L’Enfer des gens est le Paradis de leurs élites.
Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques
parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…
mardi 25 février 2025
VŒU PIEU
Petite fable affable
En Campanie, sur l’acropole de Cumes
Qui, aux vains vents mauvais, écume de brumes,
Se trouvait l’antre d’une Sibylle usée.
Dans le tuf brun, une galerie creusée
Menait à la chambre où vivait cet oracle,
Prêtresse d’Apollon. Hasard ou miracle,
Elle écrivait ses prophéties sur papier
Que le vent transportait, en bon équipier,
Le long de ce couloir - Ah, le beau spectacle ! -
Jusqu’à l’entrée où chacun les épiait.
Adonis avait offert à cette femme
De réaliser son doux rêve secret
En retour de sa dévotion, corps et âme,
De prêtresse. C’était échange concret.
Elle voulut vivre autant d’années, coquette,
Que de grains de sable, elle, elle pouvait tenir
En sa main. C’était là presque la conquête
De l’éternité qu’elle allait obtenir.
N’ayant pas demandé au dieu l’éternelle
Jeunesse, hélas, notre belle jouvencelle
Vieillit dans son office en voyant passer
Les ans, de douleurs et de maux harassée,
Jusqu’à tomber, un triste jour, en poussière.
Il ne subsista, en la sombre tanière,
Que sa voix d’augure, qu’on disait lassée,
Pour poursuivre son sacerdoce passé.
Ils sont parfois bien plus cruels tous nos dieux
À exaucer plus qu’à ignorer nos vœux.
lundi 24 février 2025
dimanche 23 février 2025
SEREIN
D’après une photo de Marc-Yvan Custeau, 22 janvier 2025
Une vapeur descend, une vapeur monte,
Dans un décor vert au calme reposant.
Ici, je me coupe du monde, sans honte,
M’oublie et ignore l’Autre, si présent.
Une vapeur descend. Une vapeur monte.
Cette écume a quelque chose d’apaisant
Pour se reposer et se ressourcer à bon compte,
Pour reprendre haleine, vivre aux temps plaisants.
Une vapeur descend, une vapeur monte,
Me détachant des folies furieuses promptes
À vous rendre mal allant, toujours causant,…
samedi 22 février 2025
vendredi 21 février 2025
LE COUGAR COUARD
Petite fable affable
Dans une de ces prairies d’AmériqueOù hivers comme étés sont homériques,Où s’ébroue la jeunesse et où se joueLe destin du monde, un fauve acajouFait régner sa loi sans vraiment rien faire :Seulement paraît-il et, là, l’affaireEst entendue. Il est si gros, si puissantQue seul, peut-être, quelque bison paissantPourrait, las, lui tenir tête. Et encore.
Nul ne défie donc ce vil manticore,Alors qu’en fait, un rien le fait sursauterEt qu’il fuit même son ombre au débotté.Risquant de mourir de faim, cette pommeConsomme, en secret, charogne et fruits vertsChampignons trouvés sous quelque couvertCar il agit, en tout, comme fait l'Homme :La bête "veut" lorsqu’elle est sans pouvoirEt, quand elle "peut", reste sans vouloir.
Dans une de ces prairies d’Amérique
Où hivers comme étés sont homériques,
Où s’ébroue la jeunesse et où se joue
Le destin du monde, un fauve acajou
Fait régner sa loi sans vraiment rien faire :
Seulement paraît-il et, là, l’affaire
Est entendue. Il est si gros, si puissant
Que seul, peut-être, quelque bison paissant
Pourrait, las, lui tenir tête. Et encore.
Nul ne défie donc ce vil manticore,
Alors qu’en fait, un rien le fait sursauter
Et qu’il fuit même son ombre au débotté.
Risquant de mourir de faim, cette pomme
Consomme, en secret, charogne et fruits verts
Champignons trouvés sous quelque couvert
Car il agit, en tout, comme fait l'Homme :
La bête "veut" lorsqu’elle est sans pouvoir
Et, quand elle "peut", reste sans vouloir.
jeudi 20 février 2025
mercredi 19 février 2025
UNE VIE D’ENVOLS
Naître avec la rosée, sous le voûtes éternelles
Qui s’ocrent et se rosent à éblouir les prunelles,
Pour, sur l’aile du vent léger, nager au ciel
Parmi les fins parfums de sureau et de miel.
