE DE NOTRE MONDE

Sur la complainte de Pablo Neruda (L. Aragon / J. Ferrat)
 
Je vais dire notre monde
Qui se meurt, valeurs enfouies,
Là, dans une fange immonde,
Qu’Ukrainiens et gazaouies
Hélas subissent à souhaits
Mourant on sait trop comment,
Devenus pauvres jouets
De tyrans ou de déments.

Qui peut croire, qui peut croire
Qu’un beau jour se lèvera
Quand ne règne que nuit noire
Qu’aucune aube ne tuera ?

C’est dur de vivre une enfance
S’il n’y a rien au panier,
Sous les bombes en abondance,
Et encor’ moins au grenier.
Comment sauver l’innocence
Quand survivre est un délit
Qu’est crime l’indépendance,
Et là-bas tout comme ici ?

Qui peut croire, qui peut croire
Qu’un printemps nous reviendra
Quand le froid des ombres noires
De l’hiver étend ses bras ?

Par la peur, par la famine,
On soumet ou on détruit
Et, bien mieux, on extermine
Sans que ça fasse grand bruit.
La folie prend en otage
L’humanité qui est en nous
Car, de ravages en carnages,
On s’habituerait à tout…

Qui peut croire, qui peut croire
Qu’un beau jour se lèvera
Quand ne règne que nuit noire
Qu’aucune aube ne tuera ?

Les forts en gueule dominent ;
Les faibles subissent, hélas,
Et puis on met tout, Vermines,
Sur le dos brisé d’Atlas.
Pire si, suicidaire,
De l’une de ces douleurs,
On se disait « solidaire »,
Plus que d’une autre, Malheur !

Qui peut croire, qui peut croire
Qu’un printemps nous reviendra
Quand le froid des ombres noires
De l’hiver étend ses bras ?

Avec tes amas de ruines,
Mon monde t’es mal barré ;
Et les larmes qui tant bruinent
Ne sauront rien réparer…
Pauvre monde qui s’effondre,
Qu’au passage on asphyxie,
Tu dois souvent te morfonde
Qu’on soit dans ta galaxie !

Qui peut croire, qui peut croire
Qu’un beau jour se lèvera
Quand ne règne que nuit noire
Qu’aucune aube ne tuera ?

Qui peut croire, qui peut croire
Qu’un printemps nous reviendra
Quand le froid des ombres noires
De l’hiver étend ses bras ?

dimanche 10 août 2025

FIN D’ÉTÉ AU QUÉBEC

D’après une photo de Marc-Yvan Custeau, 28 août 2023

Un voile de brume se faufile au dédale
Des bosquets, se perd au labyrinthe du bois.
Il cherche son chemin, vaque et erre, aux abois
Sous le vaporeux du plus matinaux des châles.

S’est-il égaré à suivre le vent, hautbois
De cette aube allumant le ciel fardé qui boit
Les lueurs naissantes comme douceurs pluviales ?

L’air n’est jamais glacial aux méandres fluviales
De cette écharpe-là qui s’étire à cœur joie,
Pour courir la plaine, soudain devenue proie,
Taillant sa route en fugaces voies vicinales.

Là, un peu de ce drap, fantôme d’autrefois
S’accroche aux buissons gris, lambeaux sans foi si loi,
Que le jour efface comme buée le doigt…



samedi 9 août 2025

ÉPIPHANIE DE MES INSOMNIES

Inspiré de Paul Éluard (1895-1952)

Entre ma mort prochaine et moi,
Ce qui fait, ōc, tout mon émoi,
S’étendent la jungle de l’injustice,
 Le marais homicide des malheurs,
ōLes sables mouvants des grandes douleurs,…
Ainsi de solstice en solstice,
Ma vie oscille : désespoir

Ou encore ultime raison de vivre ?
Ne reste que colère au soir
Dont même la nuit, mie, ne me délivre.

Entre ma mort prochaine et moi
Et ce, hélas, de mois en mois,
S’étoffent le maquis de l’inadmissible,
L’inanité de l’inhumanité,
La foule des innocents pris pour cibles,…
Non sans ambiguïté
Vont mes jours qui se désespèrent
D’un monde assourdi qui, lui, toujours va
Sans valeur et, pis, sans repères
De mouroirs voulus en tas de gravats.

