Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

mardi 23 avril 2019

LE REDRESSEUR DE TORTS

Petite fable affable

Un brin cavalier, un gros marteau voulut
Clouer le bec, un matin, à quelques semences,
Non sans une pointe d’amertume, je pense.
Jà plantées à demi sur une planche, élues
Elle devaient l’être plus sans trop de dépense
Car il vaut mieux river son clou, et profond, 
À ces têtes d’hommes un peu basses de plafond.

Sans déplaisir ni se mettre martel en tête,
Le percuteur commence son œuvre. En esthète
Car, loin d’être un manche, un seul coup suffisait 
À bien faire avec celui-là. Sur la dizaine
De victimes qui jouaient au mât de misaine
Une seule en réchappa et, haut, s’en grisait…

Les enfoncés, maigres comme les clous ou pointes
Qu’ils étaient tous, pleuraient comme d’aucuns jasaient
Sur leur sort : « Peu me chaut de devoir m’écraser,
Fit l’un, mais pourquoi a-t-il oublié notre adjointe ?

- Parce qu’il est bon à mettre au clou, l’abrasé !

- Ou qu’il est complètement marteau, cette enflure !

- Bien le rebours ! C’est voulu, la chose est sûre :
« L’oublié » ne vaut pas un clou car il est tors,
De ceux qui ne valent pas un clou, Par Thor !
Et si vous voulez être fixés, sachez qu’en ce monde,
On tape toujours sur celui qui est droit ;
Les tordus en général on les laisse, crois
Moi, bien tranquilles. Inutile de faire fronde ! »

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