Se griser des fleurs à peine écloses, mauves
Ou lys et, saoul d’azur et de lumière fauve,
Comme un souffle, effleurer corolles, étamines,…
Caresser et frôler des cœurs de carmin, d’hermine,…
À peine se poser. Partir et retourner
Aux nues crues, enivré de volupté. Tourner
Le dos au jour lassé qui, jà, devient morose
Et puis mourir, pâmé, quand fane enfin la rose…
Paon du jour en goguette (Poueyferré, août 2013)
mardi 18 février 2025
lundi 17 février 2025
UNE BONNE TÊTE
Petite fable affable
Dans Carthage que la guerre avait ruinée,
Une bande de singes cherchait fortune.
En fouinant dans les décombres, la puinée
Des guenons trouva, grâce à un rayon de lune,
Une bien belle tête d’homme sculptée.
Elle s’en enticha. L’idée de quitter
Pareille beauté lui déchirait les entrailles.
Mais sœurs et cousines virent son trésor
Et, depuis lors, chez ces femelles, on ferraille
Et se dispute en hurlant toujours plus fort
Pour savoir à qui doit revenir cette tête
Qui, las, ne peut qu’éblouir la moins esthète.
Le singe qui dirige le petit clan
Doit mettre le holà car ça tourne vinaigre :
On se frappe et se déchire à belles dents,
Pour ce caillou cassé comme ferait pègre
D’hommes pour un magot : « Êtes-vous babouins,
Mesdames, pour si peu faire tant de foin ?
- Mais elle si belle : je l’aime ! fait l’une.
- Ah non c’est moi, fait l’autre, je l’ai trouvée !
- Comment rester insensible quand chacune
De nous aspire à la perfection, troublée !
- Certes, elle est des plus belles, je le concède.
Réplique leur chef, mais, là, sous la pinède
J’en sais cent autres de ces mêmes beautés,
Bien vivantes et entières, elles, à qui, las, manquent,
Comme à ce crâne dont vous êtes rassotées,
L’esprit et le jugement, bande de branques !
Vénus et Apollon à vieillir seront prestes :
Comme le temps, beauté passe ; non le reste ! »
dimanche 16 février 2025
samedi 15 février 2025
FÉVRIER
Sur une photo de Marc-Yvan Custeau, 7 février 2025
Au mois blanc, la neige hélas fait vriller
Les bois dénudés d’un froid février,
D’immaculées mitaines les habille,
Si lourdes à leurs ramilles, à leurs brindilles.
Des haillons livides font oublier,
Que l’on n’entend plus sifflets et trilles.
La Nature semble entrée en sa coquille,
Au mois blanc.
vendredi 14 février 2025
jeudi 13 février 2025
QUASI-RONDEAU À LA TOUTE RONDE
D’après une photo de Marc-Yvan Custeau, 10 février 2025
Ce soir, la lune a bu la nuit
À travers ramée ou ramures,
Et éclaire à froid notre ennui
Au milieu de bruits et de murmures.
Ce soir, la lune a bu la nuit
Et brisé du noir l’armure.
Bien au-delà de la minuit,
Dans ses lueurs, elle nous mure.
Tant de lumière mie ne nuit,
À travers ramée ou ramures,
Anime d’ombres les haies de mûres
Où ne dort qui s’y claquemure.
Vivrions-nous en terre inuit ?
Ces heures blanchies nous sont amures
Et éclairent à froid notre ennui ;
Cette clarté lui est saumure.
Elle étreint les belles-de-nuit
Et donne à tout un teint de murrhe,
Rendant précieuse cette nuit,
Au milieu de bruits et de murmures.
À CHACUN SA PLACE
Petite fable affable sur une idée de Ch. Perrault
Un jour, le duc fut battu à mort
Car, comme oiseau, il avait le tort,
Au regard des autres volatiles,
D’avoir un vilain chant et, futile,
D’arborer un plumage fort laid.
Il était une honte, une plaie,…
Pour contrer cette vile engeance
Qui le soucie, point de vengeance.
Non pas. Ce hibou vit la nuit,
Garante de fort moindres ennuis
Et, mieux, sans conteste il y règne
Tant les autres ailés la craignent.
Face au mal et qui y concourt,
Le courroux est vain : prends-les de court !
mercredi 12 février 2025
mardi 11 février 2025
HAÏKU DU DESTIN
J’ai beau essayer de gagner du temps de toutes les façons possibles… je ne rajeunis pas d’une ride !
UN CHOC ?… HOLA !
Rien, ici bas, ne vaut le chocolat.
C’est l’acmé des mets. Une providence.
Qu’on fasse de ce régal tout un plat,
Et même plusieurs, m’est une évidence.
Je succombe à ce délice sans prudence.
Y renoncer tient de l’apostolat.
Tant pis si en naît une dépendance,
Rien, ici bas, ne vaut le chocolat.
Est-il un parfum qui ait plus d’éclat ?