Entre ma mort prochaine et moi,
Coeur et âme perdent leur moye
Tant les Lumières, ici, ailleurs, s’éteignent
Et la Raison se fond aux limbes, perdue
Dans le mépris et l’injure des teignes,
D’égoïstes à la langue bien pendue,…
L’espoir m’est une absurde absinthe.

On tue l’Amour, dès lors sans passion,
Et la Liberté, jà contrainte :
La Création se meurt d’oppression.

vendredi 8 août 2025

AU DÉTOUR DU BOIS

Sur une photo de Marc-Yvan Custeau, 16 novembre 2024

Au détour du bois qui dort au noir

Nous attendent quelques couleurs d’espoir
Qui passent aux ciels nés d’aube et d’aurore,
Qui restent aux lointains venant d’éclore.

Au détour du bois qui dort au noir,
Alors que s’allument champs et promenoirs,
Je goûte aux beautés qu’offrent la Nature
En passant du matin, allant par pâtures
Et labours loin de l’urbain laminoir
Qui passe, hélas, nos sens à l’égrenoir ;

Au détour du bois qui dort au noir
Sont des pastels trop vite à l’éteignoir,
Qui passent aux ciels qui, matin, s’édulcorent
Mais restent aux lointains que lueurs picorent.



jeudi 7 août 2025

LA VIE N’A PAS D’ÂGE

Sur un vers de J. Prévert

« La vie n’a pas d’âge » disait Prévert
Surtout, ma foi, si on la vêt de vers
Et cela même si, sans cesse, on chante
Les printemps d’antan, hier et ses hivers,
Les étés passés en rimes touchantes
Ou bien les automnes habillés de vair.

« La vie n’a pas d’âge » si, sans travers,
La tonnelle étoilée, à ciel ouvert,
Pleut de cette poudre d’or qui enchante
Jusqu’au plus obscur des sombres couverts
La mer, en robe d’écume, méchante, 
Ou heurte plage ou grève. Avers. Revers.

« La vie n’a pas d’âge » disait Prévert
Malgré le temps, ce prédateur pervers,
Qui rapace nos vies, l’ennui qui hante
Nos jours et nos nuits dans cet univers
Quotidien, plein d’heures trébuchantes
Qui ne veulent jamais nous mettre au vert.

mercredi 6 août 2025

AU SOIR

Sur une photo de Marc-Yvan Custeau, 6 novembre 2024

Vêpres sonnent au loin. Le jour las fuit les bis.
La lumière meurt au coeur des volubilis.

Abandonné, notre lac à l’âme câline
Sous la caresse d’une brise pateline.

Mais sous des nues aux tons flamants, aux teintes ibis,
S’endort l’oxalis et rougit le physalis.

Les eaux opalines, qui semblent comme orphelines,
Se souviennent qu’elles ont été cristallines.

Le couvert, sombre, exhale des parfums de lys.
L’onde assombrie berce les roseaux, les iris,…

Sous la caresse d’une brise pateline,
Abandonné, notre lac à l’âme câline.

La lumière meurt au coeur des volubilis.
Vêpres sonnent au loin. Le jour las fuit les bis.



mardi 5 août 2025

HEUREUX… OU PRESQUE

C’est l’azur du ciel que je vois
Et que, seul, je porte au pavois
Depuis le clair de ce sous-bois

Simple et tranquille.
Nul nuage n’est aux abois,
Ni quelque idylle
Bien plus fragile
Que de l’argile.

Le vent qui souffle en son hautbois
Prend certes une céleste voie.
Elle aime à entendre sa voix,
Envoi futile
De souffles chauds et grivois
Rendant fébriles
Âmes dociles
Et cœurs fragiles.

Sous l’azur du ciel que je vois
Où nuées n’arrivent en convois,
Ces mots je vous envoie,
Bien malhabile
Mais auxquels ces nues pourvoient,
Ciel immobile
Où maux jubilent
Et, las, reptilent…

lundi 4 août 2025

AH, LA BELLE BEAUCE !

Sur une photo de Marc-Yvan Custeau, 23 mars 2025

Doucement vallonée, en Beauce,
S’étend la plaine, en plis et bosses,
Entre bosquets et baliveaux,
Que la main des Hauts Cieux caresse.
Là, des souffles que rien ne presse,
Renaissance au vert renouveau 
Des saisons, tendrement paressent
Et sommeillent par combes et vaux.

