Sur la complainte de Pablo Neruda (L. Aragon / J. Ferrat)
Je vais dire notre monde
Qui se meurt, valeurs enfouies,
Là, dans une fange immonde,
Qu’Ukrainiens et gazaouies
Hélas subissent à souhaits
Mourant on sait trop comment,
Devenus pauvres jouets
De tyrans ou de déments.
Qui peut croire, qui peut croire
Qu’un beau jour se lèvera
Quand ne règne que nuit noire
Qu’aucune aube ne tuera ?
C’est dur de vivre une enfance
S’il n’y a rien au panier,
Sous les bombes en abondance,
Et encor’ moins au grenier.
Comment sauver l’innocence
Quand survivre est un délit
Qu’est crime l’indépendance,
Et là-bas tout comme ici ?
Qui peut croire, qui peut croire
Qu’un printemps nous reviendra
Quand le froid des ombres noires
De l’hiver étend ses bras ?
Par la peur, par la famine,
On soumet ou on détruit
Et, bien mieux, on extermine
Sans que ça fasse grand bruit.
La folie prend en otage
L’humanité qui est en nous
Car, de ravages en carnages,
On s’habituerait à tout…
Qui peut croire, qui peut croire
Qu’un beau jour se lèvera
Quand ne règne que nuit noire
Qu’aucune aube ne tuera ?
Les forts en gueule dominent ;
Les faibles subissent, hélas,
Et puis on met tout, Vermines,
Sur le dos brisé d’Atlas.
Pire si, suicidaire,
De l’une de ces douleurs,
On se disait « solidaire »,
Plus que d’une autre, Malheur !
Qui peut croire, qui peut croire
Qu’un printemps nous reviendra
Quand le froid des ombres noires
De l’hiver étend ses bras ?
Avec tes amas de ruines,
Mon monde t’es mal barré ;
Et les larmes qui tant bruinent
Ne sauront rien réparer…
Pauvre monde qui s’effondre,
Qu’au passage on asphyxie,
Tu dois souvent te morfonde
Qu’on soit dans ta galaxie !
Qui peut croire, qui peut croire
Qu’un beau jour se lèvera
Quand ne règne que nuit noire
Qu’aucune aube ne tuera ?
Qui peut croire, qui peut croire
Qu’un printemps nous reviendra
Quand le froid des ombres noires
De l’hiver étend ses bras ?
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