Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

vendredi 17 novembre 2023

ADRESSE vs PARESSE

Petite fable affable

« Que ne suis-je, ma mère, un hors-la-loi
Au règne de ce code de la Jungle
Et quel, ma foi, est l’aloi de sa loi ? »
Se disait en se rongeant  les ongles
Un paresseux, bête de sommes du lieu,
En voyant venir à lui, insidieux,
L’anaconda gourmand. « La fin s’approche !
Pensa-t-il. Adieu la vie et les proches. »

Notre serpent sait l’affaire déjà
En l’estomac vu la lenteur du presque
Singe : il est si vif, ce griffu goujat,
Que lichen lui pousse aux poils. Pittoresque !

Cela manque de surprise et de sel,
De fureur et de bruits, coups torses et axels,
Car c’est un roublard que l’aisé rebute.
Oui, il aime à vaincre de haute lutte.

Si sa faim canine, ses repues
Sans fin, las, son cœur et son corps occupent.
Il adore y joindre, à cela rompu,
La rouerie. La chose le préoccupe :
Point besoin de piperie pour manger
Et pas l’ombre d’un risque ou d’un danger.
« C’est trop facile pour m’être agréable
Fait-il, de te mettre ainsi à ma table ! »

Avec les mots et l’âme d’un ami, 
Sa proie qui ne fuit pas lui lance : « Invite
Alors à ton festin celle qui a mis
Sa patte derrière toi. Mais fais vite !

- Le coup de la panthère dans le dos ?!
Pourquoi pas fourmis rouges en commando ?
Quand on veut ruser avec moi, on innove,
Crée, enfume, invente,… pauvre guimauve ! »
Fait-il comme on gourmande un enfant, 
Tout œil sur l’appétissante pelisse
Sans voir que griffe et croc vont, et à blanc,
Le saigner bientôt. Car, subtil délice,
Fauve il y avait. Et mort il y eut
Non sornettes par billevesées mues.

Il en est ainsi des menteurs qui pensent
Que, comme eux, toujours aux dépens d’autrui
Pour se remplir l’escarcelle ou la panse,
Chacun git, dit et vit sans plus de bruit :
Trompeur trompe surtout soi. Sans nuance.

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