Susurrant, car sereins assez,
Ils chantonnent la tendre ivresse
Venue, apaisante à souhaits.
Et ces ciels soyeux, allégresse
D’un printemps qui à nous s’adresse,
Appellent dehors velles et veaux,
Aux sols satinés, jamais causses,
Doucement vallonées, en Beauce.


dimanche 3 août 2025

MON VILLAGE

Cycle toulousain

Moi, je suis né là-bas, à l’ombre des platanes,
En un vieux village où l’été s’enchantait
De ciels d’azur pur ou de claires futaies,
Des grillons dans l’herbe que le soleil safrane.
Canal et Garonne lui donnaient un rythme lent.

Le froment et le foin y poussaient sans ambages ;
Et patanes, vignes et maïs bien plus qu’herbages
Lui offraient lors paisible aisance, allant, élan,…

C’est dans ce pays que me ramènent mes rêves,
À ses aurores ocres et à ses couchants d’ambroisie,
À ses tuiles rouges et à sa brique rosie,…
C’est là que gît mon coeur vivant sans trêve.

Las, froment et foin ont quitté ses parages ;
Et galets gris y pleurent des champs sans âge
Qui ne sont que relents branlants et filants…

samedi 2 août 2025

FLOTS QUI NE FLUENT

Sur une photo de Marc-Yvan Custeau (10 mai 2023)

La rivière, ici, se prélasse.
De courir et couler elle est lasse,
Et puis, c’est dimanche après tout
Et grasse matinée partout.
Pourquoi au creux de cette plaine
Prendrait-elle, en plus pour rien, peine ?
Tant pis pour le Grand Manitou…

La nuit lui est comme un atout,
Clapote une écumeuse laine 
Aux rives inconnues de Sélène ;
Le jour, comme un bon gros matou
Avance du pas lent des sioux,
Parmi des ombres gourdes et grasses.
La rivière, ici, se prélasse.



vendredi 1 août 2025

SANS BALANCIER

Le ciel bas, sans cesse, pleure des ans 
Sur le fil tendu mais ténu du temps.

Chaque heure, à son tour, joue les funambules,
Avançant toujours, coincée dans sa bulle,
Sans se retourner, sans faire de foin.

Les pas qu’elles font, peu à peu, s’effacent
En ne laissant, hélas, guère de trace…

Si le bout de leur chemin semble loin,
Chacun, sûr ou hésitant, nous rapproche
Du bout de la corde, de proche en proche…

Sur le fil tendu et ténu du temps,
Le ciel las pleut, en continu, des ans.

jeudi 31 juillet 2025

PARIS N’EST QUE PARI

Ivre d’envies et à jeun de vie,
Paris est de rêves inassouvie
Mais aujourd’hui qu’est donc cette ville
Où, toute heure, on veut mettre au pas
Et nos hiers aimés au trépas ?
Hélas, j’ai la mémoire incivile…

Jamais lassé d’un passé lissé,
Ce monde déchiré au temps froissé
Habille la Cité de pluies nocives,
La chapeaute d’un mortel brouillard ;
Un châle de brumes acides, sans art,
Vêt les épaules de cette agressive.

Où sont crieurs de journaux, pipelets,
Chanteurs de ces rues qui complaintes beuglaient ?
Touristes et bobo’ ont chassé les foules
Qui faisaient la ville tant bien que mal…
On y préfère domestique animal
À mémé, vieux coqs et jeunes poules.

Qui voit ses clous et bat son pavé ?
La ville-lumière est délavée !
Mêmes les pianos ne font plus de gammes
Qui tombent, avec des ris, des croisées ;
Allées ou parcs sont cyanosés…
Seuls les rats jouent encore, Madame !

Les fontaines Wallace sont taries,
Les colonnes Morris sans armoiries,…
La gouaille est aux pigeons non aux Belles,
Aux apaches, gavroches et titis
Ou aux poulbots faussement gentils.
Nous restent quelques libelles… et poubelles.