Est-il donc saveur en bouche plus dense ?
Le chocolat fait se damner les prélats :
C’est l’acmé des mets. Une providence.
Rien d’étonnant, soit dit en confidence,
Que l’on s’en délecte sans tralala
Et puis, même si ce n’est pas « tendance »,
Qu’on fasse de ce régal tout un plat.
Quand je suis stressé ou, pis, raplapla,
Chaud ou en morceau, en toute impudence
En croquer une fois pour mon soulas,
Et même plusieurs, m’est une évidence.
lundi 10 février 2025
dimanche 9 février 2025
LES ÉPOUSES MARRIES
Petite fable affable
Un babouin fit d’une guenuche
Sa maîtresse car cette cruche,
S’ennuyant avec son mari,
Crut que dans ces bras-là, meurtrie
Et bafouée comme une bûche,
Elle saurait l’amour. Greluche !
Une pythone d’un boa
S’éprit. Même l’alliance au doigt
Comment peut-on rester de glace
À qui, tant et tant, vous enlace ?
Las, notre amoureux l’étouffa
À trop l’embrasser ce gros fat.
Qui n’est pas toujours à la noce
Avec gus ne valant pas un clou
Doit savoir que, souvent, beau gosse
Cache amant brutal ou jaloux !
samedi 8 février 2025
vendredi 7 février 2025
EN BEAUCE… QUÉBÉCOISE
D’après une photo de Marc-Yvan Custeau, 24 janvier 2025
Quelques vaches tracent leur chemin,
À l’orée de l’automnal matin,
Entre le vert des près en bocages
Et le sombre des bois tout d’ombrages.
Saute d’humeur, le vent a fraichi
Mais tant que la terre n’a blanchie,
La liberté est au menu des bêtes
Qui paissent à leur gré, en tête-à-tête.
La verdure encor’ reste aux sillons
Dans ces aubes d’or, de vermillon,…
Qui, chaque jour, un peu plus, s’éteignent
Alors que les ciels de blancs se teignent.
jeudi 6 février 2025
mercredi 5 février 2025
L’IRE DE L’OURS
Petite fable affable
Un béat convertit une montagne ;
Tous les hommes aussi bien que leurs compagnes.
C’était un ascète à qui répugnait
Le fait de manger. On se résignait
Chez ses disciples à de fort longs carêmes,
Même hors les famines ou disettes extrêmes.
Il prêchait que ce qu’il s’infligeait
Était, du Salut, la voie obligée.
Or ce prosélyte conquit les bêtes,
Êtres qu’ont dit pourtant analphabètes.
Endoctrinées à sa foi de la faim
Jà éthiques, elles s’anémiaient sans fin.
Un jour, l’ours brun, visiblement en rogne,
Vint au prêcheur pour lui f… sur la trogne.
Réfractaire à la neuve religion,
Il faisait pourtant maigre, sa pitance
Se privant, et dans toute la région,
Pour complaire à ce saint de circonstance :
« Il est inadmissible d’imposer
À tous de mourir de faim au prétexte
Que l’on jeûne pour ne pas indisposer
Un Dieu que l’on ne sait que par des textes ! »
mardi 4 février 2025
lundi 3 février 2025
GAÏA MAYA
Sur une toile d’Elisa, décembre 2024
Sous le ciel miel de Yucatán
Le peuple du Soleil attend
Enfant des forêts éternelles
De connaissance intemporelles
La jungle dans sa verte armure
Sous le ciel miel de Yucatán
N’est qu’agitations et murmures
Commerce d’hommes combattants
Un temple témoigne haut distant
Aux rayons du jour miroitant
Sous le ciel miel de Yucatán
D’une culture hélas mortelle
dimanche 2 février 2025
samedi 1 février 2025
LE DINDON
Petite fable affable d’après
Charles Perrault, Le coq et le coq d’Inde
Un grand coq d’Inde entra dans la cour
Faisant une grand’roue qui prit de court
Le coq du lieu. Ce maître es-poulaille,
Courut donc sus à cette volaille
Impudente, offusqué par ce fat.
Ce dernier fuit hors le khalifat
Du courroucé comme si le Diable
Le coursait, poussant cris pitoyables.
Ainsi vainquit le roi de cette cour,
Sans combattre, l’importun un peu gourd
Car entré sans dessein de lui nuire
Mais en rival, las, pour y produire
Sur foule de poules quelque effet :
Il n’est oiseaux plus gobeurs, en fait.
Sachons, d’un rien, ne pas prendre ombrage :
Nombre d’insignifiants personnages,
Surtout larrons singeant les barons,
Ne sont que farauds ou fanfarons…
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