Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

jeudi 9 novembre 2023

LA MAUVAISE IDÉE

Petite fable affable

Noir et sec comme quelque pendu d’été,
Un Grand Shah régnait. Être impitoyable.
Chacun à ses vœux était donc ployable
Et docile à ses firmans, fort flatté
D’aventure, d’un tout peu lui complaire.
Haïssant impéritie, incurie,
Méprisant l’à-peu-près et l’aporie,
Il exigeait la gestion exemplaire
De toutes ses régions. Sans plus de cri.

Il visita une petite province
Reclamant subsides pour sa survie.
Elle versait l’impôt du sang, peu mince ;
C’était hélas les tailles, les préavis
Et les gabelles du temps pour ce Prince.

Le vieux satrape du lieu, sans passion,
Le reçut comme il seyait - avec faste ! -
Tout en componction, jà en contrition,
Prêt à aller où la mort, iconoclaste,
L’appellerait mais, en vrai, peu pressé
De répondre si tôt à son invite.
Parangon de sagesse, héros du passé,
Il espérait monnayer au plus vite
De beaux partis pour des enfants pressés
Avec cette venue protocolaire.

Il demanda donc à son secrétaire,
Jeune clerc de très haute qualité,
De dire à quel train allait cette terre.
Noir et sec comme quelque pendu d’été,
Il saoula de chiffres, gava de faits
Le monarque occupé, lors, à se taire.

Ses mots ressemblaient aux grains d’un sabḥa
 Qu’un croyant ânonne au pied d’un calvaire,
Avec respect, dos courbé et front bas.

Cela plut à l’empereur si sévère :
Il déchut le gouverneur angoissé,
Promut, par ce mot, le contremaître : 
« De valets, on peut, on doit, se passer 
Quand on agit sous les yeux de son Maître ! »

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