Caillebotte serait atterré ;
Finis Offenbach, Doisneau, Ferré,
Prévert, Jeanson, Feydeau ou Lemarque
Chantant le cœur battant du pays ?
Lépine, Hausmann,… vous êtes trahis :
Paris n’est qu’un mirage, une « marque »,…

mercredi 30 juillet 2025

LES DÉBUTANTES

Ce soir l’essaim des Belles s’agite
Frou-frous qui frissonnent et blancs colliers
Une tenue de bal se cogite
Ce soir l’essaim des Belles s’agite

Opale onyx satin des souliers
Dans les détails Dame beauté gîte
Comme dans le choix d’un cavalier
Opale onyx satin des souliers

Oui esprits s’échauffent et coeurs palpitent
Ne pas faillir ni être humiliée
Pour dans le grand monde être introduite
Oui esprits s’échauffent et coeurs palpitent

Ce soir l’essaim des Belles s’agite
Opale onyx satin des souliers
Oui esprits s’échauffent et coeurs palpitent
Un époux est parmi ces pépites

mardi 29 juillet 2025

AUBE À LA DÉROBÉE

Râ nous ressuscite des heures qu’on sait closes ;
La fête est finie de ce côté-ci des choses…
Le ciel a revêtu les coloris de la vie
Quoiqu’à sécheresse et canicule promis.

 C’est un matin brumeux, doux et tout en nuances
Evoquant cet Eden perdu de nos croyances :
Un goût d’infini, de fuite, au cœur, il éveille ;
L’envie d’horizons neufs à l’âme il réveille.

Loin des grand’routes du temps, circuits imposés,
Le corps enveloppé de lumières rosées,
Ces matins bohème toujours me portent au rêve,
Dans un silence dont je savoure la sève.

Le vent me drape et me porte vers ce qui luit,
Loin de ma vie pleine de bruits, emplies de pluie,
Dans un monde échappé à la nuit top profonde,
Au creux du jour naissant, apaisant comme l’onde…

lundi 28 juillet 2025

RÊVE !

Dans ton monde de ponts d’acier et de fer,
La nuit est passerelle effilée sur la mer
De ces songes séparant ce jourd’hui d’un autre,
Puit à souhaits où ta vie, sans fin, hélas, se vautre.

Je te plains de poser sur ton bel oreiller
La tête pour rêver dans l’espoir, effrayé,
Qu’ennuis et chimères au plus tôt, ce soir, l’endorme
Et qu'un sommeil, traître, n'efface, c’est la norme,
Le meilleur de ce que l’esprit vit et puis créé
Jusqu’au petit matin aux blancheurs si nacrées.
Pourquoi lors évasion, délires et mirages
Quand on perd jà jusqu’à l’illusion du voyage ?
En quoi profites-tu du moment, des instants
Qu’ainsi tu as volé à la course du temps ?

Vois-tu, je suis de ceux qui dorment mal et vite
Pour mieux rêver au jour, éveillé, sans invite,
Par les voies où l’on m’envoie, dans les voix des bois,
Le meilleur de ce que l’esprit voit et puis croit,
Les yeux dans les cieux, la tête dans les nuages,
Sans ignorer toute la fiction du voyage.
Ainsi, je fuis, tout seul, la folie de mon temps
Et je jouis du présent au parcours haletant,
En contemplatif qui profite de chaque heure
Pour s’y faire de forts éphémères demeures.

Dans ton monde de murs qu’on ne veut plus ouverts,
Le jour m’est un quai sur eaux turquoise et flots verts,
Des songes séparant ici et ailleurs, caprice
De qui se se refuse au fallace et au factice…

dimanche 27 juillet 2025

CHANT CONTRE-CHAMP

La joie est là
Au jour jà las.
Elle résonne
Par voies et rues,
Presqu’incongrue
Quand on raisonne.

L‘été est lourd,
Le soir est four.
Le bal revient
Des jours anciens.
Dessous la treille
Toquents bouteilles.
Mais aux corps gourds
L’esprit est sourd
À qui conseille.
Donc on accourt
De toute cour
Qui s’ensommeille…

La joie nous va ;
Valse et java.
Chacun, chacune
Venus en chœur
Vider liqueurs
Que rires ilunent.

Amours toujours

Ou sans retour,
Au bal venu
Sont bienvenus.
Dessous la treille
On fait la cour
Ou le cabour :
On fait merveille,
Sans couper court
Aux beaux discours
Des joues vermeilles.

La joie s’en va…
Valse et java
Montent à la lune,
Jouent dans les cœurs
Foin des rancœurs,
Fi des rancunes.

samedi 26 juillet 2025

LES IMMÉMORIAUX

Sur une photo - et un titre - de Marc-Yvan Custeau, 5 juillet 2025

Eux, ils ont vu tant et tant d’aurores
Et de crépuscules tout autant
Qu’on ne sauraient les compter encore…
Témoins des temps d’il y a longtemps,
Ils se souviennent d’avoir été forêt,
Puis bois ; et bosquet, hélas, ensuite.
Enfin les voilà bornant une haie,
Redoutant ce qui vient à la suite.

Je les sais qui pleurent sous la pluie
Parfois ces temps à jamais enfuis…

Tout deux, ils ont vu tant et tant d’aubes
Et de nos douces brunantes autant…
Il est vrai qu’heures et saisons ils gobent
Mais se rappellent encore des ces ans
Où vinrent chevaux, charriots charrues 
Pour rendre leur plaine enfin prospère ;
Les frères abattus de ces rebuts
Dorment sous ces terroirs de rangs pépères.

Moi, je sens qu’en leurs feuilles on médit
De ce jadis à jamais maudit…

Alors que vient leur bel et grand âge,
Eux qui ont vu tant de points du jour, 
De lointains et d’espoirs de voyage,
D’hier ne veulent causer toujours.
Chagrins, leur espace est fort mité
Pour qu’à loisir, s’étalent et s’étirent
Les banlieues toute en fatuité
De villes qui feront leur martyre…

Je sais qu’au vent ils parlent, sans ris,
De naguère et d’un avenir pourri…



vendredi 25 juillet 2025

AU CLAIR DE MA PLUME…

Au clair de ma plume
J’ai posé des mots
Lourds comme une enclume
Ou légers plumeaux
Le Muses à ma porte
M'ont offert leur feu
À ces saisons mortes
Où l’on se sent vieux 

Au clair de ma plume
Ainsi je pondis
Las quelques volumes
Dont un que tu lis
Parce qu’il voisine
Avec du Bellay
Parce qu’y cousinent
Sonnets odes et lais

Au clair de ma plume
Les mots me sont jeu
Et sans amertume
Sons et sens enjeux
Priant qu’il en sorte
Que bien tu voudras
Qu’ils te fassent escorte
Quand la nuit viendra

jeudi 24 juillet 2025

LA FEUILLÉE

La feuillée n’est jamais sage.
Il murmure le feuillage
Et chante grâce à l’oiseau,
Plus fragile qu’un roseau.

La feuillée n’est jamais sage
Car elle danse au passage
Même de ces vents légers
Venant les nues alléger.

La feuillée n’est jamais sage.
Sa trame nous fait message
Qu’il faut vivre gracioso
Une vie toute en réseaux.

mercredi 23 juillet 2025

AMOURS TOUJOURS ?

Sur une expression de Marielle

Les parcs sont abandonnés aux violences,
Des No Future courent aux murs des rues
Et Sex in the City trône aux avenues…
Point d’autres fins d’innocence et d'indolence.
De bises repetita

Alors que l’hiver déjà habite la ville 
Mais que l’automne habille toute ma vie,
Je songe aux vertes saisons avec envie
Et aux amants dont je faisais vaudevilles
Et bises repetita

Avec leur tendresse esquissant des caresses,
Que sont donc les tourtereaux devenus,
S’offrant aux folles amours tout en retenue,
Avec une exquise et touchante maladresse,
En bises repetita ?!

Pas d’explorateurs de la Carte du Tendre…,
Plus d’amoureux aux doux bisous ingénus,
Aux bécots fêtant l’heureuse bienvenue
De ce bon temps où on accepte de s’apprendre
Par bises repetita

Aucun épris dont, sans fin, les câlins paressent
Ni d’affolés du feu de l’amante foi
Ou d’enjôlés par la joie du jeu, parfois,
D’aimés tremblants que la flamme disparaisse
Aux bises repetita

Béguins, et toqués ne soupirent plus guère.
Les galants et les langoureux vivent en romans ;
Fervents, mordus ou pincés, lors assommants,
Sont transis de froid non pas d’amours vulgaires
Ou bises repetita

Le prétendant n’effleure plus qu’un cellulaire
Et les sensibles n’embrassent qu’un destin ;
Les sentimentaux s’accolent contre salaire
Et le transporté n’étreint qu’ego sans tain
En bises repetita